La traversée des BVI à Saint-Domingue fut sans souci. 285 miles de navigations, vent arrière (quand il y en avait), réalisées en 50 heures dont un tiers au moteur.
On dit beaucoup que Saint-Domingue est pauvre: c’est vrai. On lit aussi beaucoup sur les blogs que la corruption règne partout et que la clearance est souvent l’occasion d’un “racket” de la part des représentants de l’autorité et que dans cette jungle, on ne sait jamais ce qu’on paye. D’autant qu’entre chaque mouvement du bateau il faut demander aux militaires un “despacio”, sorte de laissez-passer, qu’il faut donner au port suivant, et ainsi de suite. Autant d’occasion de rencontrer des personnes en uniforme.…… ambiance…
Forts de ces “informations”, nous avons jeté notre dévolu sur la baie de Samana et la marina de Puerto Bahia. Une étape abritée qui allait nous permettre de laisser les bateaux tranquilles pour visiter la capitale en voiture à 150 km au sud.
A l’arrivée, Bruno les contacte à la VHF et ils ont 2 places pour nous. Bon augure…
On manoeuvre donc pour s’amarrer à des quais en béton flambants neufs, et surtout entre des ducs d’albe (des poteaux bois plantés de part et d’autre de notre place où on passe les amarres). Du coup la place est pas large à l’entrée et il faut rentrer bien dans l’axe avec un vent de travers… mais bon, ça se fait…
Direction, les fameuses formalités. A la marina, on réserve pour 4 nuits ( 60$ la nuit, mais au moins on sera tranquille), et on se dirige vers les formalités. Et là, surprise: les tarifs sont affichés (70$ pour le bateau et 10 par personne). Les fonctionnaires sont pas énervés par le boulot, mais ils sont gentils. Le militaire qui donne le fameux despacio fait semblant d’être pénible, mais son sourire au coin des yeux en dit long et il plaisante en anglais et en espagnol. Il ne viendra sur le bateau ni à l’arrivée, ni au départ. Tous les papiers faits en quelques minutes et aucun souci. Ce sera pareil pour notre départ. Bref, pour les formalités, Santo Dominguo, bon point.
Quand à la marina… ben pour le prix, voilà ce dont on bénéficie
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On a même pas eu le temps de jouer au billard, mais on a bien profité des piscines.
Faut quand même payer ses boissons, mais la pinacolada est à 250 péso local, soit 5$, c’est à dire 4,5€. On a vu pire.
Comme on doit filer ensuite au Nord (Turks et Caicos, puis Cuba), on a choisi de visiter le sud de l’ile en voiture. On loue donc une superbe kia (4 places quand même, mais pas plus…). Comme dit Bruno, c’est mieux les petites voitures. Pas besoin de louer un gros 4×4. Voire………
En tout cas, le loueur est confiant: pas de copie de nos permis, 100$ en liquide pour la caution, pas d’état des lieux, et avanti!… Mais on est pas des sauvages, hein; vous nous connaissez…
Notre programme est de descendre à la capitale, d’y passer l’après-midi et d’y dormir, puis de rentrer le lundi en faisant le détour vers la Romana pour visiter un peu le sud.
Réservation faite sur RBnB, cartes routières chargées sur les ipad et iphone, et nous voilà partis. La route qui file plein ouest pour sortir de la baie de Samana est pittoresque. En matinée, du monde partout, des mobylettes qui font transport en commun, des maisons au bord de la route de manière continue, un code de la route visiblement “local”, et des ralentisseurs façon “anti-char” à chaque école ou traversée de village. (Sauf que le village est continu……). Bref, Nono le pilote est attentif et prudent et fait bien attention à ne pas abimer les amortisseurs de titine. Il est tôt, on est pas pressés… le revêtement est correct et notre moyenne flirte avec les 40 km/h.
