Je vous avais laissés à Carthagene (Espagne, hein , pas 🇨🇴…🤗), avec un Manoir en convalescence, mais prêt à naviguer.
Cathy ayant dû rejoindre le Forez pour des raisons familiales, il restait à trouver le bon moyen de ramener Manoir au moteur en sécurité pour lui et son pitaine.
Après recherche de pistes diverses et échanges avec l’assistance, et voulant profiter d’un créneau météo à priori favorable, j’ai décidé d’opter pour un départ en solo vers les baléares avec embarquement d’un équipier a Palma.
Après un dernier soir de cańa et tapas à la Bodeguilla (merci Ayoub pour ton accueil), départ donc le samedi aux aurores non sans avoir fait le plein la veille au soir.
Bien m’a pris d’attendre le jour, car comme escompté, les pêcheurs sont nombreux, toujours aussi inattentifs et dépourvus d’AIS…. de plus, malgré une vérification la veille, le feu avant tribord est hs…
14 heures de navigation jusqu’au cabo de la Nao et son DST (le rail que doivent emprunter les cargos et qu’il faut contourner) et à partir de minuit, une mer rouleuse. le feu de l’annexe collé sur la capote pour faire le vert en panne…. 😜
Au matin, après quelques heures de sommeil volées à la surveillance par tranches de 20 minutes, arrivée sur Ibiza. La cote ouest est sauvage, et même si le temps est maussade, sa découverte m’incite à projeter d’y revenir sans faute.
A l’arrivée sur Palma la baie est pleine de bateaux. J’en profite pour rincer le pont à l’eau de mer (gilet capelé, avec balise mob). Un « petit » ketch m’enrhume avec ses 2 mats noirs… Isajeu me conseille de lui en chiper un mais même le petit de derrière est trop grand…😂
En fin d’après-midi, après la traversée ibiza-Palma, je retrouve Benoit, le papa de Judicaelle ( la compagne de Loup, aîné de la fratrie; suivez un peu quoi…)
Un plein de gasoil (99l, 2,8l/heure), 5 minutes à quai (le marinero me refuse 15 minutes), une ampoule changée au feu de navigation tribord en faisant des ronds dans l’eau dans le port industriel et on est repartis.
Le créneau météo est potable mais se referme sur mistral et tramontane dans 48 heures: faut pas traîner.
On attendait 8 nœuds de vent, on a eu 15 de travers. Pas trop dur pour Manoir, dont le moteur n’a pas eu à forcer sauf pour se glisser de Palma à la Dragonera (pointe sud-ouest de l’île) face au vent et à la mer. Mais toujours tres rouleur…. Décidément, je préfère naviguer sous voiles. Au moins Manoir est calé…
Mais bon, après 50 heures à 1700 tours, les 2 frères sont en vue et nos narines respirent enfin la pinède.
A noter quand même que Benoit a vu des dauphins et surtout 3 baleines à l’arrivée sur le sanctuaire Pélagos (réserve marine au large de Toulon). Et puis nous avons laissé la traîne 48 heures sans rien ramener, mais en relevant la ligne à l’arrivée, il restait une partie de mâchoire d’un poisson. On a du louper un truc dans la nuit.
Je remercie beaucoup Benoit de s’être porté volontaire pour cette « mission ». Cela a rassuré tout le monde que je ne sois pas seul et la fatigue est bien moindre quand on la partage. Une belle rencontre qui en appelle sûrement d’autres.
Enfin, je profite de ce billet pour remercier tous ceux qui nous on adressé des messages de soutien. L’épreuve était cruelle et tous ces messages nous ont aidés à la surmonter . Merci, merci, merci… 😘😘😘🙏🙏🙏
Après une nuit au mouillage sous le cap Sicie, petite découverte de la rade de Toulon pour Benoit et arrivée au ponton de l’entreprise Russo qui va préparer les travaux et la venue de l’expert.
Gros gros moment d’émotion à l’arrivée, vous vous en doutez…
Mais Manoir est revenu, touché mais pas coulé. Je vous ferai prochainement un bilan de cette transat avant de mettre Lukamanoir en sommeil jusqu’aux travaux de réfit qui prendront au moins tout l’été.
Après un moment d’abatement, que même les plus exigeants voudront bien nous pardonner, toute l’équipe a mis la main à la pâte pour mettre au plus vite Manoir en sécurité et sauver ce qui pouvait encore l’être.
