Nous avons donc quitté Bonaire de bon matin. A 7h30, nous étions en mer, bien décidés à rejoindre les Avès à la voile. La descente vers le Sud de Bonaire fut un réel plaisir. Un bord rapide, sur de l’eau plate, et Manoir qui accélère gentiment au fur et à mesure qu’on resserre l’angle au vent. On passe même une pointe à 9 noeuds.
Arrive la pointe Sud de l’ile et on se retrouve face à la mer et aux vagues. Mais la route est bonne, la vitesse correcte et on continue. Puis So far so good apparait derrière nous à l’AIS, avec une heure de retard (ils ont fait les pleins et dû attendre l’ouverture de la marina pour payer.Et non, on est pas partis comme des voleurs!… nous on avait juste prévu le coup et payé samedi…)
Il file au moteur, cap droit au but. De notre côté, un grain approche. Le vent tourne, refuse, alors on vire de bord vers le Nord Est. La pluie arrive, et on se fait rincer comme jamais!!!… l’eau ruisselle sur le pont, la mer fume et on y voit pas à 100m. En plus, sous le grain, le vent force un peu, mais très rapidement il se calme…… un peu trop.
On persiste, alors qu’un second grain se présente. Virement de bord, rinçage sans essorage, puis calme.
Et puis un troisième grain, puis un quatrième… l’heure tourne et on avance pas vite, surtout par manque de vent. On finit par rentrer dans le rang et démarrer le moteur. Au moins, on arrivera de jour, et la soirée sera calme. A l’arrivée, Bruno nous confiera en rigolant qu’il a vu tous les grains nous passer dessus alors que lui, un peu plus au Nord, n’en a subit qu’un seul, et pas méchant……
Voici notre trace du jour: 48 miles en 8 heures dont la moitié au moteur.
Le mouillage est splendide, on est les seuls voiliers dans les Avès de Sotavento. 3 vedettes à couple sur la plage sont là pour dormir et nous quitterons au petit matin. On envoie aussitôt le pavillon “Q” dans les haubans. C’est un drapeau jaune qui indique que nous ne sommes pas en règle et que nous invitons les douanes à monter à bord. On ne sait jamais… on est quand même entrés en territoire Vénézuélien…
Le lendemain, alors qu’on se prépare à lever l’ancre pour changer de mouillage, un bateau des douanes arrive et on repose l’ancre en catastrophe.
3 militaires montent à bord de So far so good. Une heure de palabres, de papiers, de contrôle… mais Bruno et Oxana maitrisent bien l’Espagnol. Puis ils se dirigent vers nous. Bruno nous fait un topo à la VHF en 30 secondes.
“Ils sont sympas. Contrôle total de la sécurité, des papiers, et on leur a filé 20$ et un paquet de café pour qu’ils ferment les yeux et qu’on reste jusqu’à samedi. (Normalement, seul le mouillage d’une nuit est toléré).”
Pour faire plus simple, on leur explique tout de suite que “no habla Espagnol” et on file chercher Bruno et Oxana en annexe. On finit notre contrôle à 7 sur Manoir et on leur “offre” 20$ et du sucre (pour aller avec le café). Et puis le chef qui finit l’inspection remarque une réserve de bières dans la cabine arrière. Alors on se dépêche de leur en filer 3 de force dans les mains. Ils finissent par repartir et nous salueront de loin dans les prochains jours…
Du coup avec ces 2 heures de “gagnées”, on décide ne ne pas bouger. Mais dès que les douaniers ont pris le large, le capitaine se dit: “bon maintenant qu’on est en règle et sous surveillance bienveillante, on pourrait peut-être visiter les fonds… avec le harpon qui dort depuis 5 mois…”
Aussitôt dit, aussitôt fait. Et ici, le poisson a pas l’air d’avoir trop de visite, et donc pas trop de méfiance; en 5 minutes, le repas du soir est trouvé et finira sur la plancha. 2 beaux perroquets, préparés en papillote…
Le lendemain, on reprend la mer pour 20 miles de navigation. Vent toujours de face, mais cette fois les grains sont loins, et on fait tout le trajet à la voile avec un bord très sympa vers le sud-est. On arrive bien assez tôt et on se pose aux Avès de Barlovento.