Après une trentaine de kilomètres on rejoint l’A7. Et oui, vous avez bien lu, l’autoroute A7!!!… Et ici aussi, c’est l’artère principale qui permet de rejoindre le sud. Et ici aussi, il y a des péages. Bon, le premier a les barrières levées (pourtant pas de gilet jaune à l’horizon…), mais au suivant, on nous demande 200 pesos et ce sera pareil à l’arrivée sur la capitale. Système ouvert donc pour les initiés (pas de ticket, tarif unique).
Bon, l’autoroute à 2 voies; point barre. Et la plupart du temps, interdit de doubler. Faut dire que ça monte et ca descend, ca vire aussi pas mal, parce qu’on traverse des massifs bien montagneux avec des talus taillés à la dynamite dans la lave. Mais comme c’est désert et que le revêtement est quasi neuf, on file à bonne allure vers le sud, et on arrive à destination avant midi comme prévu. Tutto va bene!…
Santo Dominguo est la plus ancienne capitale des Antilles. La ville coloniale est restée très pittoresque, et l’ambiance est clairement hispanisante. On trouve de belles facades coloniales, de nombreuses églises, les restes en ruine du premier hôpital construit aux antilles. Dès notre arrivée (direct grâce à gogol et au tandem de pilotage), une mobylette nous guide jusqu’à un parking (où il n’y a plus de place), puis dans une rue adjacente où on trouve facilement à se garer pour la journée.
Immédiatement, on cherche à se désaltérer (faut s’hydrater dans ces régions il,fait très très chaud 🥵 on marche à l’ombre !!!), puis à se restaurer (mmh, les tapas jambon-queso du Condé…). Ici, on propose de la sangria et c’est bien de pouvoir varier un peu les plaisirs.
Un guide qui s’est proposé dès notre arrivée nous amène dans les boutiques de cigares, les fabriques de bijoux (la pierre de larimar est originaire d’ici et ils la travaillent très bien ), on goûte au chocolat local (excellent), bref on profite…
La cathédrale,
Les ruines de l’hôpital colonial:
Le mémorial des héros de l’indépendance,
La plaza de Espana,
L’équipe et le guide,
Pour nous aider, on a trouvé lors d’une escale un vieux guide du routard en français de 2008; en soirée, on part à la recherche d’un bon établissement pour se sustenter et malgré l’ancienneté de nos informations, on fait mouche dès la seconde tentative.
Vers 22 heures, à bord de notre vaillante Kia, nous partons à la recherche de notre location. On bute 2 fois sur un mur à 50m de l’arrivée (google maps hors connexion, c’est moins bien…), mais 5 minutes de plus et c’est réglé. Encore 5 minutes pour trouver le gardien qui a nos clés, puis 5 de plus pour trouver le bon ascenseur, mais à l’arrivée, l’appart est nickel, la literie excellente, chacun sa salle de bain et le quartier calme. On maîtrise!…
Le lendemain matin, on retourne à la place de la libération pour un petit déjeuner en terrasse dans le calme. On est seuls à cette heure et on en profite pour admirer encore un peu les fortifications de la ville coloniale.
La porte fortifié sous la place Espana,
Tandem de pilotes toujours au top, on rejoint rapidement Bocca Chica où on trouve du premier coup le seul ship de l’île. Bruno a besoin de bouts de ficelles (sa balancine a explosé en mer et ses bosses de ris fatiguent aussi). Bon, ici, ils mesurent en inches, les cordages sont de diamètre aléatoire et pour s’entendre sur les longueurs, faut parlementer et convertir; et c’est pas particulièrement bon marché. Mais bon, Bruno trouve son bonheur et on repart vers l’Est au bout d’une heure, lestés de 2 cordes en plus.
Grâce à google maps, on trouve notre route sans souci. On fait une petite escale dans un village de pêcheurs indiqué par notre routard… que les pêcheurs ont manifestement déserté depuis au profit de quelques résidences de tourisme. Mais on promène, on se ballade, et à midi on se pose dans un petit restau pour une bonne paella sous les yeux du patron qui reste tout le repas accoudé au comptoir à 3m de nous. Aux petits soins mais un peu collant.
