La Maddalena: de l’enfer au paradis

La Maddalena, c’est un archipel d’iles posé au nord-est de la Sardaigne. Un parc naturel, réputé et très fréquenté, pour lequel il faut un permis de naviguer. On est au pays de la mafia… Mais il y a un beau terrain de jeux

Voyons le bon côté des choses: quand on réserve par internet à l’avance, c’est 5% moins cher, et les voiliers ont une remise de 40% . 82€ la semaine, c’est raisonnable. Côté sombre: vu le nombre de bateaux et l’absence de tout contrôle, on garde encore le sentiment de s’être fait racketter. 🇮🇹.

Côté sombre: après 20 miles de navigation plutôt sympa, on choisit de se caler à la côte sud-est de Caprera, vu que le vent de la nuit viendra d’ouest. Problème, on est pas seuls. Deuxième problème, ça part, ça vient, tous au moteur et souvent à fond; troisième problème, sous la falaise, le vent turbule et tourne dans tous les sens: y a besoin de rester vigilant; quatrième problème, faut compter 20 m de fond, donc un minimum de 40m de chaine, et encore, de jour.

On décide donc de bouger et de rejoindre pour la nuit la baie plus à l’ouest, qui est bien plus large et sablonneuse: gage d’un vent plus stable et d’un meilleur ancrage.

Mais pour remonter l’ancre, le guindeau peine et disjoncte à plusieurs reprises. Et quand on finit par apercevoir notre ancre, elle a un petit cadeau: une cousine, abandonnée au fond de l’eau avec 50m de chaine. Forcément c’est lourd.

On vous passe les détails pour soulever cet attelage, décrocher le parasite de notre ancre, puis charger la cousine sur le pont pour couper la vieille chaine et la renvoyer à l’eau (impossible de tout remonter) Tout ça nous a pris une petite heure, en dérivant au milieu des yachts divers et variés, sous les rafales à 30 noeuds. Le bonheur!

Nous rejoignons enfin,la baie convoitée, mais notre nuit fut gâchée par un trio de beaufs (français) qui ont hurlé sur de la musique saoule jusqu’à 3 heures du matin. On fait pas les mêmes fêtes.

Le lendemain, on a pu trouver un mouillage plus proche de terre et aller visiter un peu l’ile en paddle puis à pied. Une journée de repos donc; puis en soirée, nous avons vu arriver près de nous 2 bateaux (italiens), qui manifestement se connaissaient. Après les avoir vu manoeuvrer 5 ou 6 fois pour jeter leur ancre, nous avons décidé qu’il valait mieux bouger de 500m, car on ne les sentait pas trop.

Bref, la Maddamena début août, c’est bondé, repaire de hors-bords et de bourrins. On commençait à regretter nos 82€…

Et puis… comme le vent repassait à l’est, nous sommes passés sur le coeur de l’archipel. Le mouillage en face de la ville est quelconque, mais il nous a permis une visite en ville, sympathique prétexte à la dégustation de spécialités locales. Pas mal de jolies boutiques, une ambiance cool et sympa: ça s’améliorait déjà.

Poussant plus loin notre avantage, nous avons basculé sur la face nord de l’ile principale, pour rejoindre un mouillage non répertorié sur les guides (faut juste bien regarder les cartes nautiques). Et là, enfin…

On est déjà beaucoup plus dans notre esprit de voyage. Une eau cristalline, des fonds riches et variés, etc… vous connaissez tout ça…

Le lendemain matin, ballade en paddle sur la zone, et là, ça vaut le détour.

La météo nous promettant une petite bascule pour la nuit suivante, nous avons décidé de rejoindre la « civilisation » et donc la baie de Stagno torto. Très bel endroit, déjà moins fréquenté par les bateaux car on est à l’extrémité Nord de la Maddalena.

Et la routine s’est poursuivie… 😂. Ballade en paddle, cette fois sur un lac. Et des cailloux, des cailloux, des cailloux. Ils sont beaux, hein maman? 😘

Je vous en donne pas plus, je veux pas vous dégoûter 😋

En résumé, la Maddalena, c’est splendide. Mais il faut, soit venir hors saison, soit se diriger tout de suite vers les petits coins éloignés.

A l’heure de cette publication, nous venons de quitter la baie de Roccapina en Corse, où nous avons fait escale pour la nuit. Direction le continent et les îles d’Or. A

A bientôt.

Une journée de voile

Les conditions de vent se sont enfin calmées en Sardaigne. (Ainsi qu’en France paraît -t-il…). Nous avons pu enfin ressortir les paddles. Et ça tombait bien parce que juste en face d’arbatax, il y a une lagune à laquelle on accède par un chenal creusé dans la roche.

La matinée paisible nous a permis de visiter ce spot.

Au fond de la lagune, une partie « marais » donne accès à une petite rivière qui se remonte gentiment

Puis, comme le vent était favorable et pas trop fort, le pitaine a décidé de sortir le spi. Cela faisait un grand moment qu’il n’était pas sorti de la soute en équipage réduit. Et bonne nouvelle, ça s’est très bien passé et on a pu remonter la Sardaigne durant 5 heures,jusque vers Olbia. Une vraiment belle navigation.

