L’archipel de Los Roques

Après les Avès, nous voila débarquant à Grand Roque pour nous mettre en règle… on ne peut pas garder le drapeau jaune innocemment tout le temps! Nous avons donc passé plusieurs heures d’un bureau à l’autre, d’un coté de l’ile à l’autre sous un soleil 🌞 de plomb, et tout ceci dans un ordre bien précis : les gardes côtes, la guardia civile, le parc national, les customs (Nous rentrons dans un bureau ou 2 filles sont très occupés à regarder chacune une série sur leur ordinateur respectif; Bruno se voit réclamer 210$ pour son catamaran en appliquant un taux de change à 250… il négocie un peu et obtient un taux de change de 300 ce qu’il fait qu’il paye 175 $, bien content. C’est à notre tour… Il faut savoir que les calculs s’établissent en fonction de la taille du bateau.Théoriquement nous devrions donc payer plus cher…☹️ pour Manoir. Elle prend son barème , annonce 225$, applique rapidement le même principe que Bruno pour le taux de change on se retrouve avec une note de 187 $, entre temps elle fait des papiers, des écritures, parle, oublie un peu les chiffres et fini par nous réclamer 170 $ …😜tout va bien le compte est bon !!! Faut pas s’étonner que ce pays ait quelques problèmes de gestion de finances publiques.…

Nous terminons le lendemain par l’immigration car les bureaux étaient fermés. On se déleste encore de 40 dollars ( 20$ par personne.Marc et Rosemonde ont sollicité une réduction pour petites retraites et ont obtenu un total de 30 $ au lieu de 40 …allez savoir !!!!)

Chaque fois nous présentons les papiers du bateau et nos passeports et ils remplissent des lignes sur des grands cahiers : signatures, tampons, photocopies … on y est !!! Heureusement ils sont très gentils et Oxana entretient la conversation. Pour nous , cela aurait été bien plus difficile sans les copains puisque nous , nous ne parlons pas un mot d’Espagnol et pour la majorité des locaux, pas beaucoup d’Anglais 😏

Mais ce qui importe ici c’est la magie de cet endroit: c’est comme nulle part ailleurs. La mer est bien souvent couleur turquoise et les plages sont jonchées de nombreux coraux morts. Nous sommes accueillis par de nombreux pélicans qui survolent les bateaux

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du linge partout aux étendages…

… des gros bidons bleus qui tiennent lieu de réservoirs d’eau sur les toits de chaque maison (remplis par des camions citernes),

… de nombreux poteaux électriques avec un capharnaüm de cables mais aussi quelques panneaux solaires pour les lampadaires de la ville et une rue centrale assez large tout en sable qui mène au petit aérodrome à l’autre bout de l’ile …

Comme un air de far west … des photos, des affiches et un culte voué au défunt président Vénézuélien Hugo Chavez; une population jeune avec beaucoup d’enfants , une école 🏫, un petit collège, un dispensaire, la salsa, des cafés bistrot restauration toutes les 2 maisons…visiblement ils essayent de subsister grâce au tourisme après la pêche .

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Quelques petits commerces approvisionnés une fois par semaine autant dire qu’il ne faut pas trainer pour les courses… les gens font la queue et ont des cartes de rationnement, ce qui fait qu’il y a du marché noir et de la corruption bien évidemment . La monnaie “le bolivar ” n’existe plus, ils en ont une nouvelle depuis cet été :”le souverain”; mais on paye en dollars et les prix sont très fluctuants suivant qu’ils appliquent l’inflation ou pas… le ti punch est passé depuis le mois de mai de 2 $ à 3 puis 5 aujourd’hui à 8 … les langoustes 🦐 restent bon marché à 8€ le kg et deviennent bientôt la base de notre alimentation.

Voyez la photo de la carte des boissons: la première fois qu’on se paye une bière à 100 millions.

Nous avons interrogé une jeune femme sur leurs conditions de vie ici : elle dit que ça va encore et qu’ici ils sont en sécurité. Le salaire d’un fonctionnaire de l’administration est de 10$ par mois … ça laisse rêveur 🤨

Pour nous encore une dizaine de jours à virer autour de ces petites iles paradisiaques avant de prendre la mer pour rejoindre dans un premier temps La Blanquilla puis Grenade. On a pas fini d’en profiter…La journée comme ici sur la petite ile de Fransesky

…ou en fin de journée sur Manoir à admirer le coucher du soleil :

De Bonaire aux Avès…

Nous avons donc quitté Bonaire de bon matin. A 7h30, nous étions en mer, bien décidés à rejoindre les Avès à la voile. La descente vers le Sud de Bonaire fut un réel plaisir. Un bord rapide, sur de l’eau plate, et Manoir qui accélère gentiment au fur et à mesure qu’on resserre l’angle au vent. On passe même une pointe à 9 noeuds.