On repart pour notre dernière visite; à la Romana, il y a une grande fabrique de cigares. La plus grande de l’ile… et effectivement, on arrive à l’entrée de l’usine… grillagée!!!?…
En fait, elle ne se visite pas. Mais un gardien du site nous indique vaguement le magasin d’usine à quelques kilomètres. Et, toujours grâce à gogol, 10 minutes plus tard on est à destination.
Bruno nous a expliqué que les cigares dominicains sont très réputés, et d’après certains (dont lui) meilleurs que les cubains. Davidoff a même depuis longtemps rapatrié sa production ici après une brouille avec Castro et il ne s’en portent pas plus mal.
Le site est bien organisé puisqu’ils fabriquent aussi sur place ce qui permet de voir toutes les étapes et de discuter avec les ouvrières. Le travail est vraiment très soigné et les produits sont de très belle facture. Pour mémoire, c’est la fabrique des cigares Véga Fina et à la boutique, on peut acheter un peu toutes les marques (cubaines incluses). Nous, on a déjà fait nos courses hier, (et Bruno a négocié des masses de cadeaux en sus) alors ça va.
On visite au passage un petit musée sur les indiens Taïnos: petite parenthèse culture:
Les Taïnos étaient les occupants originel de ces iles à l’arrivée de Colomb (le libérateur évangéliste…). C’était un peuple très pacifique, du genre contemplatif, pas vindicatif pour 2 sous. Mais déjà, les Taïnos bénéficiaient de la sollicitude des indiens Arrawaks (leurs voisins des iles du sud) qui menaient régulièrement des raids d’une certaine sauvagerie et qui mangeaient leur ennemis (pas des anthropophages à temps plein à priori, juste les ennemis… chacun sa morale…). 🤢
Les conquistadors de Colomb ont découvert toute une culture, et notamment des objets qu’ils ne connaissaient pas. Du coup, par facilité, ils leur ont donné le nom local. Exemple, le hamac. Inconnu en europe, et adopté séance tenante par les marins de Colomb, tout heureux lors de leur transat retour de dormir dans des banettes suspendues au lieu de leur bas-flancs en bois. Idem pour l’iguane, le tabac, le barbecue, ou même l’ouragan. Au final, environ 70 mots Taïnos sont passés dans le langage mondial. Et près de 700 sont passés dans la langue de Saint-Domingue, ce qui explique que Bruno (qui se débrouille habituellement bien dans la langue de Cervantès), ait eu quelques soucis agaçants avec les barmans autochtones. 🤣
Ils ont gravé pas mal de symboles dans les grottes (les pétroglyphes), et aussi réalisé des peintures rupestres, jusqu’à leur extinction puisqu’ils ont aussi peint des caravelles espagnoles.
Après ce petit intermède, il nous faut reprendre la route. Il est bientôt 18 heures et on a près de 3 heures de route.
Pour varier un peu, on décide d’éviter l’autoroute de la côte, de monter vers le centre de l’ile et de suivre vers l’Ouest la route 66 (autre route mythique) pour rattraper l’A7 à mi-distance et rejoindre le nord et la baie de Samana où nos fringuants vaisseaux patientent.
Notre ami gogol maps nous promet une belle route.…
Au début, tout va bien. Vers le nord, les paysages changent. On suit des voies ferrées qui longent les champs de canne à sucre avec de temps à autre un convoi de wagons, plein ou en attente de chargement. Icic ils font du sucre avec la canne, pas du rhum (celui-ci est fait avec la mélasse, bien après la première pression. Du coup, ils sont pas stressés entre,la cueillette et la presse de la canne…
C’est très vert, des jolis paysages, sous un ciel bas et chargé et même quelques ondées. Mais la route est bonne et on avance vite car elle est déserte. On arrive à Santa Cruz del Seibo au bout dune grosse demi-heure. Prudents (vous nous connaissez), on se dit qu’il vaut mieux remettre un peu d’essence. Grands seigneurs, on ajoute 10 litres de carburants et on se dirige résolument vers l’Ouest. A nous la route 66 et ses motos mythiques.