Manoir a dû slalomer entre 2 ou 3 iles plutôt imposantes.

A l’arrivée, petit mouillage et coucher de soleil.

Prochaine étape: les iles de la Maddalena…

En remontant la côte Est de la Sardaigne

La traversée Sicile-Sardaigne a été bien plus calme que l’aller. Un départ au près, mais dans 10 noeuds de vent, un début de nuit au moteur, puis du vent revenu par le travers à minuit, permettant de garder un bon rythme jusqu’à l’approche de la côte. L’arrivée en milieu de journée avec le vent montant vers 30 noeuds fut plus musclée, mais le vent devenu portant, nous a catapulté jusqu’à la côte où nous avons pu trouver l’abri. à Porto Corallo, un peu au Nord de la pointe sud de cette côte (le cap Carbonara, que nous n’aurons donc pas visité)

Et heureusement, parce que les 4 jours suivants furent au pays des fous. Comprenez par là que le vent, soutenu et turbulent, venait heureusement de terre. Cela nous a évité de subir de la houle, et nous avons pu quand même remonter doucement par petites étapes en restant au sud du golfe d’Orosei, car plus au nord, le vent de Nord-Ouest sévissait.

Cela nous a permis de découvrir plusieurs paysages de cette superbe côte, faite de montagnes et de falaises plongeant directement dans l’eau. Un peu comme si un géant maladroit avait trébuché et jeté le Vercors en Méditérannée.

Après une première nuit à Arbatax qui nous a permis de regarnir le frigo et de dépanner Philippe sur Twin Souls, ennuyé avec son davier, nous avons fait une première escale à la cala Goloritzè. Un endroit magique, un peu surfréquenté malgré l’éloignement( notez au pied de la falaise l’escalier qui mène au sentier d’arrivée. ). Mais la pause déjeuner et la ballade en snorkeling valaient le coup.

Malgré la beauté du site, comme le mouillage était un peu rouleur, nous avons poursuivi notre route pour rejoindre la cala Di Luna. Haut lieu touristique du golfe d’Orosei; inaccessible à pied, sauf pour de (très) courageux randonneurs, et donc desservie par d’innombrables navettes maritimes qui beachent pour décharger la cargaison de touristes et repartent à fond. Variante: les hors-bord de location loués à la ville voisine et qui (vous vous en doutez… ) respectent toutes les règlementations… 🤬👹

MAIS, MAIS, MAIS……… Attention les yeux!

Arrivés en fin de journée, et rencardés par Philippe de Twin souls qui nous avait précédés, nous avons choisi de dormir sur place, malgré les rafales promises. Effectivement, 40 nds durant la nuit, et l’ancre a bien reculé de 30m; mais le long de la côte, en gros. On aurait peut-être du mettre 10m de chaine en plus…

Le lendemain matin, récompense; on se dirige en paddle vers la plage (à la nage, avec le trafic, c’aurait été une tentative de suicide…). Pour commencer, tour du propriétaire et excursion jusqu’à la plage de débarquement et sa lagune.

Puis nous nous sommes dirigés vers l’intérieur des grottes. Elles sont vastes, profondes, et manifestement sont le résultat d’une anomalie géologique. Des bouchons d’argile ont été piégés dans le massif calcaire. Les eaux d’infiltration, mais surtout celles de la mer apportées par les tempêtes, lessivent peu à peu cette argile et laissent ces cavités béantes. On est déjà sur une profondeur de plus de 50m.

Bouchon d’argile au fond d’une grotte

Et le meilleur reste à venir!!!… La dernière grotte est ornée à l’entrée d’un gros rocher sur lequel on s’amuse à créer des petits cairns (que les coups de vent d’Est doivent balayer chaque hiver); c’est sympa.

Et puis… et puis… si on s’avance au fond de la grotte, la lumière baisse progressivement; mais le couloir se poursuit; il faut chercher un peu derrière certaines parois, mais ca continue, encore et encore. Les lampes frontales deviennent indispensables car on passe en mode spéléo.

Nous avons avancé jusqu’en haut de la corde. Ensuite, il faut ramper, et j’imagine que ça va bien plus loin, mais on a bien du parcourir 300 m sous terre.

Certains blocs sont de véritables oeuvres d’art.

Des gargouilles nous regardent passer et Cerbère vérifie que nous n’oublions pas de ressortir.

Il a bien fallu reprendre la mer; d’autant qu’on ne se voyait pas passer une seconde nuit dans la baston locale. Heureusement, la cala Liberatto tout en haut de la baie d’Orosei, nous a proposé un havre de paix, ainsi qu’un établissement propre à soulager nos âmes, nos estomacs et notre compte en banque.

A bientôt.

N’hésitez pas à partager avec vos amis. C’est du boulot à rédiger, autant que ça profite.

En passant par la Sicile.

Nicolas (notre « petit » dernier) et Amel ayant pris leurs billets pour Trapani (Sicile), nous avons traversé un bout de Méditérannée pour rejoindre l’île mafieuse.