Arrive la pointe Sud de l’ile et on se retrouve face à la mer et aux vagues. Mais la route est bonne, la vitesse correcte et on continue. Puis So far so good apparait derrière nous à l’AIS, avec une heure de retard (ils ont fait les pleins et dû attendre l’ouverture de la marina pour payer.Et non, on est pas partis comme des voleurs!… nous on avait juste prévu le coup et payé samedi…)

Il file au moteur, cap droit au but. De notre côté, un grain approche. Le vent tourne, refuse, alors on vire de bord vers le Nord Est. La pluie arrive, et on se fait rincer comme jamais!!!… l’eau ruisselle sur le pont, la mer fume et on y voit pas à 100m. En plus, sous le grain, le vent force un peu, mais très rapidement il se calme…… un peu trop.

On persiste, alors qu’un second grain se présente. Virement de bord, rinçage sans essorage, puis calme.

Et puis un troisième grain, puis un quatrième… l’heure tourne et on avance pas vite, surtout par manque de vent. On finit par rentrer dans le rang et démarrer le moteur. Au moins, on arrivera de jour, et la soirée sera calme. A l’arrivée, Bruno nous confiera en rigolant qu’il a vu tous les grains nous passer dessus alors que lui, un peu plus au Nord, n’en a subit qu’un seul, et pas méchant……

Voici notre trace du jour: 48 miles en 8 heures dont la moitié au moteur.

Le mouillage est splendide, on est les seuls voiliers dans les Avès de Sotavento. 3 vedettes à couple sur la plage sont là pour dormir et nous quitterons au petit matin. On envoie aussitôt le pavillon “Q” dans les haubans. C’est un drapeau jaune qui indique que nous ne sommes pas en règle et que nous invitons les douanes à monter à bord. On ne sait jamais… on est quand même entrés en territoire Vénézuélien…

Le lendemain, alors qu’on se prépare à lever l’ancre pour changer de mouillage, un bateau des douanes arrive et on repose l’ancre en catastrophe.

3 militaires montent à bord de So far so good. Une heure de palabres, de papiers, de contrôle… mais Bruno et Oxana maitrisent bien l’Espagnol. Puis ils se dirigent vers nous. Bruno nous fait un topo à la VHF en 30 secondes.

“Ils sont sympas. Contrôle total de la sécurité, des papiers, et on leur a filé 20$ et un paquet de café pour qu’ils ferment les yeux et qu’on reste jusqu’à samedi. (Normalement, seul le mouillage d’une nuit est toléré).”

Pour faire plus simple, on leur explique tout de suite que “no habla Espagnol” et on file chercher Bruno et Oxana en annexe. On finit notre contrôle à 7 sur Manoir et on leur “offre” 20$ et du sucre (pour aller avec le café). Et puis le chef qui finit l’inspection remarque une réserve de bières dans la cabine arrière. Alors on se dépêche de leur en filer 3 de force dans les mains. Ils finissent par repartir et nous salueront de loin dans les prochains jours…

Du coup avec ces 2 heures de “gagnées”, on décide ne ne pas bouger. Mais dès que les douaniers ont pris le large, le capitaine se dit: “bon maintenant qu’on est en règle et sous surveillance bienveillante, on pourrait peut-être visiter les fonds… avec le harpon qui dort depuis 5 mois…”

Aussitôt dit, aussitôt fait. Et ici, le poisson a pas l’air d’avoir trop de visite, et donc pas trop de méfiance; en 5 minutes, le repas du soir est trouvé et finira sur la plancha. 2 beaux perroquets, préparés en papillote…

Le lendemain, on reprend la mer pour 20 miles de navigation. Vent toujours de face, mais cette fois les grains sont loins, et on fait tout le trajet à la voile avec un bord très sympa vers le sud-est. On arrive bien assez tôt et on se pose aux Avès de Barlovento.