Ce fut parfois difficile et toujours touchant de démonter pièce par pièce le gréement désormais inutilisable. Mais il faut en passer par là, et c’est aussi une forme de catharsys (purge des passions, en l’occurence, le chagrin) qui est un prélude nécessaire à la renaissance.
Lundi matin, formalités: assurance pas très réactive dans un premier temps, mais après relance téléphonique dans l’après-midi, on a enfin un contact: ils sont en panne de serveur mail (top la poisse quand même…). On obtient le feu vert pour commander une grue pour démâter.
Mais avant tout, il faut démonter la grand-voile. On a réussi à l’affaler avant la catastrophe mais suite à l’effondrement de la bôme sur le toit de la capote, elle traîne en vrac sur le pont. En une petite heure et quelques astuces la plus récente robe de Manoir quitte le bord et se retrouve étalée sur le quai. Inspectée, sans souci majeur constaté, pliée aussi sec et rangée dans son sac (lui-même récupéré dans la soute à voile après une opération « spéléo » sous le merdier à l’avant).
On peut enfin voir la bôme et l’état de la capote rigide. La bôme repose fermement sur le toit et de ce fait, elle repousse vers l’avant la partie verticale du mat ce qui l’empêche de tomber. Et pourtant, les dégâts ont l’air modestes. On ne touche pas plus pour le moment.…
La photo est prise après le dématage.
Suite à la visite du responsable du grutage pour évaluer les travaux, rendez-vous est pris pour le lendemain matin à 10:00. En attendant, il faut préparer leur intervention si on ne veut pas finir de détruire le matériel.
Le pitaine enfile donc la combinaison (eau à 19°C…), on sort le narguilé, les pinces et scies à métaux, et plouf. Il faut détacher les étais du génois et de la trinquette si on veut espérer sortir les voiles de l’eau par l’étrave avant le grutage du mat.
Le plus compliqué est de dégoupiller les étais. Celui du génois ne rend les armes que sous la scie. Le plus délicat est de relâcher les drisses. En effet, elles contribuent à retenir la partie supérieure du mat à sa jonction avec le bout restant (presque) vertical. Prudence donc, mais ça se passe bien, en laissant une manille en place pour bloquer la drisse de génois dans le réa (la poulie de tête de mat).
Bien évidemment, les étais et les voiles enroulées dessus coulent à pic…
Etape suivante, il faut scier les étais à l’étrave, si possible en sauvant les enrouleurs (y en a quand même pour au moins 2000 balles pièces). Là encore, le risque c’est de le prendre dans la figure quand la tension se relâche. Un peu comme quand on coupe un arbre tombé au sol mais dont la souche est encore dans le sol…
On s’y met à 3, et ça se passe plutôt bien. Seul l’étai de trinquette file une gifle au pitaine pour la première blessure due à l’accident. Une égratignure sur le pif…
Ensuite, les Hercules et les Hulks font acte de bravoure. Les Wonder Women et Super Jaimies ne sont pas en reste, et c’est sous les efforts conjugués de nos 24 membres que les 2 voiles roulées sur,les étais et gorgées d’eau sortent par l’avant et rejoignent le quai.
Pour finir, on déroule soigneusement les voiles (les étais sont complètement tordus), et fort heureusement on y parvient sans les abîmer plus.
Comme tout cela est trempé, on s’étale sur le quai tête bêche pour laisser sécher toute la nuit en compagnie du spi (extrait lui aussi lors de l’opération spéléo et retrouvé complètement trempé) les étais quand à eux rejoignent le terre-plein de stockage tout proche.
Après une soirée tapas bien méritée et une vraie nuit de sommeil, on se remet au travail tôt le lendemain matin. Isa, Anne-Cé, Denis et Lilian partent à midi pour passer 2 jours à Barcelone (ils ont bien besoin de vacances…) et on veut profiter encore un peu de leur présence pour faire le maximum.
Avant 10 heures, les 2 voiles d’avant sont pliées et stockées chacune dans un sac. Au total, on a sans doute sauvé toutes les voiles, notamment la GV neuve et le Génois qui n’a qu’une saison.
Puis la grue arrive. On est bien tombés; le chauffeur est sympa, mais surtout il connait son boulot. Il ne parle qu’espagnol, mais on se comprend, et on tombe d’accord sur le process.
