…isère…
Pour notre dernière journée de navigation, afin de rallier Saint-François depuis les Saintes, nous savions devoir affronter des conditions un peu ardues.
25 miles nautiques en ligne directe… mais avec du vent costaud (20 – 25 nds de face). Tout de suite, le trajet devient plus long: environ 40 miles. Et en plus, avec la houle d’Atlantique de face, ben la vitesse tombe aussi…Plutôt 5 à 6 nds pour tenir des caps serrés au vent !!!
Bref, nous étions prévenus et le pitaine avait pronostiqué 7 heures de trajet, avec un départ à 10 au plus tard pour arriver avant 18 heures (fermeture de la pompe à essence) et une heure de marge pour la nuit.
Alors la veille au soir, lors de la prise de bouée aux Saintes, Alain avait déjà noyé la gaffe qui repose par plus de 20m de fond. Remarquez, c’est peu par rapport aux 1000 m qui recouvrent désormais sa caméra au large de la Dominique… filmer en mer, ça présente des risques.
Au matin, après une nuit de m…, mouillage très rouleur dû à la houle du nord, on se met au travail pour remonter le hors-bord de l’annexe. 40 kilos, comme tous les jours. Sauf que cette fois, le support du mat de charge déclare forfait en plein milieu. Une soudure lâche et le mat plonge vers la mer avec le Honda 10 cv qui file rejoindre la gaffe. Le pitaine assis dans l’annexe refuse l’inéluctable et tout l’équipage se mobilise pour remonter la victime à bord. Il démarre encore et à l’air sain et sauf. Quand au support du mat de charge…
Avant, il était vertical. Le fabricant, contacté depuis, confirme la malfaçon sur la soudure et nous en envoie un neuf en express. Dans l’attente, on a trouvé un petit soudeur local.
Bref… il est 10h 15 et on est pas en avance. On prend la mer pour traverser vers la Guadeloupe : 2 ris dans la GV et trinquette devant. ça gite bien, ça avance pas très vite parce que la mer est dure, mais on y va. Et d’un coup, devant ça tire moins fort. Un truc à lâché au pied du mat. Et puis on voit la trinquette qui s’affaisse et qui descend un peu vers le pont avant… Cette fois, c’est la gaine de la drisse de trinquette qui a rendu l’âme. Elle travaille depuis 2 ans dans le bloqueur sur le mat et la tension doit être trop forte. La corde n’est pas rompue, mais elle n’est plus bloquée.
Y a pas le choix. Dans cet état, on ne peut ni naviguer, ni rouler la voile. Donc on improvise. Et grâce à une poulie en pied de mat, on arrive à reprendre la tension dans la drisse et à remonter la trinquette. Il a quand même fallu envoyer un singe à l’avant (avec gilet de sauvetage, soyons sérieux…).
Et on repart. Encore 15 ou 20 minutes de perdues. Forcément, entretemps, on a du abattre un peu et il faut serrer le vent et même tirer des bords pour éviter la côte de Basse Terre qui se rapproche. On s’active, toujours avec la même mer, et on avance doucement.
Et puis d’un coup, alors qu’on vient de virer de bord pour s’éloigner de la côte, la vitesse chute. 5, puis 4, 3, 2… on regarde derrière. Bingo! On a ramassé des casiers. Pas1, ni 2. Quatre d’un coup. Et comme ils sont liés entre eux, les filins sont pris dans la quille, devant-derrière. Même au moteur, trinquette enroulée, GV relâchée, impossible de s’en dépêtrer. Le clown de service a dû enfiler palmes masque 😷 et tuba et plonger sous Manoir pour dégager une des 2 pointes de la quille. Ensuite, en marche arrière au moteur surveillée au masque, on a pu se dégager.
Vous pouvez admirer notre trace du matin ici
Avec un zoom sur la partie “casiers”
Encore un quart d’heure de “gagné”, et on repart… on avance vaille que vaille. Le vent finit par nous autoriser à viser Gosier. Après 2 bords le long de Grande Terre( celle qui est basse…), il est déjà 16h et on décide de finir en ligne droite au moteur, calé contre la côte, pour arriver avant 18h.
17:30, on entre au port. On va pouvoir faire le plein. A 100m devant nous, un cata à moteur professionnel décolle de son ponton, traverse et s’amarre au quai de la station. On tourne dans le port pendant 15 minutes, (il est goulu le cata…), puis on décide qu’on fera le plein un autre jour. Il faut s’amarrer avant la nuit.
D’autant que… ben oui, on est samedi. Pas de personnel au port (on était prévenu), et ici, il ont des bouées qui servent de pendille et il faut l’aide d’un zodiac pour s’amarrer à l’avant. Alain a été briefé et se charge de partir devant, à la rame (ben oui, on peut plus mettre le moteur hors- bord, suivez un peu). Quand il est (presque) prêt, on engage Manoir. Et c’est pas large. Heureusement, il y a moins de vent dans la marina, parce que Alain finit bientôt avec son annexe coincée sous l’étrave de Manoir à l’arrêt avec la bouée qu’il a attaché à sa proue de l’autre côté de Manoir.
Grâce à l’aide d’un zodiac (motorisé…) bienveillant, on rétablit vite la situation sans s’énerver et on finit pas s’amarrer sans autre souci. Ha si, au fait: le propulseur d’étrave a refusé de rentrer en service au dernier moment! Comme quoi, il faut vraiment s’habituer à manoeuvrer sans…
Et puis… la veille au soir, la télécommande du guindeau avait tendu l’âme (même panne que cet été, sauf que c’est la neuve qui est cassée). Heureusement, on a avait une d’avance (la vieille, réparée à l’automne…); et puis aussi, il manque quelque chose en tête de mat: c’est normal qu’on ne reçoive plus la télé.… ça a du bouger un peu quand même là-haut.
Y a des jours……
Conclusion: Manoir n’est toujours pas en vente. On répare quelques bricoles (faudra acheter une nouvelle drisse) et on repart demain matin profiter un peu des mouillages et du vent qui a enfin baissé.
He! c’est pas parce que vous avez traversé l’Altantique sans ambages que vous ne rencontrerez jamais quelques soucis…! Mais sous les côtes, c’est moins oppressant… quoique , tout ça dans la même journée!
Courage les moussaillons! Profitez de vos derniers moments en grand équipage et gros bisous de 9 en dessous de 0°C. Mais il nous reste de l’antigel guadeloupéen, aucun soucis, reboostés!
Déjà, vous n’avez pas à casser la glace pour naviguer!
Bisous les Globe trotteurs!
pas de place au doute…une vraie et belle journée de m…. ! Courage, les amis, un bon dodo, et demain, il fera jour ! ensuite un bon mouillage quelques jours protégés sous le vent d’une ile bien au calme, quelques sorties en paddle et vous serez prêts à… recommencer !