Encore un mouillage de rêve, au milieu d’un atoll. On se croirait en polynésie… ici et là, quelques abris ou cabanes de pêcheurs, qui vivent sur l’ile et subsistent avec un groupe électrogène (pour conserver le poisson au frigo en attendant un bateau de ramassage). Il dorment à même le sol, parfois sous des branches, parfois sous une tente Quechua. A chaque passage ils nous saluent, mais si on les appelle pas, ils ne s’approchent pas. C’est bien simple, on se sent parfaitement en sécurité. Et on ne sera jamais embêtés…

En soirée, on se vote un petit feu de camp, poisson grillé et patates sous la cendre sur la plage. Une petite robinsonnade……avec les moustiques. Mais que le Ricard est bon quand il est bu si loin!…

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Le lendemain, changement de mouillage. On se pose près de la mangrove et nous voilà partis en expédition avec les annexes.

Bruno se souvient qu’on peut pénétrer à l’intérieur de la mangrove et après quelques recherches on finit par retrouver l’entrée. Et là, des milliers d’oiseaux, perchés dans la arbustes de la mangrove, pas farouches pour un sou. Les moteurs au ralenti, la pomade à moustique largement tartinée, on flâne au milieu de ce refuge avicole.

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Mais on a épuisé notre crédit d’indulgence auprès des douaniers et il faut quitter la zone. D’autant que la météo prévoit une acalmie et donc une mer pas trop formée. Après une dernière nuit dans les Avès, on s’élance dès 6h du matin pour 50 miles en trace directe vers les Roquès. Cette fois, vu la distance, pas d’hésitation. Nous ne souhaitons pas encore naviguer de nuit dans cette zone et on file au moteur pour assurer le trajet dans la journée. Du coup, nous passons une bonne partie de la journée avec les lignes de traine. Sur les conseils de Bruno, on a changé les leurres, et on a mis des calamars à la place des poissons. Dont un qu’il nous a “prêté”. La suite va être intéressante.

Et bien ça marche!… on sort enfin du poisson. On commence par une belle dorade coryphène de 80 cm, qui nous fera bien 3 repas de marinade. La dernière datait de la transat avec Pat et Alain et avait régalé nos amis Mâconnais à Saint-François!…

On enchaine avec un barracuda que la capitaine ramène jusqu’au tableau arrière. Mais au moment de le remonter, un mouvement vif et l’animal se libère.

Entre-temps, la grosse canne avec le leurre prêté par Bruno a vu un départ très musclé. Le temps d’attraper la canne et de freiner le fil et tout redevient bien mou?!… 5 minutes plus tard, le fil est rembobiné et nous constatons que le bestiau a tout emmené. Bas de ligne, leurre, émerillon, il n’y a plus rien. On aura du mal à rendre le leurre prêté😧

Et aussitôt, nouveau départ sur la seconde canne. Un nouveau barracuda, qui se débat et saute hors de l’eau. Celui-là à l’air paniqué!…

C’est en le ramenant près du bateau qu’on comprend tout. Le barracuda, prédateur carnassier, a rencontré plus gourmand que lui!!!… et nous on récupère un demi poisson. Du coup, on va se lancer aussi dans la soupe de poissons.

Pas démontés, on relance encore notre dernière ligne. Mal nous en a pris:10 minutes plus tard, nouveau départ monstrueux, et tout ce qu’on remonte…… c’est du fil…

Visiblement, y a des goulus de bonne taille dans le secteur! On a plus un seul leurre calamar à bord. Mais bon, on a enfin du poisson frais sur Manoir…

Et tout ceci ne nous empêchera pas de rejoindre Los Roquès avant la nuit.

En route vers les Aves

On est partis.

Beau temps belle mer… une navigation a priori tranquille.

La sortie de la marina

Le premier bord pépère

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Et puis un peu plus au travers après la première pointe.

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Manoir toujours aussi efficace dans le petit temps.

A bientôt pour des photos de langoustes.