Sauf que…… Sauf que…… A la sortie de la ville, d’un seul coup, le revêtement s’arrête. Ho, la piste est là, elle est large (au moins 10m), et file bien droit. Mais quand même, on se regarde… il y a quelques nids de poule; ça semble en travaux, mais que va-t-on trouver? 🧐
Faire demi-tour, c’est perdre au moins 1h30. Alors on décide d’y aller. Il fait bien jour (on est de plus en plus à l’ouest et ici, le coucher de soleil est presque à 20h), toujours peu de monde, et le pilote se joue des petits obstacles. 😉
Au bout de quelques kilomètres, on passe à côté d’une entreprise de TP, très bien équipée. Gros engins, centrale d’enrobé, ça nous rassure. Ils sont en travaux, et la situation devrait s’améliorer. 🤓
En pratique, jusqu’à Hato Mayor del Rey (25 km quand même!!!…), la situation ne s’améliore pas. Au contraire; au début, la piste passe sur des ponts neufs, qui enjambent les ruisseaux et on s’en rend à peine compte. Mais plus loin, chaque passage sur un nouvel ouvrage demande de la prudence pour monter et descendre sur le tablier. Du coup, notre moyenne s’érode doucement; mais bon, on a été prévoyants, on a loué la voiture jusqu’à demain 11h; a tout hasard…… 🧐
Par endroits, la piiste devient moins large, contourne parfois une vague maison ou un bout de terrain; on dépasse sans les détailler des panneaux “AVIS…” qui manifestement concernent l’avancement des travaux ou des expropriations. Mais bon, ça ne dure pas et on progresse. On se dit qu’après Hato Mayor, la route devrait être meilleure. Cette entreprise, elle fait bien des travaux quand même. 😟
Hato mayor del Rey, c’est pas la capitale… et en fait, la route qui continue vers l’Ouest n’a pas meilleure allure. Mais celle qui repart vers le sud (et nous promet toujours un détour d’une bonne heure…), ne parvient pas à nous séduire. Bien sûr, on galère un peu, mais on est pas des petits slips; on continue; ça peut pas empirer, c’est quand même la route 66, et elle s’achève dans 30 km. Y a bien un bout en enrobé quand même?… cette fois-ci Bruno décide d’attaquer l’étape façon spéciale de rallye-raid
Nous voilà donc repartis. Et disons-le tout de suite, ça ne s’arrange pas vraiment.;pas du tout même… Maintenant, quand les ponts sont construits, notre piste fait le tour et passe à côté, plus précisément en contrebas. Alors bon, c’est pas la saison des pluies, mais souvenez-vous: on a vu quelques ondées. Et donc, il se pourrait que les ruisseaux deviennent humides. En pratique, voici la dernière photo que nous avons pu faire avant la nuit. On voit bien le chantier (et encore, ce pont-là est presque fini), la petite Kia, le ruisseau, et surtout le passage à gué. Autant vous dire que Bruno a levé le pied depuis un moment.
Mais un passage à gué, c’est bien. C’est plutôt sûr, sous l’eau il y a des pierres, voire une chaussée en béton. Et bon, ça passe, prudemment, mais ça passe.
Maintenant, les ponts, ils sont en projet; c’est-à-dire qu’il y a une culée ou 2, une pile éventuelle au milieu des broussailles, le béton a au moins 10 ans, et notre piste serpente. Plus inquiétant, dans ce secteur, ils n’ont pas encore fait le déboisement des 2 côtés de l’ancienne piste et donc les 10m du début n’en font plus que 4 ou 5. On croise bien un véhicule de temps en temps (toujours en sens inverse… ils fuient tous quelque chose?…), et il y a toujours quelques mobylettes, mais ça ressemble de plus en plus à l’afrique.
