Pour rassurer ceux qui pourraient s’inquiéter : l’étai est réparé et remonté, bien tendu et avec une goupille de sécurité (chat échaudé…). L’anneau de point d’amure du génois est réparé et la voile est opérationnelle. Deux heures de couture à plat ventre et 12m de fil, mais on s’abstiendra quand même de trop tirer dessus. Il n’y a donc plus de problème majeur à bord. Merci au passage à Patrice et Stéphanie, navigateurs français de passage à bord du superbe Astra qui nous ont donné un bon coup de main et de bons conseils.
On profite encore un peu du site (on y reviendra ici dans quelques jours, promis), et sauf changement de météo, on décolle demain aux aurores.
L’étape Inagua – Saint-Domingue a été musclée. On vous parle pas de tempête, mais de vent soutenu, contraire à la route, et surtout de mauvaise mer, vagues courtes, parfois croisées, et même si elles n’ont pas excédé 3m (quand même…), le bateau n’aime pas. L’équipage pas mieux… Ca gite, ça tape, et parfois ça fait des dégâts.
Commençons par l’essentiel : nous sommes arrivées à la baie de Samana à 4h du matin après 3 journées de navigation. Un bon abri dans la bahia de San Lorenzo, et un paysage que vous découvrirez plus tard qui rappelle la baie d’Along. La fameuse baie des vierges. Fatigués, mais en bonne santé; juste besoin de souffler un peu, de dormir à l’horizontale. Précisons pour ceux qui nous rejoignent pour la transat : ces conditions sont sans doute les pires du voyage retour. Météo et itinéraire plein est se marient mal ici.
Pour Manoir, les soucis sont plus embêtants. Tout d’abord, c’est la sangle basse de fixation du génois (le point d’amure) qui a lâché la première nuit. Rien de gravissime, mais cela nous a obligé à naviguer sous trinquette, puis après examen de jour, à réutiliser gégène, mais sans le dérouler en entier. Ensuite, c’est l’étai de trinquette que nous avons trouvé bien mou. La voile se balançait de bâbord à tribord à chaque vague. En mer, impossible de ne rien faire. Nous avons donc brêler un peu le truc pour l’empêcher de ganguasser dans tous les sens en attendant d’arriver à l’étape. Enfin, la dernière soirée, c’est une écoute de génois qui a cassé/ 10 minutes pour rouler la voile et refaire un nouveau nœud, et c’est reparti, mais vous comprenez que ça cumule un peu. C’est clair, Manoir est efficace dans les longues navigation et au près, les trajectoires sont tendues et on progresse assez bien contre les vents et les courants; mais les tensions sur la matériel sont énormes, et au moindre défaut, ça casse. Peut-être aussi qu’on demande un peu trop à Manoir au près. Sur des durées aussi longues, on va apprendre à le ménager un peu. Résultat de l’analyse de ce matin sur l’étai de trinquette : le ridoir s’est dévissé avec les vibrations. Il n’y avait pas de clavette d’arrêt, et le câble d’étai est parti dans les tubes. Bien sûr, ça marche moins bien. On a sécurisé le truc, commencé à démonter, et l’étai descendra sur le pont demain matin (pétole prévue), pour voir si on répare ou si on l’emmène comme ça à Saint-Martin. On peut se passer de la trinquette… Si l’opération couture à la base du génois se passe correctement.
On va faire ce qu’on peut, et du coup la pause ici fera plutôt 3 jours que 2. Le temps de bricoler quand il n’y a pas trop de vent, et du coup de visiter un peu cet baie splendide. En attendant, le second cuisine la dorade coryphène (enfin un quart de celle-ci) sortie du congel, et les flancs coco qui suivent. Et la prochaine vraie nuit de sommeil fera du bien.
Après avoir quitté le sud de la Floride et le Gulf stream, les vents sont plus instables, en force et en direction. En 5 jours, déjà 20 heures de moteur; mais bon, ça permet de souffler un peu et d’avancer contre les vents dominants. Faut être opportuniste.