Chère Bonaire,

Nous vous avions laissés à Curaçao, à l’ancre à Spanish Water. Et bien Manoir a finalement repris la mer. La météo était encore un peu musclée et nous annonçait 18 à 20 noeuds, pile dans le pif. Comme d’habitude, on a plutôt rencontré 18 à 25, avec une petite pointe à 33…

Mais Manoir est fait pour ça, et donc, 2 ris dans la grand voile, trinquette à l’avant et en voiture Simone! (Bonjour Roanne… 💐); on a redécouvert la gite, les virements de bord, et ça s’est bien passé. Navigation sans soucis, terminée par 2 heures de moteur pour assurer une arrivée de jour. Voilà notre trace:

A l’arrivée, oh joie oh bonheur, Bruno qui nous a précédé de 24 heures a réussi à nous réserver une place à la marina (on a juste du déloger un Suédois qui squattait depuis une paire d’heures…). Il faut dire qu’à Bonaire, le mouillage sur ancre est “verbotten”. En tout et pour tout, il y a 40 bouées, qui ne coutent que 10 $ par jours sans limitation de temps. Alors forcément ça squatte et les places sont chères à avoir. Pour notre petite escale de 4 jours, la marina à 50$ par jour nous conviendra. C’est plus cher et ça n’incite pas à rester 2 semaines, mais leur système est à revoir.

Bonaire mise tout sur le tourisme de plongée avec bouteilles, et ça se voit (l’ancre est interdite pour ne pas abimer les coraux). Tous les 200m le long de la route il y a des parkings pour garer les voitures et les plongeurs se jettent à l’eau; à 30 m du rivage, il y a déjà 15m d’eau et ça plonge très vite à plus de 100m. L’eau est cristalline, mais il y a très peu de plage de sable. Plutôt des rochers de corail et une courte grève de coraux morts.

L’ile est jolie, et plus calme que Curaçao. Nous avons donc décidé avec Bruno et Oxana de louer un 4×4 pour faire le tour de l’ile. Et effectivement, nous n’avons pas été déçus:

Au Nord, après avoir longé la côte, nous avons découvert les marais salants (côté nature), avec le parc naturel qui,occupe plus de la moitié du Nord de l’ile.

L’entrée est payante, et surtout il faut compter 3 ou 4 heures pour en faire le tour. Ce sera donc pour une autre fois. Mais déjà la partie librement accessible est sympa et on a pu y trouver quelques habitants:

Nous avons donc repris la route le long de la côte Nord. Des paysages très sympas, avec une ambiance mexicaine et l’omniprésence des 🌵 , mêlés aux rochers coralliens à terre.

Et puis au détour d’un virage, nous tombons sur un site archéologique; un gros récif qui fait maintenant une mini-falaise, et sous l’aplomb, des inscriptions indiennes précolombiennes voici le site:

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Et les inscriptions, protégée par une grille:

Ensuite petite ballade le long de la “falaise”

Au passage, une “apparition”,

De plus près……

et pour finir, une petite rencontre et une fleur locale:

Après cette première étape, un déjeuner bienvenu nous a permis de reprendre nos esprits avant de poursuivre notre périple en direction du sud.

Et là, gros changement de paysage: nous nous retrouvons dans les marais salants (côté exploitation du sel). Le site est immense, plat comme une crêpe, et la route longe la côte sud de l’ile sur plusieurs kilomètres: au passage, on découvre les cases à esclave (en béton, 1m30 de hauteur au plus, on se demande comment ils entraient là-dedans).

Le long de rives des marais, une mousse blanche envahit les talus. On pense d’abord à du sel, puis à de la pollution… en fait, il parait que c’est un phénomène normal qui annonce l’arrivée du sel et la fin de l’évaporation. Ici, avec le vent qui souffle tout du même côté toute l’année, la mousse se prend dans les herbes et les quantités sont impressionnantes:

On a croisé un jeune flamand rose qui n’avait pas forcément l’air très “flamme”, mais on lui souhaite bonne chance: On y connait rien, c’est peut-être son état normal?!…

Et pour boucler la boucle, retour vers la marina le long de la côte Ouest, elle aussi très jolie mais encore différente:

Après ces épreuves bien fatigantes (quoique climatisées…… 🤥🤫), on a rejoint la “capitale”, pour une petite soirée courses-bistrot-lèche-vitrines.

Faut dire que selon notre expert Bruno:

“L’important dans ces pays, c’est surtout de lutter contre la déshydratation!……”

On y travaille… 🍺🍹🥂…

Demain matin, 7 heures, on reprend la mer, direction les Avès de Sotavento, puis les Avès de Barlovento, et enfin Les Roquès (ou nous retrouverons un peu de wifi). Cela devrait nous prendre environ 8 à 10 jours, même s’il n’y a que 40 puis 20 miles. Ce n’est pas rapide, on vous le concède, et la météo n’est pas en cause (on nous annonce 15 noeuds maxi pendant 10 jours…). Mais il parait que les langoustes là-bas ont besoin de notre attention et que les pêcheurs locaux nous attendent avec nos quelques dollars. Ce sont des iles du Vénézuela, mais tous ceux qui en arrivent sont unanimes sur le calme qui y règne et l’accueil amical qu’on y trouve; et puis So far so good y a passé 2 mois en juin et on y retourne ensemble.