Un « petit » run de 200 miles nautiques, à réaliser au portant, mais avec des vents de 20 à 30 noeuds… s’il n’y avait que le vent, la partie serait facile. Mais la mer s’en mêle, et nous nous sommes retrouvés avec des creux de 2 à 3 m, plein arrière, ce qui signifie une coque qui roule et danse. Rock’n’roulis, quoi…

Avec un surf à près de 14 nds quand même.
Raoule, ma poule… 🌊

Mais bon, même les meilleures choses ont une fin, et nous avons touché les iles Egadi en milieu de journée suivante. Disons qu’une bonne nuit de sommeil ne fut pas de trop pour récupérer de celle passée au fond du cockpit par terre (impossible de tenir sur une banquette allongé, vu que ca change tout le temps de côté…).

Les iles Egadi, c’est plutôt joli. Imaginez les iles d’Or (Porquerolles, Port-Cros et Le Levant) mais transportées juste à la pointe Ouest de la Sicile, face à Trapani. Comme l’Homme manque parfois d’imagination, la plus à l’Est s’appelle aussi Le Levant (Levanzo), la centrale, Favignana, et la plus en mer… Maritima.

Si le plan de Favignana est un peu le miroir de celui de Porquerolles, la vue au sol n’est pas du tout comparable. Ici, le terrain est volcanique et les iles sont bien escarpées. Pas de plage du type de notre-dame…

Porquerolles, c’est assez plat; même si on y loue des vélos électriques, le point culminant est à 140m. En revanche, le chateau de Sainte Catherine est à 350 m d’altitude sur Favignana…

Côté Ouest en arrivant de Sicile
La côte Nord de Favignana

La petite ville de Favignana est envahie de touristes déversés par les innombrables ferries venus de tous les environs. Les petites rues proposent leur compte de restaus et de boutiques, mais c’est bien agréable de flâner ainsi de temps en temps et de profiter un peu des facilités terrestres.

Pendant ce temps, le tact et le doigté des italiens ont fait des merveilles… Nous avions laissé Manoir au mouillage dans le secteur dédié à côté du port. Avec un orin installé (une petite bouée accrochée à l’ancre avec une corde pour qu’elle flotte en surface. ça sert à repérer où est l’ancre et ça peut aider à la décoincer si elle est sous un rocher), nous pensions que les nombreux hors-bord qui sortent feraient attention…

Et bien en fait, l’italien est plutôt bourrin… en revenant, le pitaine a tout de suite vu que Manoir avait reculé d’environ 40m. Et plus de trace de la bouée… Le traceur gps laissé à bord l’a confirmé. Un « nainstruit » a dû passer sur la bouée, avaler la corde dans son hélice, et arraché l’ancre du fond. Du coup, Manoir a dérivé, le temps que la fine équipe se dépêtre du sac de noeuds dans son hélice, et relâche enfin l’ancre au fond.

Pas de message, et le bateau belge qui était derrière nous en a juste profité pour venir prendre notre place. 🤬 Chance dans notre malheur, le vent (léger) soufflait de terre et donc Manoir s’est éloigné de la plage… mais 50m de plus et il se serait retrouvé dans la zone de manoeuvre des ferrys🫣

Ce qu’il reste de notre orin…

Moralité: on a racheté une bouée, 2m de chaine fixés directement sous la bouée… le prochain aura du mal avec son hélice… 👹

Bon, ceci dit, on a accueilli avec un immense plaisir Nicolas et Amel pour 4 jours de pur plaisir.

Amel a immédiatement pris les commandes pour pallier les constantes insuffisances du capitaine

Notez,le professionnalisme de l’attitude, et le portable en parfaite sécurité… 🤔

Bon… on a aussi fait un petit peu de bateau (mais pas trop, parce que si ça penche trop, c’est moins agréable pour certain-e-s. mais Minor a bien apprécié le retour de Trapani aux iles Egadi. On sent le toutou qui frétille de la queue, vous ne trouvez pas?

Sur place, on a re-visité Favignara, et découvert au passage un cimetière d’ancres à l’extrémité du port. Cette ile était une capitale de la pêche au thon, et je pense que ces ancres sont celles de tous les bateaux de pêche qui ont été peu à peu désarmés.

Nous avons aussi rendu visite à l’isola di Levanzo, beaucoup moins touristique et fréquentée. Mais pour qui apprécie la nature et les espaces préservés, cette petite ile est absolument charmante.

Nichée au creux d’une des 3 criques de la côte sud, le petit village local est absolument adorable et on y déambule sans risque de se heurter à des hordes de touristes à musique.

Depuis la « route » qui sort du village, on peut admirer l’ile de Favignana juste en face. On voit à nouveau la grande différence avec Porquerolles. On est plus proche de la Guadeloupe, avec le côté « grande terre » et « basse terre ».

Et comme d’habitude, la star du blog est toujours prête à prendre la pose.

4 jours, c’est court, mais pour nous, comme pour nos enfants, ce furent de très beaux et bons moments. Mais faut repartir, et retourner construire des avions plus économes à Toulouse. Et de notre côté, reprendre la mer, mais ce sera pour un autre jour… 😘