Autre signe qui nous interpelle; quand on croise un hameau (3 maisons, 4 personnes installées devant les portes), les gens nous regardent avec curiosité ; il nous semble même parfois apercevoir le flash d’une photo. C’est sûr, on va être célèbres……
Maintenant, plus de ponts, plus de travaux, juste la piste; défoncée, hostile, de plus en plus sombre (le soleil finit par capituler), et surtout, de plus en plus humide.
Vient la première grosse flaque. Elle barre toute la piste; longue de 5 ou 6 mètres, profonde de…… ben on sait pas trop en fait. On s’arrête, on tâte le terrain. Un chauffeur de mobylette nous fait signe que c’est bon, que ça passe. Alors Bruno tente le coup. Un peu en force, avec la vitesse, ça patine un peu mais titine ressort de l’autre côté. Bien décorée au passage!…
500 m plus loin, rebelote; toujours circonspects, on finit par se lancer et ça passe encore. Et comme ça 4 ou 5 fois. A chaque fois, plus long, plus profond, plus de gerbes d’eau. Puis vient notre dessert; 3 flaques de suite, à négocier dans la foulée. On descend à pied pour reconnaître dans le soleil couchant. Un chauffeur de mobylette nous indique que c’est ok, c’est dur dessous. Bruno se lance, mais dans la troisième flaque, ça patine un peu plus, et surtout, au moment d’emballer, le moteur cale. Impossible de redémarrer.
Le pilote à le mobylette tourne aussitôt les talons et s’enfuit dans le noir (peut-être en ricanant, allez savoir). 👿👹
Ben voilà, on est plantés. On ouvre le capot. Y a de l’eau partout sur l’allumage. 🥺. Cathy a toujours des kleenex dans son sac, et cette fois encore, on est bien contents de les trouver. On essuie ce qu’on peut, ça fume de partout, mais impossible de redémarrer. On décide alors d’essayer de pousser titine pour la sortir de la flaque. On s’y met à 2, puis à 3, les pieds dans la boue, et ho-hisse. Titine avance un peu, 50cm, mais pour sortir de la flaque, il y a une marche. Et quand on l’attrape par le pare choc, ben c’est lui qui te reste dans les mains. 🤯
Personne à l’horizon. Maintenant, il fait nuit noire et on se demande si on ne va pas finir par dormir là. Bon, c’est pas l’endroit le plus sur de la planète, mais y a pas de talibans. En tout cas pas déclarés……☹️
L’équipe reste calme, et surtout soudée. On essaye de temps en temps de démarrer, en essayant de ménager la batterie. Surtout qu’on avait le projet de la démarrer en descente, mais c’est une boite auto… 😤
Finalement, après une petite demi-heure de patience, titine commence à tousser, et la chance tourne enfin. Le moteur redémarre, et le chauffeur le fait aussitôt hurler pour faire savoir aux bêtes sauvages que ce sera pas pour ce soir.