Il soulève dans un premier temps la partie supérieure du mat et soulage son poids. Nous pouvons alors détacher prudemment celui-ci du balcon arrière. On avait posé en navigation 3 cordages et une sangle velcro (du type qui sert à retenir le point de bordure sur la bôme). Résultat, c’est cette sangle qui a fait presque tout le travail.
Ensuite, on relâche un à un tous les bloqueurs de drisse (qui effectivement retenaient les 2 pièces ensemble). On coupe ou on dévisse les haubans qui restaient en place sur le pont; et on tranche quelques cables et ficelles ici et là pour bien libérer l’étage supérieur.
Et sans aucun a-coup, le grutier enlève 15m de mat d’un seul bloc et le dépose gentiment sur le terre-plein sur des palettes disposées à l’avance.
Comme on veut sauver la bôme, il accepte de bon coeur de la soulever. Puis il s’en sert comme bélier pour repousser le premier étage du mat à la verticale que nous assurons ensuite avec 2 cordages latéraux (ben oui, y a plus de haubans et au désacouplage il va tomber sur le pont).
Le démontage du vérin de hale-bas, on l’avait déjà fait à Cuba pour réparer un joint spi. alors on souvient qu’il fait juste équilibrer les pressions hydrauliques pour ne pas prendre un second coup sur le nez. Sans souci…
Ces précautions prises, les Hulks reviennent à la tâche et il faut pousser, porter, bouger la bôme pendant que le pitaine démonte les axes de liaison entre bôme et mat. Il ne reste plus qu’à soulever la pièce et à la poser sur le pont côté babord où elle restera jusqu’à Toulon. Et encore un billet de sauvé…
L’étape suivante, qui semblait plus facile, a consisté à soulever les 5m verticaux qui restaient au-dessus du pont. Notre grutier préféré a d’bord fixé son élingue, le plus haut possible, mais pas au-dessus de la moitié… équilibre précaire.
Sur ses consignes, nous avons relâché un à un tous les cordages qui le maintenaient debout, ainsi que les cables électriques qui venaient par dessous de l’intérieur du bateau; jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une petite vis au pied du mat. Et par en-dessous, la déchirure est quasi totale.
Quand celle-ci a cédé sous la traction vers le haut, le mat a voulu basculer à l’horizontale, embarquant au passage notre ami espagnol qui se tenait debout à côté. (Et votre serviteur de l’autre côté… ) Heureusement pour lui, il restait le fil electronique de l’anémomètre. Un oubli qui lui a évité un bain, voire pire.
Une fois cet élément,posé sur le terre-plein, le dernier morceau de 2m à l’intérieur du bateau est sorti à la main. 20 kg, que nous avons juste eu à soulever et à porter à terre. Et voilà Manoir avec une belle aération.
Moins de 2 heures de travail (à peine oserai-je dire), et nous avons pu nous diriger tous ensemble vers la gare pour raccompagner notre équipage d’infortune. Avec fortes embrassades nous nous sommes promis de bientôt naviguer, et pourquoi pas aux Baléares.
Mais dès l’après-midi, nous avons attaqué à 2 le désarmement complet du mat: radar, feux, rail de grand-voile, chariots, rails de tangon, poulies, bloqueurs, réas, tout ce qui est resté en état et a de la valeur est démonté soigneusement, rangé dans des bocaux étiquetés et ramené auprès de Manoir. Les barres de flèches sont désaccouplées du mat, puis démontées pour prendre moins de place, étiquetées pour l’expert.
Au final, seuls les rails au niveau de la rupture sont morts, ainsi que les réas et poulies des 2 voiles d’avant, tordus sous l’eau durant les 7 heures de navigation de retour au port.
Bref, en 3 jours, tout ce qui pouvait être sauvé l’a été. Une nouvelle antenne VHF montée sur le balcon et raccordée à Manoir a permis de récupérer la radio et l’AIS (bien utile quand on a plus de radar…). Les filières remontées en « manouche » ainsi que le bimini arrière. Ca tiendra bien jusqu’à Toulon.
Cathy est rentrée en train pour un rendez-vous de longue date avec ses parents. pour ma part, je poste ce billet en mer, entre Carthagène et Majorque ou un équipier volontaire m’aidera pour traverser le golfe du Lion. 36 heures en solo puis 48 en double.
Merci au passage à Benoît, le papa de Judicaëlle qui s’est porté volontaire. Ce sera notre première rencontre, et c’est original pour faire connaissance, vous ne trouvez pas?
