Un Manoir style renaissance

Amateurs de couchers de soleil, passez votre chemin. Nous allons parler ici un peu de technique et d’entretien.

Le Guatémala est un pays a faible pouvoir d’achat. Les salaires y sont peu élevés (10 à 20 € par jours sont déjà bien). Forcément, pour certains la vie n’est pas facile, mais le pire est encore de ne pas avoir de travail. Ceux qui vivent autour du rio Dulce ne sont pas les plus mal lotis. La présence de « gringos » (comprendre touristes ou américains, selon l’humeur) apporte un peu plus de travail et d’échanges économiques que dans d’autres régions plus reculées.

Pour ce qui nous concerne, cette différence de pouvoir d’achat nous permet de profiter des plaisirs locaux, notamment alimentaires et liquides. Mais aussi de faire travailler les corps d’états techniques.

Nous vous avons déjà parlé de la mue de Manoir, mais nous avons voulu aller plus loin. Revenus au Rio le 3 mars, nous avons commencé la préparation de Manoir avant la remise à l’eau. Mais plutôt que de faire un « simple » carénage, le capitaine a réalisé un vieux fantasme, très onéreux en France mais abordable ici. Un sablage complet de la coque, qui permet de revenir ā nu de la coque originelle. Le but est de repartir sur un revêtement neuf (primaire + antifouling), avec des produits connus; c’est la garantie pour les années suivantes d’une bonne compatibilité chimique entre ancien et nouveau produit. C’est la promesse d’une coque lisse et qui glisse mieux dans l’eau. Nombre de batailles navales ont été perdues par des flottes supérieures en nombre qui n’avaient pu caréner leurs coques avant l’engagement.

Voici l’état de la coque avant les travaux

Puis les travaux de sablage. On reconnait tout de suite le caractère « manouche » de Manoir pendant les opérations.

Au passage, on découvre des impacts avec des OFNI à l’étrave qui méritent réparation. Mais quille et safran sont en bon état.

Après sablage et ponçage à la main, la coque est blanche et douce comme une peau de bébé.

Ensuite, 2 couches de primaire epoxy, suivies de 2 couches d’antifouling (noir, semi-érodable), et Manoir retrouve sa livrée. Pour faire bon poids, un polish général de la coque (ponçage à l’eau puis polish à la machine), et le brillant ressort bien. Et enfin, comme les autocollants de l’étrave commençaient a dire leur âge (9 ans quand même), on en pose de nouveaux.

Enfin, pendant qu’un mécano local fait les vidanges et les filtres, le pitaine fait un sort à l’hélice. Tous les 3 ou 4 ans, un bon démontage, vérification, nettoyage, graissage et remontage. Au moins on sait sur quoi on part, et on supprime le peu de jeu qu’il y avait dans la liaison sail-drive hélice. Et puis c’est joli une hélice bien brossée non?

Avant de repartir de France, sachant que les coussins du carré commençaient aussi à dire leur âge (la suédine c’est sympa, mais ça vieillit…), notre ami Nery nous a refait tous les coussins, avec une qualité de travail saluée par tous.

Enfin, c’est le grand jour, et Manoir rejoint enfin l’eau, avec au passage le baptême du drone qui n’avait pas pu voler à Tikal pour cause d’interdiction.

Après tout cela, notre bien-aimé Tristan est revenu nous bâcher Manoir 4 jours (décidément, c’est l’année manouche…) pour effectuer quelques retouches de peinture qu’il jugeait (à juste titre) nécessaires. Puis Manoir a tenté de prendre la route dimanche 28 mars, mais une alarme moteur nous a rapidement conduits à faire demi-tour ! rien de grave, mais le calorstat était bien pris dans le sel, ce qui entravait forcément son bon fonctionnement. Au passage, vérification et nettoyage de l’échangeur.

Résultat, ce jour, mercredi 31 mars, nous avons finalement quitté Nanajuanna, nos amis Daniel et Véro, ainsi que tous ceux qui ont bien voulu nous adresser leurs voeux de bon vent. Ce soir, Manoir dormira à Cayo Quemado, et demain, si tout va bien, sortie à Livingston.

