L’Atlantique… on nous avait prévenu. Tout est plus grand, plus vaste plus large, plus gros. Souvenez-vous, plus gros…
Nous on pensait aux vagues, aux systèmes météo. Et c’est vrai que depuis Gibraltar, on a pas été déçus. Du vent stable en force et direction, mais qu’on a quand même trouvé plus fort que sur les prévisions.
Résultat, 4 jours de navigation intenses, denses et durs pour les organismes. Parfois épuisant, même moralement. Au final, on a rejoint la marina de Lanzarote, sur l’ile éponyme, où on fait une pause de 24h, avant de terminer ce premier périple vers Las Palmas. Plus que 120 miles nautiques. (200 km, et 20 heures max).
Durant cette navigation, un épisode… on navigue au portant avec notre génois tangonné. Voilà ce que ça donne.
Une voile à babord, une à tribord, ça s’appelle un ciseau. C’est super stable et ça navigue bien, y compris vent arrière. On décide de garder ça pour la nuit. Qu’est ce qui peut bien nous arriver ?!…
Vers 21:00, nuit noire sans lune, alors que le vent est monté à plus de 20 noeuds, on marche à plus de 8. D’un coup le bateau part de travers et la grand voile empanne (elle change de coté toute seule). Le Capitaine à la barre démarre tout de suite le moteur pour aider à remettre le bateau dans le bon sens, mais celui-ci cale dès qu’on demande de la puissance.
Donc, à la voile, on se remet dans le bon sens, mais entretemps, le tangon à l’avant a pas aimé. On roule le génois en catastrophe. A l’avant le tangon pend sur le coté. Il a été déboité de la cloche qui le tient au mat car lors de l’empannage, la voile à tiré en avant au lieu de pousser vers le mat. Et c’est pas fait pour ça.
On finit la nuit, un peu dépités avec la trinquette en reprenant nos trajectoires en diagonale. On se pose des questions sur ce qu’on a mal fait, on dort mal, peu , et le bateau gite beaucoup plus comme ça. Forcément …
Au matin, le soleil brille et on voit un truc qui traine derrière la bateau. Toujours à pleine vitesse, et il y a 25 noeuds. On se dit, voilà, on a pris un bout (une ficelle, une corde), dans l’hélice, et c’est pour çà que le moteur veut plus démarrer. Comme c’est un élément de sécurité majeur, on décide tout de suite de s’en occuper. On stoppe le bateau (mise à la cape, cherchez un peu……), et on attrape un bout de la corde. On essaye de tirer, mais l’autre moitié est toujours dessous, on a beau tirer, rien ne vient. Pas envie d’aller à l’eau dans cette houle de 3m et ce vent… et puis ce gros machin qui traine dans le bateau…
Grâce à une manœuvre audacieuse de relance du bateau à pleine vitesse avec un morceau de la « corde » attaché à l’avant on réussit enfin à hisser le bestiau sur le pont. 2 heures de combat quand même, hein…
Oui je parle bien de bestiau, parce que la corde en question, on a beau etre fatigués, elle est lourde et elle se débat, telle un monstre marin.
Voilà pourquoi. Imaginez notre tête quand on a vu ça dans notre sillage au matin.
On a eu de la chance de ne pas être au moteur quand on l’a attrapé. Et c’est lui qui a dû faire pivoter le bateau avec le concours d’une bonne vague pour nous faire empanner.
Perceval et Karadoc ne mentaient pas: le serpent du lac de l’Ombre existe bien. Le marinero qui nous a aidé à nous ammarer à Lanzarote n’en revenait pas …
Tangon réparé. Moral à la hausse après la douche, la sieste et le repas. Et après la nuit prochaine, prêts à repartir demain.
ouahou ENORME !