En tout cas, cela nous a fait du bien de pouvoir s’occuper, réagir et sauver tout ce matériel. Reste plus qu’à voir les positions de l’expert et l’assurance…
Notre voyage a commencé avec un léger stress lié aux formalités Covid à l’aéroport st Exupéry et jusqu’à la dernière minute nous n’étions pas sûrs de pouvoir embarquer! 1ère incertitude ….
Mais nous voici au port de Carthagène où nous repérons aisément le mât noir et retrouvons Cathy et Luc. Les conditions météorologiques peu favorables à la navigation nous permettent de découvrir Carthagène.
Enfin c’est le départ dimanche matin. Les premières heures de navigation sont sportives, grisantes et augurent d’une belle traversée.
Mais très vite notre capitaine nous annonce que l’aventure est terminée….avant même le démâtage ! Après l’affalage des voiles tout a été très vite, y compris les décisions de notre capitaine qui nous ont permis de rentrer sains et saufs…à bon port, dans le calme et l’angoisse, sous les gémissements de Manoir !
La mer ne nous a pas ménagés, la houle était toujours très présente et jusqu’au bout nous avons été minés par l’incertitude d’arriver à terre…. Mais Manoir n’a pas failli !
Une fois les 12 pieds sur terre , que d’émotions, la tension retombe: pleurs, rires, embrassades…. Cette aventure restera gravée dans nos mémoires. La brutalité de cette situation nous a meurtri, elle est difficile à exprimer et sera inoubliable.
Assister au désarmement de Manoir a été douloureux mais salvateur. Merci à l’équipage qui a fait front, bien emmené par capitaine Luc.
Vous vous demandez sans doute ce que ce titre annonce. Sûr, ce ne sont pas de bonnes nouvelles…
Loup et Camille ont débarqué et ont été relevés par Isa, Anne-Cé, Denis et Lilian. Après quelques visites des beautés Carthagénoises, (vous pourrez les retrouver à nos articles de 2017… hier, quoi), nous avons repris la mer dimanche avec pour objectif de toucher Formentera 24 heures plus tard.
Un départ de navigation au près, dans 25 noeuds de vent (pour 16 annoncés…), avec une mer courte et hachée comme la Méditerranée sait nous les fabriquer en 2 temps 3 mouvements.
Mais au bout de 4 heures, le pitaine a brusquement constaté que le hauban tribord venait de lâcher. En urgence, nous avons enroulé le génois, puis affalé la grand-voile. Malheureusement, la mer trop brutale ne nous a pas laissé le temps de faire plus et de sécuriser le mat. Mais il aurait sans doute été impossible d’installer un « hauban provisoire ». Au bout de quelques secondes, le mat qui dansait une gigue de folie a rompu au niveau du premier étage de barres de flêches.
Heureusement, personne n’a paniqué. L’équipage a observé les consignes dans le calme. Nous avons coupé le pataras qui menaçait de faire encore plus de mal. Nous avons accroché le morceau de mat (15m au moins) qui traînait sur le côté babord et derrière Manoir en l’attachant au balcon arrière et sur le taquet babord arrière. Nous avons retenu le dernier tronçon de mat qui menaçait de tomber et de défoncer le pont en attachant 2 écoutes sur le tronçon de mat reprises à l’étrave et tendues par arbalète. La capote rigide a sans doute sauvé des têtes et a ensuite soutenu la bôme qui elle-même retenait le dernier morceau de mat. Tristan a fait du solide.
Le reste, c’est 7 heures de navigation au moteur sous tension, avec une mer courte et mauvaise qui tentait de nous arracher les restes de notre espar. A basse vitesse, nous sommes parvenus à rejoindre Carthagène (23 miles), ou Manoir a enfin pu se reposer.
Arrivés au ponton, gros relâchement de la pression, et surtout grand bonheur de nous retrouver tous à quai sans un ongle cassé.
Nous attendons désormais des nouvelles de l’assurance. le coupable est à priori un ridoir dévissé. Rien n’a cassé… Et pourtant tout avait été vérifié de ce côté aussi au Rio Dulce avant de partir.…
Fafat a mis la barre haute avec sa plume poétique, et comme il le dit si bien, « une transat ça ne se raconte pas, ça se vit ».
Alors pour vous partager un morceau de notre périple, on a décidé de faire ça à notre manière, en écrivant une petite chanson relatant nos exploits.