TIKAL, l’autre perle du Guatémala

Coucou, nous revoilou!…

Après cette belle année Covid (qui n’est pas encore finie), nous sommes revenus au Rio Dulce. Objectif, préparer Manoir pour la remise à l’eau et une transat retour qui doit nous ramener en Méditerranée. Mais nous y reviendrons…

Pour le moment, en attendant les marées d’équinoxe plus favorables pour sortir le bateau, nous avons profité d’un peu de détente dans notre planning et dans les restrictions sanitaires pour visiter enfin le site de Tikal. Petite expédition de 3 journées: une pour y aller (bus collectivo de 5 heures jusqu’à Flores, puis taxi durant une heure trente car loupé le dernier bus local). A l’arrivée, chambres réservées au jungle lodge pour 2 nuits, bel établissement situé à l’intérieur du parc. La garantie de s’endormir au milieu de la jungle et de ses habitants, et de pouvoir librement visiter toute une journée le site archéologique.

Et effectivement, dès notre arrivée, nous sommes confrontés à diverses populations:

Juste au dessus de la piscine, un groupe passe:

Puis un autre, qui nous fait la démonstration de son agilité: ce sont des singes araignées, à ne pas confondre avec les hurleurs; ceux-là sont plus agréables comme voisins.

La faune est riche et diverse. Nous aurons la chance de voir des Toucans, des dindons (comme dans Astérix), des porcs-sangliers, des perroquets, des singes hurleurs (ceux-là on les entend de loin), des pics (pajaro carpintero) et plusieurs autres pas forcément identifiés.

Le lendemain matin, après une bonne nuit de sommeil, nous mettons les chaussures de marche; et c’est parti pour 8 heures de déambulation parmi les ruines. Après une petite demi-heure d’approche, le site nous apparait dans toute sa splendeur.

Afin de vous donner une idée des dimensions du site, voici la fresque vue dans le hall du jungle lodge. De gauche à droite, comptez 2 km.

Pour vous la faire courte (je renvoie ceux qui veulent s’instruire vers wikipédia dont la page est très bien faite), Tikal fut une cité majeure de l’empire Maya. Créée au moins 2000 ans avant notre ère et occupée jusqu’en 900 et le déclin de l’empire, elle fut longtemps la capitale.

À l’apogée, vers l’an 700, elle devait compter entre 50 et 100000 habitants. Les monuments et bâtiments restaurés représentent sans doute moins de 10% des ruines encore présentes, sans compter les bâtiments qui ont été volontairement rasés; les mayas et leurs voisins n’étaient pas forcément les pacifistes béats que l’on imagine…

Alors une image valant 1000 mots, voici juste nos meilleures photos et vidéos sur place:

Au pied du temple du grand Jaguar dès notre arrivée
La place centrale vue depuis l’acropole sud
La pyramide de l’est et ses stèles
Le Palacio de la Ventanas
La « petite » pyramide du monde perdu
Découverte du temple au sommet
La grande, vue du sud…
Puis vue du nord, avec l’escalier qui permet de la gravir
Vue depuis le sommet de la grande.
Les 3 jeux de balle (jeu de paume?) uniques en Amérique centrale.
Les 7 temples.
Le temple n°5
L’acropole centre.
Le temple 6, encore en partie à restaurer
Le palacio de la Acanaduras – extérieur
Et vu de l’intérieur…
Le temple du jaguar au coucher du soleil

Et pour vous donner une idée, voici l’état du site lors de leur redécouverte en 1848. Le colonel Modesto Mendez a du halluciner…

Outre les monuments, on trouve aussi de nombreuses stèles: soit des dalles verticales, soit des « poufs » en pierre sculptés, ainsi que de très nombreux bas-reliefs sculptés sur les bâtiments. Petit florilège:

Un homme-oiseau

Et puis Tikal, c’est aussi une nature exubérante:

Si si, c’est un arbre… mort.

Pour finir cette escapade entre 2 séquences de rénovation du Manoir, nous avons fait étape sur l’ile de Florès, sur le lac Lago Peten Itza.

Lago Peten a hauteur du village d’El Remate

Petite ile reliée par un pont à la terre, reste d’une antique cité maya complètement disparue, et petit bijou de ruelles colorées, écrasées de chaleur (et nous ne sommes qu’au mois de mars!!!…). Avec le covid, c’est désert, et nous sommes « welcome » partout avec des gens qui nous remercient de venir leur permettre de travailler un peu avec le tourisme. Souhaitons leur de redémarrer rapidement.

Et pour vous rappeler que tout le monde a ses soucis, Covid ou pas Covid, voici une variante des fables de la Fontaine.