Nous hésitons encore ce soir entre stopper à Great Inagua pour une pause ou allonger la foulée pour rejoindre Saint-Domingue. La météo semble nous promettre des adonnantes intéressantes pour y parvenir, alors que les jours suivants sont moins faciles. Mais de toute façon, le Nord de Saint-Domingue sera un peu plus musclé. A suivre…
En attendant, l’équipage est au régime. Non, je ne parle pas de notre ligne; quoique, quand Cathy lui a coupé ras les cheveux avant le départ, le pitaine s’est dit que ce serait bien de pouvoir faire disparaître aussi tout ce superflu qui s’accumule à 1m du sol au fil des années. Un coup de ciseaux et hop! A la mer les poignées d’amour. Mais bon… Ca marche pas. Non; l’équipage est au régime poisson. Avant-hier, un barracuda de 90cm a décidé de nous rendre visite. On lui a fait honneur; le pitaine a testé quelques morceaux le matin, et comme il n’a pas été malade, depuis on dévore la marinade; 3 repas… Et ce matin, nous avons encore partagé une bonite qui devait faire aussi 6 ou 7 kilos avant qu’un sagouin nous en prenne un bon tiers juste avant la sortie de l’eau. Mais le reste est au frigo après la dégustation de sashimis pendant la levée des filets. Comme quoi, pas besoin de canne à pêche : 100m de fil, 1 bon hameçon et fixé au taquet d’amarrage…
Breaking News : une nouvelle prise, une belle dorade coryphène de 1m et 6kg ! On arrête de jeter la ligne pour le moment…
Bref, le moral est bon à bord, et les miles se succèdent.
Nous sommes partis aux aurores de Holbox (comprendre 9 heures & on en a pour 5 à 7 jours, y’a pas le feu). Bon vent de sud-est et Manoir est parti pleine balle vers la Floride (où nous n’iront pas). Première nuit avec vent soutenu entre 15 et 20 nœuds. Avec la vitesse de Manoir autour de 8, ça fait de l’air en vent apparemment (ou ressenti si vous préférez), mais tout ça sans soucis.
Deuxième journée, le vent est tombé vers 14 heures, nous contraignant à progresser doucement au moteur (pétole, moins de 4 nœuds de vent; navigation sur un lac, moteur à 1400 tours, dessal en route pour refaire le plein et 5 petits nœuds de vitesse). Vers minuit, le vent devrait revenir par le sud, assez soutenu (15 nœuds), ce qui va nous permettre de jouer un bon coup. Une trajectoire de fuite vers le nord est, vent à 120° du bateau, donc grosse vitesse et peu de gite, et le golf stream (qui sera à son max, 3 à 4 nœuds de courant vers le sud-est) va nous rabattre vers le sud. Le résultat devrait avoisiner les 9 voire 10 nœuds quasiment plein est. Bref, cette navigation démarre bien. C’est bien plus plaisant que de revenir de Curaçao vers Granade.
Et puis grande nouveauté, Manoir accueille du monde à bord. Des équipiers d’un nouveau genre. On a bien sur des visites de dauphins tous les jours, mais ce sui est nouveau c’est de nombreux oiseaux se posent sur le bateau. On a toujours eu des compagnons: des oiseaux de mer qui suivent le bateau et pêchent autour de nous. Mais là, est-ce à cause du roof rigide, mais les petits oiseaux nous prennent comme abri pour la nuit. Hier soir, trois hirondelles ont dormi à bord: 2 sur un winch de pont et le troisième blotti sur les cordages . Dans la journée, une sorte de petit héron a passé du temps sur le pont. et ce soir, c’est un canari (ou en tout cas qui y ressemble) qui a élu domicile à l’intérieur. Il se laisse même approcher de très et s’est déjà posé sur le capitaine. Le coucher du soleil est pour dans une demi-heure et d’autres hirondelles arrivent. On avait jamais vu ça, mais c’est sympa.
Un peu de ménage le matin en plus, on a perdu notre canne à pêche le premier jour (un support mal resserré par le chantier qui a basculé), mais on a remonté une traine et on tente notre chance. Pour le moment on ramène de la sargasse et le pitaine a récupéré un poisson volant dans l’annexe qui marine pour l’apéro.
Bon, nous en étions restés aux Colson Cays près de la sortie du Belize. Nous sommes ensuite passés par Isla Mujeres (l’ile des femmes), porte d’entrée principale pour cette région du Mexique .
En fait, c’est une ile située juste en face de Cancun. De ce fait, la baie est envahie tous les jours à partir du début d’après-midi par le public déversé par les ferries et des catamarans « promène-couillon » qui viennent du continent et proposent excursion « à la voile » ( y a 3 miles à faire…), picole à volonté, et « visite » de l’ile en 3 heures. Celle-ci est coupée en 2: Au nord, la partie touristique avec une rue piétonne, très commerçante, animée en diable, bruyante et pleine de gringos. Au sud, la partie plus « normale », avec les habitations, les commerces d’usage, et l’aérodrome.
On va pas se mentir, c’est pas notre lieu de rêve. La baie est encombrée, les véhicules nautiques de toute taille passent en tous sens, il y a peu de sujets de baignade ou de visite authentique. Le séjour s’est donc limité aux retrouvailles avec des amis (Makani, Sirah et Fredoya surtout); 2 soirées à terre (le soir, les touristes sont repartis et le centre touristique redevient fréquentable).