Au revoir Bonaire…

A L’EAU!!!!……

Enfin!… ça commençait à nous gratter ! Il faut dire qu’on vous avait laissés au port, et qu’il ne nous restait plus qu’à monter les voiles d’avant. Mais voilà, en mer, tout est plus compliqué. Au moment de monter le génois, patatras: au 2ème essai, une belle déchirure de 3m en tête de voile et la ralingue (la glissière qui tient la voile sur le cable d’étai) est déchirée. ☹️

Alors il a fallu se dépêcher de trouver un artisan voilier (il y en a qu’un à Curaçao) et son numéro. Une fois joint, le monsieur est très gentil, mais ne veut pas se déplacer pour venir chercher notre voile (il l’a pourtant fait il y a 2 jours pour nos voisins, mais les 70m2 de voile à porter doivent le freiner). Alors fissa, il faut retrouver une voiture de location 🚘, mais comme demain c’est le “Flying Dutchman”, le big concert de musique sur la Mambo Beach, ben il n’y a plus une voiture de dispo !

A force de chercher, on apprend que la marina loue des voitures, et plutôt moins cher qu’en ville. Il n’y en a plus de dispo, mais a force de chercher et de sourires, on finit par en trouver une le jeudi après-midi pour 24h. Nous voilà partis immédiatement chez le voilier, (qui ne travaille pas l’après-midi…), et on dépose le colis chez lui. Au téléphone il promet de s’y mettre dès le vendredi matin et de nous faire ça dans la journée. Ca tombe bien, on a pas envie de trainer jusqu’à lundi dans la marina.

Du coup, le jeudi soir, ça nous a donné l’occasion d’un barbecue improvisé avec 2 autres bateaux français présents dans la marina:

Pierre et Isabelle, sur un Pasoa 47 en alu, qui filent vers La Colombie, et Bruno et Oxana (une russe hispanophone, il parait que ça existe…), qui visent Saint-Domingue sur leur cata de 45 pied Wauquiez (le modèle de Yannick Noah) mais pas tout de suite… on va sans doute faire un petit bout de route ensemble.

Le lendemain matin, le capitaine part avec Bruno, le capitaine de “So far so good” pour faire quelques courses techniques (autant profiter de la voiture), et avant midi, on boucle tous les sujets et on récupère la voile. L’après-midi, on profite de la voiture pour bourrer les frigos de provisions, puis en fin de journée on remonte le génois.

Mais celui-ci frotte toujours et on a pas envie de ré déchirer la réparation. Finalement, après une nuit de cogitation, et encore une petite heure en haut du mat, on arrive à la conclusion que Manoir est affecté depuis le début d’une petite “tare”. La tête de l’enrouleur de génois est montée à l’envers. Et c’est une erreur faite en usine en 2008, qui ne peut pas être corrigée par nos soins. Bref, je vous passe les détails, mais avec un bricolage adapté, on parvient enfin à envoyer le génois et à tout mettre en ordre. Autant vous dire que Beneteau et Profurl (les fournisseurs) vont entendre parler du pays… et qu’il faudra une bonne raison pour redescendre le génois de là où il est.

Et après un samedi passé à ranger gentiment notre intérieur et une dernière soirée barbecue avec nos amis, nous quittons enfin la marina pour rejoindre le mouillage de Spanish Water (une grosse heure de moteur).

Du coup on repasse le chenal de Willemsted avec le pont flottant qui s’ouvre exprès pour nous et on profite à nouveau de ces jolies façades.

Et nous voilà enfin en mer!…

Le petit trajet côtier nous permet d’admirer les constructions locales et les plages huppées du secteur:

Et après le passage dans le canal très étroit, nous découvrons la baie de spanish water, vaste mais pleine de recoins. Les collines environnantes sont superbes.