Au bout de 100m, un bruit de raclage sous le capot. Ben oui, c’est forcé. On a raclé de partout et il y a une bavette en plastique qui traine au sol. Ni une ni deux, la réparation est impossible. Plus facile de finir de l’arracher, et on reprend la route. Comment faire autrement?…
Bon, on fait quoi? Demi-tour, ça veut dire repasser tous ces passages. On aura pas tout le temps la même chance, et puis il fait nuit. A l’estime, il doit rester 5 ou 6 km avant Pulgarin. Là, encore une route qui part au sud, mais surtout on se rapproche de l’autoroute A7 et il doit bien y avoir une route revêtue avant l’entrée, bon dieu!!!…
On y va donc, pas à pas. Toujours des mares qui barrent la route, mais maintenant, Bruno les passe en douceur pour ménager l’allumage et puis il y a des passages a moitié au sec. Soudain, devant nous, 2 mobylettes et 3 jeunes. Très sympathiques, ils nous renseignent: oui, il reste un kilomètre et après la piste redevient carrossable. Ils veulent nous aider, l’un d’eux veut même prendre le volant. Mais bon, on est pas des enfants de choeur, et on refuse. En revanche, on y va plus doucement que jamais car dans ce secteur, il y a des fondrières terribles et la garde au sol de titine est un peu juste. Nos guides nous précèdent en mob, et s’arrêtent soudain. A juste titre: on est en haut d’une piste en rochers qui plonge vers le noir. Bruno s’avance prudemment tandis que j’ouvre la route à pied dans ses phares. Et dès l’attaque de la descente, titine se pose sur une dalle de roche. On se concerte 2 secondes, je passe derrière, soulage le poids de l’arrière et hop, c’est parti.
300 m de descente, façon rando en quad, et on arrive au fond du vallon. Un passage a gué de 60m de long est reconnu rapidement à pied (l’occasion de rincer pieds et chaussures), et ça a l’air bon.
Nos guides sont formels: après la remontée, la piste est meilleure. Mais ça grimpe dur et mieux vaut pousser la voiture dans la montée. Entretemps, Catny a préparé un billet de 10$ pour les remercier qu’elle a glissé dans sa poche.
Pour soulager titine, on descend et Bruno attaque. Nos 3 guides et le pitaine poussent et ça passe bien. En cours de route, l’un des 2 lâche l’affaire. Le second suit jusqu’en haut, tandis que le troisième aide Cathy à monter a pied dans l’obscurité. On se retrouve tous en haut, un peu essoufflés, mais contents d’en être sortis.
Le dernier jeune nous confirme la route, prend notre billet et nous remercie. Puis il file rejoindre ses potes, non sans nous prévenir qu’il y a des mauvaises gens sur cette route et qu’il vaut mieux ne pas s’arrêter aux habitations à venir. Ben voyons………
On reprend la piste, et effectivement ça s’améliore progressivement, on recommence à voir des maisons, de la lumière, et 5 km plus loin, c’est la délivrance! Une route. Toute neuve, même pas sur google maps, et qui file soit au sud vers Bayaguana, soit vers le nord et la baie de Samana.
On discute un peu, mais cette route est très belle, toute neuve, et on n’imagine qu’elle débouche forcément au nord et rejoint la fameuse A7.
Nous voilà donc partis vers le nord, à belle allure. D’ailleurs…… Bruno nous informe qu’avec tout ça, on est pas très larges en essence. Mais ça devrait aller, il nous reste une centaine de km, et on a été prévoyants, donc dès qu’on rejoindra l’A 7 on remettra un peu d’essence. . On roule 20 km vers le nord, en traversant quelques villages. Chaque fois qu’on peut, on tire à gauche, pour attraper ce fameux autoroute A7, dont le GPS nous dit qu’il est à 5 km à côté. On finit par arriver à Samana del médio. Del médio, ça doit vouloir dire au milieu… de nulle part. Parce que d’un coup, à la sortie du village, un carrefour en patte d’oie: la voie de gauche devient une piste au bout de 50m. Celle de droite pareil au bout de 40m.
