A nous l’atlantique.
Juste une image.
Vu de la citadelle de Ceuta, vers le sud.
Au pied de la plage, c’est l’espagne.
Au fond et a droite, c’est le Maroc, et l’Afrique.
Le ciel, lui, ne connait pas de frontière.
Partageons la magie…
Durant toute cette étape de 2 jours et même une bonne partie de la nuit, les dauphins ont accompagné Manoir. Même sans Johnny, ils sont venus nous voir très régulièrement, surtout la nuit. Comme l’eau était plate (jusque vers 4:00…), on les voyait même à côté du bateau sous la lune. Magique. Et quand on les éclaire avec une lampe torche, ça les excite et ils sautent. On sait maintenant pourquoi de temps en temps on retrouve le sondeur avec une mesure de 1m80 de profondeur au beau milieu de la mer. Ils nagent souvent sous la coque.
Démonstration:
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Et on peut pas vous le montrer, mais presque toute la nuit, la mer était recouverte de milliers de tous petits poissons luminescents. Dans le faisceau de la lampe avec les dauphins qui sautent, je vous laisse imaginer. On savait pour le plancton fluorescent, mais pas pour ces poissons.
Déjà l’Afrique
Nous voilà rendus à Ceuta. Déjà en Afrique et encore en Europe… Tout le monde connait Gibraltar, enclave Britannique en terre Andalouse. Ceuta est moins connue, mais c’est le miroir sur l’autre pilier des colonnes d’Hercule: enclave Espagnole (et donc Européenne) en terre Marocaine (et donc Africaine…).
Après 40 heures de navigation paisible, avec le test de notre nouveau tangon pour le spi, les dernières heures ont été plus musclées. Nous approchions de Gibraltar dans la nuit, et la météo nous donnait un vent calme jusqu’à 14h, avant une nouvelle bascule et un coup de vent d’ouest de 15 nds. Résultat, à 6h du mat, 10 nds d’ouest, et à 7h, 20 nds. Et à 8h, près de 30 nds dans les rafales. De face, c’est pas mal, et le moteur qui avait déjà du mal a lutter contre les 2 nds de courant a eu droit à notre mansuétude.
On a sorti la trinquette seule et on a continué au moteur à 25 degrés du vent pour se laisser glisser (voire chahuter !!!🤪) vers l’Afrique et aller s’abriter à Ceuta qui nous a vu arriver à 11:00. De toute façon, on avait prévu escale à Tanger. Alors là, on est juste à côté, et le réseau 4g est espagnol. Ce sera mieux pour vous parler avant de s’élancer samedi pour l’Atlantique.
Alors, souvenirs de cette étape…
Le tangon, c’est le tube qui écarte le spi sur la gauche. Il permet de naviguer vent arrière sans risque. On a déjeuné dans le cockpit à l’aise… Merci Russo!!!…
Et ça, c’est la carte de nuit en approche de gibraltar. Manoir est au milieu de l’autoroute et slalome un peu entre les supertankers et les cargos. On a pas vu d’autre voilier…
Paniquez pas les mamans … le capitaine et son mousse assurent…
A l’assaut du Mont Blanc
On ne vous a pas raconté comment on a reniflé les fesses d’un bateau toute la nuit en direction de Carthagène, cherchant à le dépasser tantôt par tribord tantôt par bâbord … sans jamais y parvenir … le bougre il nous avait aussi à l’oeil ! Chez nous en plus l’AIS bippait comme on le poursuivait et qu’il restait juste à portée.
La fête a duré toute la nuit et on a eu le temps d’observer son comportement sur l’eau. Analyse sans appel. C’est un cata, et qui marche plutôt bien. On a été bien contents quand on l’a vu tomber ses voiles et mettre le clignotant pour rentrer au port de Carthagène juste devant nous.
Et peu après, ça n’a pas loupé. On s’est retrouvés voisins de ponton. Après une première nuit de récupération (surtout pour eux, car nous on a quand même passé la soirée à la Bodeguilla, adresse connue à Carthagène), on a passé les 2 suivantes ensemble. La première en ville à la Bodeguilla après un apéro sur Mont Blanc, un beau Catana 47 qu’ils viennent juste de récupérer depuis quelques mois pour un tour du monde parti depuis 2 semaines. Et la seconde sur Manoir. Enfin, l’apéro sur Manoir, la dégustation de rhum aussi, puis les pâtes carbo sur Mont Blanc pour tout bien tasser avec un petit rosé. Du coup on s’est pas levés trop tôt pour le départ de mardi matin.
Les amis nous ont aussi prêtés des pare battages durant la nuit musclée; comme ils avaient su rester devant nous, ils ont eu la bonne place au port. Celle où le vent les éloignait du quai…
2 soirées très sympa, qui nous ont permis de faire bien connaissance avec Eric et Sabine et d’échanger des cadeaux. Rendez-vous est pris pour Noel aux Canaries, puisqu’on leur a prêté un livre. Ils sont obligés de venir nous le rendre…
D’ici là, bon vent les amis.