Et nous mouillons enfin notre ancre au fond de la baie: admirez le labyrinthe

Après une bonne nuit de sommeil (bon, le dimanche soir, y a quand même eu beaucoup de passage de vedettes qui rentraient du week-end, mais on va pas se plaindre; il fait quand même bien plus frais qu’à la marina et on sent l’air), nous avons pris le bus avec Bruno et Oxana pour passer la journée en ville, faire les formalités de sortie de Curaçao, et charger encore les cales de boissons. Il faut dire que quand on va repartir vers l’Est, à part l’ile de Bonaire toute proche, on aura ensuite peu de ravitaillements durant 4 semaines. Faut prévoir un peu.

Mais au retour de la ville, une surprise nous attendait sur “So far so good”.Un relais électrique défaillant a mis une pompe d’eau de mer en marche forcée et celle-ci a explosé sa durite et a rempli durant 4 ou 5 heures la coque tribord. Résultat, 2 à 3 m3 d’eau et des planchers qui flottent. 😩

Autant vous dire que les 4 équipiers se sont rués sur les pompes, électriques et manuelles, et sur les seaux et écopes. Mais sans panique et dans la bonne humeur.

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Du coup, Bruno nous a tous invités au bar des pirates et la soirée s’est fini tard après un repas composé de quelques mojitos accompagnés de pinacoladas et de Corona, le tout agrémenté d’un concert live avec une voix à la Barry White sublime. Bruno a vraiment mauvaise influence sur nous!!!……

Le lendemain, (après avoir réglé son compte au relais électrique en moins d’une heure) nous avons retrouvé Marc et Rosemonde. Nous les avions connus brièvement en Guadeloupe, ou Marc nous avait aidé à tomber notre génois. Il s’était d’ailleurs bien assommé sur le plancher de notre annexe. Depuis, on les a retrouvés sur le ponton de Curaçao marine, qu’ils ont quitté 2 jours avant nous et ils traînent à Spanish Water, qui est bien plus agréable (même si l’eau de baignade est quand même un peu trouble…). Eux sont sur un Bavaria 38, Kalina, et ils en sont à 17 ans de navigation en discontinu. C’est leur dernier périple avant de revenir se poser… a Briançon, où ils ont un chalet à pas 10 km de notre cabane. Le monde est petit…

Nous profitons de ces retrouvailles pour nous organiser une petite marche sur les collines aperçues à l’entrée du chenal.

Le fort, avec des canons bien conservés:

Une vue sur la baie intérieure:

Et les petits marais salants dans la presqu’île.

Après une dernière soirée au bar des pirates avec Bruno et Oxana, qui s’est fini en blind test jusqu’à minuit sur So far so good, nos amis on repris la mer en direction de Bonaire. Nous, nous avons décidé de trainer une journée de plus, mais nous allons les suivre pour retrouver une eau plus claire et des images de plongée. Et peut être quitter les moustiques…

Faut dire que depuis lundi, ça fait 3 jours qu’on est officiellement partis… faut pas rester clandestins trop longtemps.

Alors à bientôt, a Bonaire et plus à l’Est.

Retour au paradis……

… Ou presque… 😏🤞🏽🖕🏻☔️

Lukamanoir a fait une longue pause due à notre séjour en métropole. Un été dense en déplacements et rencontres mais qui nous a aussi permis de retrouver un peu la montagne ⛰ son calme et sa fraicheur (relative). Mais là n’est pas notre propos…

Après un périple d’au-revoir à nos familles et à quelques amis qui nous a menés de Toulon à Bruxelles, via Lyon, Veauche, Roanne et Paris, l’avion nous a ramenés à Curaçao (avec une escale à Saint-Domingue, pourquoi faire simple?…).

Et là, vous pensez: “les veinards, ils sont au soleil, à se dorer la pilule et se baigner”……

Et bien, non pas vraiment!… on va pas faire pleurer Margot, mais depuis 8 jours, c’est lever vers 7h, et direction le chantier. C’est qu’il y a quand même du boulot ! Manoir a été poncé et la partie sous-marine de la coque (les oeuvres vives) a reçu 1 couche de primaire et 2 d’anti-fouling (le produit qui limite les algues et les coquillages). On a aussi fait réparer les petits coups que Manoir avait reçus depuis 10 ans pour lui redonner une coque plus nette.

Vous me direz :”tout ça, c’est pas fatiguant…voir bosser les hommes de chantier, c’est cool 🤓”. Ben oui, mais dans le même temps, on s’était réservé d’autres tâches. Et donc…

… On a démonté le système de commande du gouvernail (les drosses de barre), pour régler définitivement un problème qui nous poursuit depuis plusieurs mois (ou années………). Le “welder” local a du comprendre nos instructions en anglais petit nègre, mais le résultat est là: la gorge qui avait été crée dans la poulie est désormais protégée et le câble ne pourra plus sauter du logement (Pat et Alain doivent bien se souvenir durant la transat des manoeuvres nécessaires à chaque fois).