♬
Nous étions deux fougueux pirates Rejoignant Manoir aux Açores Dans l’équipage de la transat’ En quête de grands trésors
Le vent chante dans les voiles de Manoir L’équipage hisse haut le pavillon Bientôt, il posera ses amarres Dans le port de Toulon
N’ayant pas bien le pied marin Nous rendîmes nos premiers repas Filèrent au lit jusqu’au matin Désertant nos emplois
Le vent chante dans les voiles de Manoir L’équipage hisse haut le pavillon Bientôt, il posera ses amarres Dans le port de Toulon
Enfin nos estomacs lassés Notre périple suivant le vent Cap à l’Est bateau salé Face au soleil levant
Le vent chante dans les voiles de Manoir L’équipage hisse haut le pavillon Bientôt, il posera ses amarres Dans le port de Toulon
Chacun son poste chacun son heure Vigies des nuits aux vents glacés Nous tenons le cap et les cœurs Sous la voûte d’la Voie Lactée
Le vent chante dans les voiles de Manoir L’équipage hisse haut le pavillon Bientôt, il posera ses amarres Dans le port de Toulon
Nous avons tant vu pourtant si peu Fiers d’avoir pu s’amariner Deux matelots si bienheureux Parmi les cétacés
Le vent chante dans les voiles de Manoir L’équipage hisse haut le pavillon Bientôt, il posera ses amarres Dans le port de Toulon
Déjà mille miles de naviguées Sous les ordres du capitaine Abandonnant nos cartes à jouer En vue de Carthagène
Le vent chante dans les voiles de Manoir L’équipage hisse haut le pavillon Bientôt, il posera ses amarres Dans le port de Toulon
Le vent chante dans les voiles de Manoir L’équipage hisse haut le pavillon Bientôt, il posera ses amarres Dans le port de Toulon
♬
On tient à remercier nos hôtes pour nous avoir permis de partager cette expédition, parfois éprouvante, souvent merveilleuse. C’est une expérience hors du commun que de pouvoir contempler l’immensité de notre monde.
Nous regagnons nos phares, des souvenirs plein la tête, et changés à jamais par cette extraordinaire aventure.
Bon vent Manoir !
🏴☠️
On vous laisse avec un petit florilège de ces quelques moments capturés.
Mardi 8, 6h du matin: Manoir est toujours au mouillage sous le rocher de Tarifa, et le vent souffle toujours à 25-30 noeuds. Pourtant, les fichiers grib, GFS comme Arpège, annoncent 12 à 15 noeuds juste derrière la pointe. Et au loin, au milieu du détroit, les moutons semblent moins nombreux. Alors un café, et on y va.
Résultat, 30 minutes de mer difficile, mais bien moins que celle de la veille. Des vents à 35 noeuds, mais un courant porteur de 2 noeuds dans le bon sens, et surtout, très rapidement un vent qui se calme et revient vers 20, puis 15 noeuds. Raison pour laquelle les vagues sont moins fortes. le « courant d’air » est vraiment juste à la porte d’entrée de l’océan.
Bref, 2 heures plus tard, c’est pétole à Gibraltar et on peu enfin admirer le rocher.
Le trafic est intense; l’AIS donne plus de 130 bateaux allumés sur le secteur. Et que des petits…
Mais bon, pas de problème de jour pour naviguer entre les mastodontes. On profite aussi des très nombreux dauphins qui viennent saluer le retour de l’étrave de Manoir dans ses eaux de baptème. Comme les eaux sont calmes, on les voit comme jamais.
Voyez comme il se met sur la tranche pour nous faire un clin d’œil. 😜
Pour le reste, c’est navigation au moteur, car la Méditérannée, on s’en souvient, c’est très souvent: baston ou pétole. On a rendez-vous à Carthagène dans 3 jours, mais y être plus tôt, c’est profiter avec les garçons de quelques bars à tapas avant leur retour à Lyon.
Alors on avance au moteur, en cherchant (parfois vainement), les veines de courant, et en trainant (souvent en vain), notre ligne de traine. Vivement un bon verre de vin…
Lever du soleil au cabo de Gata.
Sauf souci mécanique, Manoir vise La marina de Carthagène pour la fin d’après-midi.