Le coussin offert en cadeau. Parfaitement raccord avec Manoir.
Nuit tranquille ?
La nuit de dimanche à lundi était annoncée très ventée et nous pensions être à l’abri au port. Nous avions doublé les amarres et pris toutes les mesures nécessaires pour dormir sur nos 2 oreilles… Résultat : des rafales de vent à plus de 50 noeuds à partir de 4h du matin, un bruit d’enfer, des vaguent qui claquent des gerbes de 40 mètres contre la falaise et à 6 heures, un Luc en pyjama et chaussettes de nuit rajoutant des pare battages du coté ou le vent couchait Manoir contre notre ponton… un peu plus loin, panique sur le quai car un voilier a arraché le taquet du ponton et est venu s’empaler sur l’étrave d’un autre en pivotant.
De notre côté, plus de peur que de mal, mais quand même quelque griffures sur la coque causées par le ponton en bois avant que Luc ne relève et renforce les pare-battages.
Et pour eux, Bilan 2 morts et 2 blessés. La mort dans l’âme, on a du jeter 2 boudins crevés qui ont donné leur vie pour ménager Manoir. En même temps, c’est leur mission et leur raison d’être, hein?!… morts au champ d’honneur on dira.
Un autre voilier…
En escale à Carthagène de samedi soir à mardi matin, nous avons pu visiter un autre voilier qui était en exposition le long de la jetée principale.
Malgré le coté spacieux du modèle et sa bonne tenue à la mer, nous avons finalement décidé de conserver Manoir.
Voici quand même quelques photos du bateau.
En fait, c’est El Galéon, une réplique des gallions espagnols qui a visité plein de ports dans le monde et qui tourne en ce moment en Espagne. Visite très intéressante.
Mais nous n’avons pas fait que du tourisme nous avons vaqué aussi à des taches moins nobles néanmoins nécessaires
Un bel hommage
Alors que nous approchions de Carthagene, le long de la côte Luc propose de mettre de la musique. Notre Johnny National chantait a tue-tête lorsque des dauphins sont venus l’accompagner dans une dernière danse autour de Manoir. MAGIQUE
Oup’s
Voila le genre de gros bébé que l’on peut croiser de jour comme de nuit…Impressionnant non ?
24 heures de navigation en Méditerranée…
Bon, on s’était dit en partant d’Ibiza qu’on allait attendre la fin du petit coup de vent, partir vers 15h, contourner l’ile pour arriver dans son sud avec la bascule de vent en début de nuit, qui nous pousserait ensuite gentiment sans histoire vers Carthagène avant la nuit suivante. Fastoche…
Ben on a eu tout bon! On arrivera à Carthagène vers 17:00, bien avant la nuit comme vous le montre la trace. Mais…………
Départ vers 14h, comme on a dit. Enfin, un peu en avance, au cas où… Au moteur puisqu’il doit y avoir peu de vent (10 nds max, et plutôt de face.). Hum, hum. Après 10 minutes, on constate plutôt 20 nds, et effectivement plutôt de face. Autant dire que le moteur va souffrir. Alors on ménage Manoir…Grand voile avec 2 ris (2 brides de réduction en clair), trinquette à l’avant (la petite voile pour ceux qui débutent encore…), et en avant à la voile. On fait un peu de point de croix sur la carte.
Vers 16 h, le vent fléchit un peu et comme il y a du courant (de face, sinon c’est pas drôle), pour pas se faire pousser à la côte, on rajoute un peu de puissance devant et on met le génois (la grosse voile d’avant). En gardant les 2 ris derrière, ce qui n’est pas trop orthodoxe, mais il y a encore 15 nds et puis ça passe pas trop mal.
Vers 19h, le vent se met à chuter et en plus il est bien en face, alors comme on sait que c’est juste un moment à passer, on rentre le génois et on fait un peu de moteur pour continuer à avancer gentiment. Avec toujours nos 2 ris dans ma grand voile mais elle est juste serrée au centre. C’est le moteur qui fait le boulot.
21 h. La bascule de vent arrive enfin (un truc prévu qui marche!!!…). Je (Luc) me levait juste d’une sieste préparatrice (on verra qu’elle était justifiée), et c’est avec le vent qui se lève dans notre dos qu’on doit retirer les 2 ris (pour ça, faut repartir face au vent, donc vers le Nord; mais juste 10 minutes. Quand tout va bien. )
Le vent s’installe autour de 10 nds, comme prévu, dans notre 3/4 arrière. Cathy va se “reposer” (on verra ça plus tard), et en avant la musique, toutes voiles dehors vers Carthagène. Et puis en fait, ce vent forcit vite, plus que prévu, et s’installe dans notre travers :ça veut dire plus de puissance, plus de vitesse, et plus de gite.