Et donc, avant: l’encoche à droite a été creusée par notre cable qui sautait de la poulie

Et après: une fois la poulie remontée, le cable ne peut plus sauter.

Quand au cable (la drosse), que nous voulions changer, ben il n’y a pas vraiment de gréeur dispo et équipé pour nous faire du sur-mesure. Ils sont surtout très occupés par des plus gros chantiers, et puis après inspection, l’état du cable est plutôt rassurant. Il tiendra bien encore quelques mois et à une prochaine occasion on le fera faire. Peut-être en France chez notre ami Russo qui doit avoir les machines ad hoc.

Mais il a quand même fallu tout démonter puis tout remonter et ça nous a occupé quelques heures. Puis on a fait les classiques: vidange du sail drive (la transmission à l’hélice), qui ne peut se faire que au sec. Graissage de l’hélice, remplacement des anodes sacrificielles (protections contre l’oxydation) et ponçage pour retrouver le cuivre sur les pales de l’hélice.

Et puis comme on n’a pas pu récupérer à temps le roulement de l’axe du safran (le gouvernail), et qu’on ne pourra pas le changer avant 2019, on a décidé de faire un polissage général de la coque hors d’eau (les œuvres mortes). Petit chantier……

2 fois 9 heures de boulot à 2, avec la machine infernale, mais aussi à l’éponge (nettoyage préalable), aux chiffons, avec le polish, puis le vernis, puis la finition. 3 fois le tour complet du bateau, sur échafaudage et escabeau. On vous a dit qu’on allait pas faire pleurer Margot, mais la nuit de dimanche à lundi, entre les épaules meurtries, les bras en compote et la fatigue générale, les crampes et douleurs nous ont quasiment empêchés de dormir.

Mais Manoir brille maintenant de mille feux. Et puis la coque est redevenue déperlante et il semble que les saletés vont moins facilement accrocher. Au moins durant quelques mois…

Enfin, pour faire bonne mesure, on a aussi fait fabriquer une pièce en inox pour protéger l’étrave de Manoir (la pointe avant de la coque) des coups reçus quand on remonte l’ancre. Un petit sujet pour la fixer à 4 m du sol…

Bref le lundi matin, Manoir était prêt, et O joie, O bonheur, nous allions enfin nous reposer. 🌴😎 💅🏼Les manoeuvres, toujours aussi impressionnantes, ont été menées en 2 temps 3 mouvements par le chantier.

Puis il a fallu reprendre la barre pour manoeuvrer dans le port exigu (Mais c’est comme le vélo; ça s’oublie pas) et rejoindre la place que le chantier a finalement réussi à nous libérer (c’est toujours agaçant de devoir les harceler tous les jours jusqu’au dernier parce qu’ils ne veulent rien promettre à l’avance)..

Et là, maintenant, repos et bronzage!!!……🏖

… et bien pas encore. Après une bonne nuit de sommeil (quand même), nous voilà à quatre pattes pour récurer le pont en teck; c’est sûr, avec 3 mois et demi sur le chantier, la poussière n’a pas manqué, et le bois absorbe bien, malgré les pluies quotidiennes.

Ha oui, parce qu’on a oublié de vous dire, mais ici, c’est la saison des pluies. Donc tous les jours, il tombe de l’eau. Les petits jours (samedi et dimanche, heureusement pour la location de la polisheuse), ça dure une petite heure. Certains autres, c’est plus de la moitié du temps et ici, quand il pleut… il mouille!!!… 🌦en vrai, si tu pars en courant, en 20 m, tu es trempé jusqu’aux os. Bon, il fait entre 28 et 33 degrés donc la pneumonie repassera. Mais on ne sait pas trop comment s’habiller. Torse nu, le soleil grille, et en tee-shirt, on colle en 5mn, et les pluies finissent le boulot.