3 jours plus tard (un joint spi changé sur le vérin de pataras, un autre sur un winch électrique, VHF portable réparée, etc…nous avons repris la mer pour une navigation express (57 miles en 6h30, on perd pas la main), nous rejoignons Holbox, ou Anita et Alain de Makani nous on précédé.
Holbox, c’est une ile collée à la péninsule du Yucatan, à 100km de Cancun vers le Nord-ouest. on nous avait dit: « c’est très sauvage, y a peu de réseau, pas beaucoup de commerce, mais très sympa avec de la musique dans les rues le soir »
Bon, nous on a trouvé la description un peu erronée. Mais, mais, mais… pas déçus du tout. Mais alors, pas du tout.
Bon, la musique le soir dans les rues, on a pas vu autre chose que des bars qui diffusent leur sono ou quelques-uns qui ont un peu de chanteurs live, mais rien d’exceptionnel.
En revanche, pour le côté peu de commerces, on vous laisse voir:
On vous montre pas les supérettes, mais y a aussi.
En ce qui concerne les hotels, nombreux en front de mer sur la plage Nord, voici un petit aperçu:
En clair, c’est le top, pas toujours bon marché (!) 😎, mais très souvent de bon goût, donnant sur la plage, piscine intérieure en sus, souvent centre de loisirs nautiques ou spas et soins… pas vraiment le côté rustique (mais on trouve aussi), mais qui donne des idées et des envies.
Mais Holbox, c’est aussi une nature superbe et une zone naturelle préservée. Située pour l’essentiel au nord de l’ile, on y parvient rapidement à la sortie de la zone touristique A partir de là, c’est marche obligatoire, et ça vaut le coup.
Le point bleu, c’est manoir au mouillage
Les paysages le long du littoral sont extraordinaires, parfois lunaires, parfois poétiques, et (ce qui n’est pas si fréquent), quasiment exempts de pollution
Il n’y a pas que des natures mortes, on croise aussi une jolie faune.
Petit bonus, outre des coquillages en nombre qui viendront grossir les réserves créatives de Cathy, nous avons trouvé une carapace de limule; c’est un crustacé, véritable fossile vivant qui existe depuis plus de 450 millions d’années et qui se reproduit dans la zone. Appelée localement « Cucaracha di mare »…
Pour le moment, la carapace a rejoint Manoir sans se briser.
Et pour la fin, 2 vidéos des 2 pointes, sud et nord de l’ile: à vous de choisir celle que vous préférez, mais nous on a notre favorite.
Côté SudEt côté Nord.
Demain matin, nous reprenons la route. On aurait bien flânė encore quelques jours ici, tant le site nous a plu, mais un fenêtre météo favorable s’ouvre pour contourner Cuba par le Nord et nous rapprocher un bon coup de Saint-Martin ou notre premier équipier (fafat) doit nous rejoindre le 8 mai pour attaquer le gros morceau. Nous mettons donc les voiles pour une petite semaine. Vous pouvez nous suivre sur Konectis.
On savait que notre GV (grand voile) était fatiguée. On espérait quand même faire le retour avec elle et ne pas avoir besoin de la nouvelle, expédiée par cargo au Guatémala, et qui dormait paisiblement au fond de la cabine « invités ».
Mais après 4 heures de navigation un peu musclée, d’un coup d’un seul…
On a poursuivi comme ça, mais 2 heures plus tard, à l’arrivée dans la baie de New Heaven, on en était déjà là:
On a donc fait une escale d’une demi-journée pour tomber cette voile, la vampiriser (toutes les pièces peuvent servir) et monter la nouvelle.
Faut croire qu’elle marche bien aussi, car quelques jours plus tard, voici ce que Manoir nous a sorti pour remonter jusqu’au Mexique.
Enfin partis de Fronteras et des marinas, (après un petit faux départ et un nettoyage du calorstat et de l’échangeur du moteur), nous avons fait escale à Cayo Quemado, aussi nommée Texan Bay. Une nuit dans un havre de paix, avant de nous diriger vers Livingston pour sortir du pays. L’occasion de découvrir une autre facette de cette nature sauvage.
La baie de Cayo Quemado et Manoir dans le mouchoir de poche.
Un petit tour dans la baie en annexe nous a permis de découvrir la faune locale, et notamment ces oiseaux qui marchent sur les nénuphars. L’histoire de Jésus, mais en mieux, avec des preuves.
Et si tu bouges, il court…
Le lendemain matin, levés tôt et directions Livingston via le Rio Dulce et la partie encaissée entre les falaises. Ici, pas question de mettre les voiles et vous allez comprendre pourquoi.
