Le rio Dulce, c’est un fleuve qui méandre à l’est du Guatemala,et s’étale dans un lac intérieur important qui finit par se jeter dans la mer Caraïbe au sud du Bélize.
C’est surtout un abri naturel contre les cyclones, car les marinas qu’on y trouve sont à près de 30 km à l’intérieur des terres, et protégées par une première chaine de montagne que le rio franchit. Les cyclones se brisent sur ces terres et les abris sont donc très sûrs.
Pour y accéder, il faut donc remonter le fleuve sur plus de 20 miles. Mais surtout, il faut franchir la barre de sable à l’entrée. Car à Livingston, port d’entrée et embouchure du fleuve, celui-ci dépose ses alluvions et les fonds sont inférieurs à 1m80.
Autant vous le dire tout de suite, sur l’eau, le chenal et les bouées sont absentes. Et de toute façon, on vous le répète, y a pas d’eau.
Ben oui, mais Manoir a 2m40 de tirant d’eau. Ça fait déjà plusieurs mois que Bruno nous suggère de couper la quille, mais on hésite. Quand même, en navigation à la voile, c’est bien utile…
Oui mais alors, me direz-vous, quoi qu’on fait? Et comment qu’on passe???
Et bien, c’est très simple, comme toutes les grands idées: on gîte (on penche le bateau, quoi…). Pour les adeptes de la trigonométrie (s’il en reste…), quel est l’angle qu’il faut donner au voilier pour que la quille qui plonge à 2m40 ne dépasse pas de plus de 1m80? On a fait le calcul: c’est au moins 40° de gîte en théorie.
C’est clair que c’est pas à la voile avec la pétole locale qu’on va tenir ça en continu. Il y a donc un truc.…
Il faut appeler avant et 2 bateaux de pêche viennent vous attendre: l’un d’eux vous attrape par le haut du mat et tire sur le côté. L’autre vous tracte (parce qu’à ces angles, le moteur de Manoir ne peut pas tourner. Et pour assurer le tout, on choisit l’heure et le jour. Une grande marée de préférence. Avec ça on ne gagne que 30 cm mais comme les 1m80 ne sont pas vraiment garantis, il faut bien tout ça.
Et au final , ça donne ça:
Vu de derrière, ça commence comme ça,
En embarqué, ça devient rapidement plus gitard…
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Et en pratique, pour passer la barre, quand faut y aller, faut y aller. copyright nono… merci à lui.
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Le passage nous aura pris un peu moins d’une demi-heure et 120$ (pour 1 mile), avec une pause au milieu car la remorque à cassé net et Manoir s’est envasé. Heureusement, ils ont bien fait giter avant de redémarrer car le safran (le gouvernail) était lui aussi coincé dans la vase, et si on force, on peut faire des gros dégâts.
Une fois la barre passée, on mouille l’ancre devant livingston et on attend la douane. Ils viennent à bord, ils prennent tous les papiers et passeports et moyennant encore 220$ (grosse journée…), ils reviennent une grosse heure plus tard tout tamponné et le permit cruising pour 3 mois. Il faudra repayer pour dépasser cette durée mais à chaque jour suffit sa peine.
Après un petit repas et un apéro tous les 3 pour nous remettre de nos émotions, nous attaquons tout de suite la remontée du rio Dulce.
La première partie suit les méandres du fleuve qui franchit les montagnes par des gorges bien encaissées. Des paysages superbes, et une navigation attentive car on est contre le courant (normal, l’eau va à la mer…), et l’intérieur des courbes est souvent encombré de bancs de sable et de troncs d’arbres qui dérivent …Sans compter les petites barques des pécheurs locaux
En haut à droite, l’embouchure du fleuve. En bas à gauche, les marinas du rio Dulce, à 20 miles nautiques.
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Au début, le lit est bien encaissé,
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Et puis petit à petit, les falaises sur les côtés s’abaissent et on s’avance vers l’intérieur des terres et le golfette.
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En chemin, les paysages sont très dépaysants et reposants
Pour finir par déboucher sur cette vaste étendue dont les fonds voisinent les 3m… pas large, mais Bruno nous ouvre la route.
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et on finit pas la traversée tranquille du golfette, puis les 3 derniers méandres, où Manoir finira par se poser sur le fond dans une courbe. Bruno a eu trop peu de temps pour nous alerter. Heureusement, une rapide marche arrière nous permettra de nous dégager sans mal et de rejoindre la marina Nana juanna où Manoir va prendre ses quartiers d’été et se refaire une beauté.
Et pour la sortie, on a mémorisé la trace……
A la marina, ils n’avaient encore jamais sorti un bateau avec une quille comme ça. Ils ont du faire fabriquer en urgence des cales plus grandes avant de le sortir de l’eau.
Mais c’est possible… Manoir l’a fait.
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