Il nous reste à monter les voiles d’avant (faudra grimper avant au mat pour revisser quelques vis sur l’étai), et quelles bricoles et Manoir sera fin prêt. ⛵️⚓️

Une bonne nouvelle: tous les moteurs (y compris le hors bord de l’annexe) on démarré au quart de tour. Les batteries sont bien et le propulseur d’étrave a l’air en forme. Manoir était bien préparé pour cet estivage (c’est marrant, en ce moment, nos amis marins de France commencent à hiverner leurs bateaux…)

On y est pas encore, mais la reprise de la navigation se précise et on en profite pour échanger avec nos voisins (français, ça fait du bien…), sur les destinations locales, les iles à visiter et celles à éviter.

A bientôt sur lukamanoir pour des nouvelles plus aquatiques. 👙🏄🏻‍♀️

In Heaven and Curaçao…

… Everything is possible.

Du moins c’est ainsi que notre loueur nous a accueillis en nous donnant les clés de notre location. Car Manoir est à terre, et nous nous préparons au retour. Mais pourquoi cette citation me direz-vous?

Un petit retour en arrière, et vous allez constater qu’en effet, à Curaçao comme au paradis, tout est possible:

Tout d’abord, à notre arrivée à l’entrée de la baie, nous nous trouvons face à un obstacle de taille: un pont barre l’entrée sur toute la largeur, avec un tiran d’air de 2m et des pannes de 4 m de large. Avec son mat de 23 m, Manoir va devoir se baisser…

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Alors, problème insoluble? Et bien non. Un petit coup de VHF sur le canal 12, et sans discuter, voici le pont qui s’ouvre, coupant momentanément la ville en 2 zones piétonnes. Et pour quelques minutes, Manoir devient l’attraction de la capitale.

[wpvideo V4zgjUmm ]

Et quelques minutes plus tard, nous mettons Manoir à quai en long side pour aller faire toutes les formalités légales à pied. Le grand luxe.

Quelques jours plus tard, nous aurons le plaisir de voir la manoeuvre depuis l’autre point de vue, sur le pont, et de nuit. Tout aussi pittoresque:

A l’ouverture:

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Et à la fermeture:

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Le même soir, alors que nous nous dirigions gentiment vers un bistrot soigneusement repéré la veille, quelle ne fut pas notre surprise de voir débouler, encadrés par des policiers, un cortège de plus d’une centaine de Harley-Davidson. Sur une si petite île, c’est a peine croyable de penser qu’il puisse y avoir autant de motos si onéreuses. Quand on vous dit que tout est possible:

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Alors on se dit qu’on a tout vu, et que la sortie de Manoir de l’eau va être une formalité d’usage.

D’habitude, pour sortir Manoir, c’est simple. On l’amène dans une darse (une fosse entre 2 quais en béton d’au moins 3 ou 4 m de profondeur), et un portique équipé comme une grue vient enjamber le bateau. On passe des sangles par en-dessous, puis on soulève et on le sort de l’eau.

En gros, ça se passe comme ça: c’est impressionnant mais maintenant on à l’habitude: à Pin roland en 2016:

Depuis 2 ou 3 jours, on a repéré la marina et on a bien vu une rampe inclinée qui permet de mettre les petits bateaux à l’eau, mais elle est peu profonde le long des quais, et surtout ceux-ci sont étroits et courts. On ne voit pas bien comment un portique pourrait s’aventurer là-dessus. Et quand on s’éloigne de la rive, là où il y a assez de fond pour Manoir (2m40 de quille quand même !), il n’y a qu’un vague quai en bois sur un côté.

Et bien à Curaçao, ils n’ont pas de grues! En tout cas pas à la marina. Un tracteur, un chariot a vérins, et en voiture Simone…(pardon tata !!!)

Sans rire: ils nous ont fait avancer Manoir le long du quai, en avançant le long de la rampe. La sonde de profondeur marque 1m50 (elle est à l’avant du bateau), et on s’arrête quand la quille bute sur le béton sous l’eau!!!…

Ensuite, le tracteur pousse le chariot sous le plan incliné, le plus loin possible. Les vérins poussent les patins supports vers le haut jusqu’à soulever légèrement Manoir (20 a 50 cm à priori), puis le tracteur ressort le tout de l’eau.

Et le tour est joué:

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Ils ont peur de rien à Curaçao.

Enfin, ce matin à 8h, ils ont attaqué un lagoon 620, catamaran de 19m et 37 tonnes, avec le même matériel, et à 16h, ils ont renoncé pour aujourd’hui. Le bateau craque de partout sous son propre poids en porte-à-faux et ils vont réfléchir ce week-end à la manière de traiter le sujet.