Manoir a retraversé l’atlantique. Il nous reste 300m à faire pour embouquer le détroit de Gibraltar, mais cela va attendre quelques heures. En effet, à notre arrivée sous le rocher de Tarifa, une bonne giclée à 35 noeuds établis nous attendait, avec rafales à 45. En fait, ses prémices nous avaient déjà occupés en fin de nuit à l’approche et nous avaient déjà ralentis. On est donc en stand-by, au moins jusqu’à minuit, en attendant une baisse annoncée qui nous permettrait de tenter notre chance (mais vent de face quand même…)
En attendant, on peut toujours vous faire profiter du dernier caillou vu aux Açores, ainsi que du premier annonçant la Méditerranée.
L’ilhéu de Villa Franca au sud de Sao Miguel
Le rocher de Tarifa, ou Punta Maroqui
Et puisque le réseau est correct, on partage avec vous quelques vidéos de cette 2ème étape de la transat (1022 miles en 6 jours, avec un maxi à 208 en 24 heures). Vous allez constater que la situation était moins pénible en moyenne que sur la première étape (j’ai scouizé la partie vomito du premier soir…)
Mais pour le moment, ça burle un peu et on prend notre mal en patience au mouillage.
Alléï, encore un effort, et ensuite, on va se diriger vers Carthagène, sans doute majoritairement au moteur, car derrière le détroit, on nous annonce des calmes d’anthologie.
En attendant, on vient de voir passer Azkonobel et Corum l’épargne derrière nous, sous 2 ris et trinquette. 2 bateaux en course sur la 2ème étape de l’Océan Race qui n’amusent pas la galerie. Ca mouille quand ils passent la pointe…
Comme prévu, Manoir a grappillé du nord ces 2 jours afin de se positionner au large du Portugal pour la « dernière descente ». Ce qui signifie une gite constante, même dans les vents légers que nous avons rencontré (10 à 13 nœuds). En revanche, la mer était superbe, avec un beau soleil.
Le dernier soir, le vent a commencé à monté, toujours venant du Nord, et ce matin, nous avons 17 nœuds bien constants. Forcément, la mer s’agite, nous avons donc rabaissé la GV hier soir et abattu de 10° (route plein Est) pour la nuit.
Ce matin, la prévision météo est toujours la même: vents constants encore 24 heures maxi, puis faiblissant et enfin, verrou à Gibraltar. Il faudrait passer avant 2 heures du matin. Alors c’est simple: on met du charbon, cap au 115, droit sur la cible pour 24 heures. Ensuite s’il faut, on poussera encore au moteur, et si ça passe pas, on ira se planquer dans un mouillage sous la côte espagnole pour 24 heures.
Pour le moment, Manoir file ses 9 nœuds, moins gitard (vent au 1/3 arrière) et advienne que pourra. Fafat, on va chatouiller ton record sur 24 heures.
Quand à l’équipage, il tient bien la route. Cela fait 3 nuits que le pitaine dort, et se réveille en premiers pour 5:30 du matin. Et ils assurent bien. Peu de bateaux, mais on pense avoir aperçu Melchior (le Catlante 600 déjà doublé en transat), et Flomaïda est maintenant derrière nous. Quelques cargo, sans souci.
Bientôt la MareNostrum !
P.S. : plus question de pêcher. De toute façon, on va trop vite
C’est une ambiance bien différente qui a cueilli les nouveaux équipiers.
Bon y’a des constantes quand même ; Dauphins en nombre au départ, vent musclé la première journée et début de nuit chahuté.. et même vomitif pour certains ! De même; toujours pas de pêche à l’horizon, malgré un changement de rapala (l’appât), et des vitesses légèrement moindres.
En revanche, grosses différences sur l’ambiance à bord ; on est clairement passés aux polaires, chaussettes, voire bonnets ou bottes !! Le soleil est loin derrière..
Depuis cette première nuit, c’est météo plutôt paisible. Le vent est retombé de 23 à tout juste 10 nœuds. On arrive encore à progresser à la voile à bonne allure, mais il faut accepter les variations de cap car le vent est léger et versatile. Le capitaine a même pu s’offrir le luxe d’une nuit complète !! (juste quelques réveils pour ajustement du cap).
Ce matin, tout le monde récupère gentiment et j’ai renvoyé toute la voile pour essayer de garder la vitesse. La stratégie météo est simple, le plus possible sous le vent. Ensuite on avisera localement pour passer le fameux détroit et retrouver la méditerranée et ses eaux que nous espérons plus chaleureuse.
On remarque sur le radar un bateau ami (un 54′ avec qui on a fait la bringue à Horta) qui est 40 miles au nord et que nous dépassons lentement et surement. Pour le reste pas un chat à l’horizon…