Une journée « Effet Papillon »

Une fois n’est pas coutume, vous n’allez pas voir beaucoup de photos. Notre trajet entre Capraia et la célèbre île d’Elbe a été le théatre de quelques mésaventures que je vais vous narrer sans délai. Mais le médiaman était en RTT… 🤣

Je reviendrai ultérieurement sur notre petit séjour à Capraia, ile qui mérite vraiment le détour. Mais là tout de suite nous avons quelques petites choses à vous raconter.

La météo ayant annoncé un bon coup de vent du nord, nous avons décidé de quitter Capraia devenue inhospitalière et de nous diriger vers l’île D’Elbe dont la côte sud allait nous offrir un refuge sûr.

Nous sommes partis vers 11h du matin, avec un cap au 140 sous un ciel encore bleu et un vent très léger. Mais dans l’heure qui suivit, les nuages s’amoncellent et les bourrasques atteignent les 20 noeuds.

Nous avions prévu le coup, et naviguions déjà sous génois seul ; une voile facile à réduire, et qui de toute façon tire le bateau vers l’avant quand le vent vient de l’arrière .

Bien nous en a pris, car l’heure suivante nous retrouva avec des rafales à 35 nœuds et des éclairs qui illuminaient les torrents descendant du ciel . L’occasion de rouler 2 ou 3 tours de génois et de mettre définitivement derrière nous l’italien qui faisait gentiment la course avec nous. Il faut dire qu’à cette allure, même sans grand voile, on file à 9 noeuds de moyenne.

Cathy n’était pas forcément ravie de la situation (😒) mais au fond Manoir est fait pour ces conditions-là et trois heures plus tard, nous voilà déjà passant au sud de Lille d’Elbe.

Nous nous approchons du golfe Di Barbatoia et roulons la voile avant de démarrer le moteur.

Et c’est là que la situation se corse. Sans mauvais jeu de mots, car la Corse c’est pas là.…

Au bout de trois ou quatre minutes, une odeur de brûlé monte depuis l’intérieur du bateau. Je descend ouvrir les cales moteur et le verdict est sans appel: ça fume et ça pue.

Fort heureusement il ne nous reste que quelques minutes avant de rejoindre le mouillage. Cathy part à l’avant àfin de jeter l’ancre.

Mais là, comme disait Chirac « les emmerdes, ça vole toujours en escadrille »: Le guindeau refuse de fonctionner et l’ancre ne descend pas. Bon, pour ceux qui l’ignorent, il y a un mode manuel et assez rapidement nous arrivons à débloquer la situation et mettre l’ancre au fond de l’eau.

Nous jetons 30 m de chaine et nous nous dépêchons de stopper le moteur puis de descendre dans la cale pour un diagnostic rapide .

Le moteur n’est pas chaud, il y a de l’huile, du liquide de refroidissement, mais cette odeur persiste et de la fumée sort à côté du démarreur. Celui-ci est brûlant et je commence à me poser des questions. Cela dure peut-être 15 ou 20 minutes pendant lesquelles nous sommes tous les deux très affairés.

Et puis d’un coup, Cathy lève la tête et s’aperçoit que nous sommes déjà à 600 m de la plage. L’ancre a forcément été mal posée avec toutes ces péripéties Elle n’a pas accroché car nous étions pressés de stopper le moteur. L’ancre a dérapé, et nous voilà partis en pleine mer, avec 30m de chaine et une ancre de 32 kg qui pendent à l’avant. 🤔

Il y a quand même une bonne nouvelle. Le vent nous pousse vers le sud et la prochaine côte est à quelques centaines de kilomètres. Le soleil est revenu, et si le vent est encore fort a près de 18 nœuds, il y a quand même moins de vagues car nous sommes protégés par l’ile.

Avec nos petits bras, et nos 60 ans chacun, impossible de remonter ce poids à la main. C’est donc grâce a la drisse de spi que nous avons pu hisser les 30 m de chaîne en l’air avant de les reposer sur le pont.

Notez quand même que si ça vous prend 20 secondes à lire, ça nous a pris une bonne heure et occasionné quelques bleus. 🥵 Car 2 fois 10m de chaine en l’air qui battent avec la houle, même modérée, ça occupe…

Nous voilà donc en pleine mer, sans moteur et sans guindeau pour jeter l’ancre. Autant vous dire qu’on réfléchit deux minutes avant de choisir notre prochaine destination. Pas question de remonter au vent pour retourner dans la même baie et nous nous dirigeons donc presque logiquement vers la marina Di Campo, vaste et peu profonde. Il semble y avoir des mécanos à terre, mais on a pas le temps de faire la fine bouche. Il est déjà 18:00….

Histoire de rester manœuvrants, nous alternons entre le génois et la trinquette : le premier permet de bien remonter au vent, mais les virements de bord sont difficiles alors que la trinquette : eh bien c’est exactement l’inverse .

Nous tirons donc un bord le plus loin possible au nord est à l’intérieur de la baie avant de repasser sous trinquette pour nous diriger vers la gauche et la zone où nous projetons de nous arrêter.

Notre premier mouillage, puis 5 km de dérive au large, et enfin navigation pour retrouver un second mouillage.

La manœuvre de mouillage en panne moteur est un grand classique des stages de formation ; mais c’est une toute autre histoire de le faire en réel et sans filet 🥶. En plus, nous n’avons droit qu’à une seule chance, car comme je vous l’ai dit , avec le guindeau en panne, il faut une heure pour remonter la chaîne si le coup n’est pas correct. Et cette fois, la côte est tout près. Forcément, on cherche l’abri. 🤗

Nous louvoyons entre les voiliers au mouillage qui se demandent bien ce que nous faisons et dès que nous arrivons sur zone, on roule la trinquette en urgence, Cathy prend la barre pour nous mettre nez au vent sur l’élan tandis que je me précipite à l’avant pour jeter la chaine à l’eau en manuel.

Pas question de réitérer la même erreur que trois heures plus tôt et dès que 20 m de chaîne sont dans l’eau, je plonge avec masque et tuba pour vérifier la position de l’ancre. Une fois celle-ci rectifiée à la main en apnée, je remonte à bord et nous envoyons 40 m de chaîne pour être tranquilles…

La nuit qui suivit ne fut pas vraiment reposante. Après de telles aventures, il est difficile de trouver le sommeil. Mais aujourd’hui, 24 heures plus tard, je peux déjà vous donner quelques conclusions et explications. 

Un faisceau de cables électriques est monté d’origine trop proche du moteur. Les cables ont chauffé et un court-circuit a maintenu le pignon du démarreur enclenché sur le volant moteur après le démarrage. Du coup, le démarreur s’est transformé en turbine folle et a brûlé en quelques minutes.

Nous avions eu des fausses alarmes intempestives sur le moteur (température haute dès le démarrage, ce qui est impossible, etc…) depuis début juillet mais j’avais réussi à les neutraliser et je pensais régler ça à l’automne. Erreur!!!…

Le démarreur est démonté. Il est hors service et le nouveau est déjà en commande auprès d’un mécanicien local. Il nous reste trois jours pour remettre en état les cables électriques coupables et éviter le bis repetita. 

Le guindeau est à nouveau opérationnel. Il ne s’agissait que de simples problèmes de connexion électrique. C’est juste que : rappelez-vous Chirac…

Comme disait l’autre, c’est l’effet Papillon: petites causes, grandes conséquences.

Heureusement sans gravité.

Allez, la prochaine fois, je vous montre Capraia.

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