Encore un mouillage de rêve, au milieu d’un atoll. On se croirait en polynésie… ici et là, quelques abris ou cabanes de pêcheurs, qui vivent sur l’ile et subsistent avec un groupe électrogène (pour conserver le poisson au frigo en attendant un bateau de ramassage). Il dorment à même le sol, parfois sous des branches, parfois sous une tente Quechua. A chaque passage ils nous saluent, mais si on les appelle pas, ils ne s’approchent pas. C’est bien simple, on se sent parfaitement en sécurité. Et on ne sera jamais embêtés…
En soirée, on se vote un petit feu de camp, poisson grillé et patates sous la cendre sur la plage. Une petite robinsonnade……avec les moustiques. Mais que le Ricard est bon quand il est bu si loin!…
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Le lendemain, changement de mouillage. On se pose près de la mangrove et nous voilà partis en expédition avec les annexes.
Bruno se souvient qu’on peut pénétrer à l’intérieur de la mangrove et après quelques recherches on finit par retrouver l’entrée. Et là, des milliers d’oiseaux, perchés dans la arbustes de la mangrove, pas farouches pour un sou. Les moteurs au ralenti, la pomade à moustique largement tartinée, on flâne au milieu de ce refuge avicole.
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Mais on a épuisé notre crédit d’indulgence auprès des douaniers et il faut quitter la zone. D’autant que la météo prévoit une acalmie et donc une mer pas trop formée. Après une dernière nuit dans les Avès, on s’élance dès 6h du matin pour 50 miles en trace directe vers les Roquès. Cette fois, vu la distance, pas d’hésitation. Nous ne souhaitons pas encore naviguer de nuit dans cette zone et on file au moteur pour assurer le trajet dans la journée. Du coup, nous passons une bonne partie de la journée avec les lignes de traine. Sur les conseils de Bruno, on a changé les leurres, et on a mis des calamars à la place des poissons. Dont un qu’il nous a “prêté”. La suite va être intéressante.
Et bien ça marche!… on sort enfin du poisson. On commence par une belle dorade coryphène de 80 cm, qui nous fera bien 3 repas de marinade. La dernière datait de la transat avec Pat et Alain et avait régalé nos amis Mâconnais à Saint-François!…
On enchaine avec un barracuda que la capitaine ramène jusqu’au tableau arrière. Mais au moment de le remonter, un mouvement vif et l’animal se libère.
Entre-temps, la grosse canne avec le leurre prêté par Bruno a vu un départ très musclé. Le temps d’attraper la canne et de freiner le fil et tout redevient bien mou?!… 5 minutes plus tard, le fil est rembobiné et nous constatons que le bestiau a tout emmené. Bas de ligne, leurre, émerillon, il n’y a plus rien. On aura du mal à rendre le leurre prêté😧
Et aussitôt, nouveau départ sur la seconde canne. Un nouveau barracuda, qui se débat et saute hors de l’eau. Celui-là à l’air paniqué!…
C’est en le ramenant près du bateau qu’on comprend tout. Le barracuda, prédateur carnassier, a rencontré plus gourmand que lui!!!… et nous on récupère un demi poisson. Du coup, on va se lancer aussi dans la soupe de poissons.
Pas démontés, on relance encore notre dernière ligne. Mal nous en a pris:10 minutes plus tard, nouveau départ monstrueux, et tout ce qu’on remonte…… c’est du fil…
Visiblement, y a des goulus de bonne taille dans le secteur! On a plus un seul leurre calamar à bord. Mais bon, on a enfin du poisson frais sur Manoir…
Et tout ceci ne nous empêchera pas de rejoindre Los Roquès avant la nuit.
comment se prénomme ce palmipède aux pattes rouges et au bec bleu ?