Manoir s’éclate. ça fonce à pleine balle entre 8 et 9 nds dans le noir. Vers minuit, Cathy se lève, avec une tête pas claire. Comme je sens bien qu’elle est pas au top, j’ai mis un peu de sud dans notre cap (d’où cette élégante courbe sur la carte), afin de réduire un peu la gîte. Je reste avec elle une petite heure. On navigue un peu sur les portières,mais ça avance. Ensuite je m’assoupis un peu dans le cockpit, et enfin je vais faire ma dernière heure de “sommeil” dans la cabine arrière.
A 3h, comme le vent s’est enfin un peu calmé, Cathy remet un peu de nord dans notre cap pour pas finir à Alger, et elle me laisse dormir une heure de plus. A 4h, c’est mon tour. Ca semble enfin devenir pepère. Erreur, à 4h30, chute du vent. Comme il en reste un peu de travers, je redémarre le moteur, cette fois-ci en gardant les voiles. Avec peu de gaz, on fabrique notre vent et on avance à 6 nds.
A 6:15, le vent fini de mourir à moins de 5 nds et ce qui reste est de face. Je roule le génois, et moteur seul.
6:40, le vent rebascule de 40 ° et remonte au dessus de 10 nds. Je stoppe le moteur et je remets les voiles. Tout dehors. Et le vent recommence à forcir. Comme Cathy est pas fraiche, je lui dis de rester dormir. De toute façon je préfère gérer la remontée en puissance.
Entre 7 et 9, le vent remonte au-delà de 20 noeuds. Ca gite à nouveau fortement. A9h, Cathy est levée depuis 1 heure et comme ça devient trop fort on remet un ris dans la grand voile et on roule le génois de 3 tours. Même comme ça, ça avance toujours fort.
A 10 heures, le vent refaiblit, on déroule le génois. A 11 heures, comme c’est stable, on retire le ris de la grand voile. Vers midi, le vent repasse plutôt de face et remonte à 20 noeuds. On remet un ris et on garde tout le génois. A 11h30, ça redevient maniable et on renvoie le ris. Et vers 15 heures, le vent s’éteint enfin (prévu vers 10 heures ce matin 🤯), et on rentre les voiles pour finir au moteur.
Voilà. Les joies de la navigation en Méditerranée. ça passe du tout au rien en peu de temps et plusieurs fois par jour. On espère bien que la transat, c’est comme on nous a dit: du vent stable en force et direction. Parce qu’on en a un peu marre ce soir de changer tout le temps de voiles sur Manoir. En même temps, c’est comme ça qu’on reste en sécurité. Et chapeau a Gabart et les autres qui font tout ça tout seuls pendant plusieurs mois de suite.
Pendant ce temps dans la cabine de Cathy…il faut imaginer: 30 degrés de gite alors que ça devait être une nuit fastoche…
“Mais comment il veut que je dorme! Impossible de me caler. Ca bouge tout le temps, de droite à gauche et d’avant en arrière (forcément, roulis et tangage; on est en mer et il y a des vagues. De travers…). Seule stratégie possible. Tenter le coup du poulpe en écartant bras et jambes pour se caler contre la paroi et la prestation dans un sac de couchage. Et là, un éclair dans ma mémoire: Lucie, au théatre d’improvisation, condamnée à mimer une étoile de mer. Très belle prestation, mais je réalise qu’en fait elle mimait une navigatrice en train d’essayer de dormir à la gîte. < em>Et puis c’est quoi tout ce rafut?!… On dirait qu’il y a un mec qui tape sur la coque toutes les 3 secondes. Et un autre contre la cloison qui joue avec une balle de ping pong à chaque vague. Les drisses qui tapent, j’avais l’habitude, mais là, c’est quoi?< em>Je vais devenir dingue! Faut que je me calme. J’essaye de me boucher les oreilles, ça va m’aider. Mais non, les coups sont tellement sourds que je les entends même,avec les doigts dans les oreilles. <<<<<<
thy a peu dormi, et ce matin au réveil, il y avait un ours sur Manoir à la chevelure hirsute🧟♀️. Sans compter qu'elle mange peu parce que côté digestif c'est pas tout a fait ça !!! 🤢
Après enquête, il s'avèrera que les coups étaient dus à l'écoute de spi qui tapait sur la coque sous le vent. La balle de ping pong, c'est le savon de Pat et Alain qui pendait à sa ficelle et qui tapait sur la cloison à chaque roulis. Et maintenant toutes les drisses sont frappées sur les côtés (elles tapent quand elles sont attachées au pied de mat).
Ce soir, nuit au port de Carthagène. Et demain, sans doute pareil avant de repartir pour viser Gibraltar le 13 Décembre.