2 petites heures de navigation avant de retrouver Livingston et la procédure de sortie du territoire.
Non, je ne parle pas de Raul et des papiers et visas. Je parle de çà, et de l’antifouling tout neuf sur la quille qui est resté au Guatémala. Seule différence avec l’entrée, le capitaine ne voulait pas qu’on lui n… une drisse ou une poulie, et il a donc installé solidement un bout en haut du mat pour donner à la lancha qui fait giter Manoir. Et comme à l’entrée, le bout de traction a cassé au bout de 1 min. Mais c’est mieux comme ça. Le fusible, c’est leur amarre, pas les taquets de Manoir.
La remontée le long du Belize s’est faite en plusieurs jours. Un épisode de vent du nord nous intimait de patienter. Mais patienter ne veut pas dire renoncer, ni rester immobiles.
Nous avons donc choisi de remonter 2 journées de suite, d’abord de New Heaven à Placensia, puis de Placensia aux Colson cays. A chaque fois, vent 💨 et courant quasiment de face, mais dans le couloir à l’intérieur de la barrière de corail donc avec un vent moins fort qu’au large et une mer 🌊 moins formée…mais cela signifie tout de même de faire du tricot 🧶 :une maille à l’endroit, une maille à l’envers… en gros un virement toutes les 2 heures, car le couloir n’est pas très large.
Mais c’est aussi dans ces conditions que Manoir fait valoir ses qualités de quillard de course-croisière. On remonte aisément à plus de 45° du vent et la dérive est faible, limitée au courant de face. Pour vous en rendre compte, regardez les trajectoires sur Konectis.
Enfin, la fenêtre météo s’est ré-ouverte, avec un épisode annoncé de vent de nord-est, virant progressivement à l’est. Mais avant de s’élancer vers le nord pour un run de près de 300 miles, l’équipage a décidé de s’octroyer toute une journée au mouillage aux Colson cays.
Au programme, plongée et redécouverte des fonds marins. Et c’est toujours aussi sublime.
En vidéo, c’est toujours aussi plaisant, avec des rencontres inopinées et halieutiques.
Et cerise sur le gateau, la découverte d’un requin nourrice, planqué sous un rocher et roupillant pour la journée. Un bon petit mètre de long.
Et puis, vous nous connaissez ! On aime les fonds, mais on apprécie aussi de faire quelques prélèvements plus gustatifs. C’est rapidement chose faite avec 2 poissons anges (tirés au fusil), puis 2 langoustes (attrapées à la main car l’élastique du fusil à rendu l’âme); et pour finir, un gros poisson lion, embroché à la force du poignet. Celui-là on le prend pas à la main car ses épines sont empoisonnées. Mais c’est une excellente rascasse 😋, et il faut en pêcher le plus possible car c’est un intrus dans la caraibe, sans prédateur, et qui déséquilibre les écosystèmes.
2 pêcheurs voisins sont venus nous saluer et nous ont vendu 4 langoustes de plus pour 10$… Les menus pour la remontée vers le Mexique vont pas être difficiles à établir. Il a juste fallu cuire et préparer tout ça avant le soir pour décaler le lendemain matin à l’aube.
Direction Isla Mujeres, face à Cancun avec une belle chevauchée en perspective.
1er avril… mais non, ce n’est pas une blague. Nous avons quitté Cayo Quemado ce matin. A 9h nous étions au poste frontière pour les formalités et à 10h, la « procédure » de sortie du rio avec les 2 lanchas (une pour tirer, une pour pencher) a démarré. Marée coefficient 112; plus, on ne peut pas…
Et comme à l’aller, l’amarre de traine à laché en cours de route, mais sans trop de conséquences. Comme prévu, il n’y a plus d’antifouling sur le bord tribord de la quille, ni sous l’arrête du safran. Mais le mat est intact (le capitaine avait prévu le coup et attaché solidement un bout au sommet qui ne sollicite ni poulie ni aucune pièce du mat. Du coup faut remonter pour la démonter ce soir…)
Après 3 heures de voile sous trinquette et 2 ris (on y va mollo,pour reprendre nos marques et nos réglages), nous sommes à l’abri sous le cabo très puntas. Devant nous, 2 jours de pluie et de vent du nord, alors on va laisser passer gentiment et prendre ensuite la route du Mexique avec des vents plus favorables.
Pas d’images ni de films pour le moment, (réseau faible) mais on vous mijote quelques trucs.
A bientôt. 🏝
Post scriptum: et devinez qui nous a accueillis à Très Puntas? Des dauphins, aussi heureux que nous de se revoir.