On revient au village et on interroge la populace. Fichtre, ce qu’ils sont embrouillés! Pas d’accord entre eux, pas habitués aux touristes, parlant un patois local pas clair. On essaye de se faire comprendre, on donne les noms des villages que l’autoroute traverse mais c’est étonnant; certains nous indiquent la route par laquelle on est arrivés. Une plus jeune que les autres qui parle anglais semble nous dire que la piste y va aussi mais que c’est moins confortable. On finit pas essayer la piste de droite, mais au bout de 200m, terminus. Une barrière. Celle de gauche part mieux. Elle a l’air roulante, mais la boussole m’indique qu’on roule vers le sud, voire vers l’Est. Pas bon ça, pas bon.… je finis par persuader Bruno qu’il vaut mieux faire demi-tour de 20 km, revenir vers la route du sud qui raccordera à l’A7 et économiser le carburant en attendant, parce que la jauge baisse sérieusement, et que tomber en panne sur une piste, ça finirait la journée en beauté. Enfin, surtout la nuit, parce que là, il est bien 22 heures 30
On revient donc sur nos pas, et tandis que la jauge annonce une autonomie sous les 40Km, on interroge au passage des joueurs de billard au bord de la route “si si, gasolina, a Bayaguana. Si si, aperto, (ouvert) même à cette heure tardive”
L’arrivée à Bayaguana est un soulagement. C’est une vraie petite ville. Des commerces, des gens dans les rues, des voitures, ça sent le bout du tunnel.
Bon, rien n’est simple; donc d’explications en explications, on fait 3 stations de suite, avant d’en trouver une effectivement ouverte, avec 2 pompistes et un gardien armé d’un fusil à pompe; ambiance……. On remet 20$, histoire de plus avoir à réfléchir.
Et c’est au moment de payer que Cathy s’inquiète. “Mais où sont passés mes dollars?” Il devait rester au moins 200$ dans son portefeuille, qu’elle a sans doute laissé mal fermé sur le siège arrière quand on est descendus de la voiture après le passage à gué. Et durant la manoeuvre de poussée, par la fenêtre ouverte, ……… sont forts ces petits jeunes. On a rien vu, rien compris. Heureusement, on a perdu ni les papiers, ni les cartes bleues.
10 km plus loin, l’autoroute A7 nous tend les bras. On dira ce qu’on voudra, mais la route 66 ne lui arrivera jamais à la cheville. Les ricains sont des nains…
Dans la nuit déserte, Bruno qui a assuré comme un chef durant les 2 jours champignonne à fond. On se régale par avance de la petite bière qu’on prendra à l’arrivée (dans une heure…). Le relief autour de nous est là pour nous signifier qu’on avait aucune chance de rejoindre cette voie par le côté. Les talus sont découpés à la dynamite, et aucune route ne vient de notre droite pendant 20km…
Une fois les péages passés, on file plein Est. La route pittoresque de la veille est maintenant déserte (minuit est là). Et ça roule bien. Tellement qu’on en oublie les fameux ralentisseurs anti-char. Sur l’un d’entre eux, non signalé (comme d’hab), Bruno se fait piéger et passe sans freiner; Cathy finit la tête au plafond, et titine gémit. Il est loin le temps ou l’on passait les ralentisseurs au pas! C’est pas qu’on s’en fiche, mais la fatigue est là et la vigilance baisse. Heureusement, la porte de la marina s’offre enfin à nos regards, et c’est fourbus mais heureux que nous posons la quasi épave boueuse dans la cour pour nous précipiter à la douche et prendre un rafraichissement bien mérité. A 2 heures du matin, nous dormirons enfin, mais pas trop longtemps, afin de faire nettoyer titine par le personnel du port au petit matin avant d’aller faire quelques courses en ville et de la rendre toute propre à son propriétaire à 11 heures.
Ravi le monsieur. S’il savait……
Mais nous, je crois qu’on oubliera jamais.
Et dire qu’il y en a qui croient qu’on est en vacances!!!…
Jusqu’à ce dernier récit , chaque fois que nous lisions vos aventures nous éprouvions beaucoup de joies pour vous , et une petite nostalgie de ne pas en être , de ne pas profiter de tous ces paysages magnifiques , de ces pêches miraculeuses (et des langoustes à – presque – tous les repas)Mais là , non , juste un soulagement que vous vous en soyez bien sortis.(un peu plus pauvres , mais tant pis)
Mille bises
Quelle Aventure …..
Mais bon ca reste quand même des vacances ! La preuve, vous n’êtes pas rémunérés pour tous ca !
A très vite pour de vrai
Juju