Au troisième jour, le vent a heureusement mollit et la mer s’est assagie. On a néanmoins maintenu notre moyenne à 177 miles / jour. Fafat a pu prendre ses premiers quarts, et il les tient désormais avec application. Le passage du pot-au-noir local a été l’occasion d’une baignade pour l’équipage. L’occasion aussi de constater que la plaque du propulseur n’a pas résisté aux deux jours de prés musclé et aux sargasses. Celles-ci se nichent partout et s’accrochent à l’hélice ou au safran. 10 heures de moteur ont suffit à franchir la pétole et Manoir est reparti à la voile dans des petits airs. Nous avons été surpris de croiser de nombreux bateaux. Cargos, mais aussi voiliers, qui font route vers les Açores (bien sûr), venant de Martinique ou des Bahamas. On est tous sur le même rail et la météo nous contraint à suivre les mêmes routes. comme Manoir avance plus vite que la moyenne, nous en découvrons tous les jours. Et nous les laissons progressivement en arrière. Une très grosse dépression calée dans notre Nord, avec des vents annoncés à plus de 65 nœuds, nous a contraints à suivre une route Sud. Deux journées difficiles pour toute l’équipe, avec des vents très forts et une mer très formée. Nous avons profité au début, puis subit et grandement réduit la voilure, mais Manoir a continué à allonger la foulée, avec 2 journées proches de 200 miles. Grains, vents instables en force et direction, pilote décrocheur, on a tout eu. On échange beaucoup avec nos voisins par VHF sur la météo. d’ailleurs, Fredoya est arrivé dans les parages car hier il était à 20 miles dans notre Nord arrivant des Bahamas.
On bricole tous les jours sur Manoir, mais nos échanges avec nos voisins nous prouvent qu’on est pas plus mal lotis. Ce matin, seul le câble de commande d’embrayage moteur est coincé.; on rechargeait les batteries, moteur en route et hélice débrayée, et celle-ci a tenté de se coupler au moteur toute seule. Pas bien compréhensible, mais c’est comme ça. On va s’y atteler quand la mer sera plus calme. De toute façon, la commande d’embrayage marche toujours. Seul le câble est coincé. Donc nous, on ne l’est pas, coincés…
On va encore faire route à l’Est au moins un jour, car une nouvelle dépression montre son nez au Nord, et même si elle semble moins brutale que la précédente, tout l’équipage aspire à un peu plus de repos, quitte à perdre un ou deux jours. La nuit passée a d’ailleurs été réparatrice et les bons petits plats frais ou sortis du congel aident à tenir le moral. Aujourd’hui, on espère pouvoir rejouer aux cartes et profiter de la musique avec des vents de 10 à 15 nœuds. On ne fera route au but que quand la météo sera claire.
bon baisers du bord.