Le grand départ

Manoir a donc pris la mer ce mardi matin, à 9:30. Nous avons quitté Saint-Martin et ses tracasseries administratives sans regrets, les cales pleines et le moral au beau fixe. Après un dernier bisous aux Teva qui avaient rejoint Saint-Barth la veille, l’équipage a mis les voiles. Une petite dernière figure de style pour passer entre l’ile d’Anguilla et Scrub Island (petit détroit large d’un demi mile), une dernière vue sur les plages de sable et l’ilot de Little Scrub et adieu la terre, pour deux semaines au moins.

La première journée, une mer malformée a bien chahuté l’équipage. Fafat a eu droit à son baptême du mal de mer pendant que Cathy et le pitaine restaient nauséeux. Une nuit plus tard, Fafat a repris des couleurs et a pu prendre son premier tour de barre. Deux heures de plaisir et de retrouvailles avec Manoir et ses sensations à la barre. Puis pour finir cette journée, son premier quart de nuit, qui est plus est sans lune.

Durant ce deuxième jour, Cathy a eu son petit coup de moins bien, mais pour ce troisième jour, le vent revient doucement des 20 nœuds du départ vers un petit 13; la mer se range et la longue houle de l’Atlantique s’installe, ce qui rend la navigation et le sommeil beaucoup plus faciles et réguliers. L’appétit est revenu, et saucisson, fromage et bières sont remontés sur le pont : un signe qui ne trompe pas ! Seule ombre au tableau, la seule tentative de pêche nous a confirmé que les sargasses sont encore trop nombreuses par ici. Et puis Manoir ne mollit pas : avec 2 ris et 5 tours au génois, une première journée à 167 miles, une seconde à 168, et aujourd’hui on accélère vers 8 nœuds avec le vent mollissant. Bah oui, la mer ne tape plus, l’angle est meilleur, et on a encore de la toile en réserve qu’on va envoyer progressivement.

Bref, tout va bien à bord, à suivre.

Pour rappel, vous pouvez suivre la position heure par heure sur ce lien :

https://www.konectis.com/embed/f1d37e4e6b5f4351115df88e5a70a8fc

Bilan des (p)réparations.

Bon!!!…

Cette fois, ça y est… on a alterné bricolage et petits restaus, et la semaine a été mise à profit pour finaliser Manoir avant le grand run.

Pour commencer, vous vous souvenez surement que nous n’avions plus de pilote auto; gênant quand on se prépare pour un minimum de 15 jours de navigation sans escale.

Malgré la bêtise et l’inefficacité de la marina locale, on a démonté vite fait la pièce au mouillage (non sans avoir balancé 45m de chaine dans 3m d’eau; sans gouvernail, pas question que l’ancre décroche). Et voilà le résultat:

Autre surprise, en plongeant sous la coque, j’ai découvert que le propulseur d’étrave s’était entrouvert (comme quoi, à force de taper dans la,mer…), et les sargasses ont du se prendre dans la plaque de fermeture qui a du coup été arrachée. Disparue…

Chantier compliqué, sous l’eau, au mouillage avec du clapot et du vent; faire la conception, prendre les mesures, fabriquer les pièces sur le,pont puis les ajuster sous l’eau……

Le propulseur tout nu à l’arrivée
Et la bête réparée après 3 jours d’efforts.

Pour mémoire, rappelons que la sangle d’amure du génois avait lâché au large de la république dominicaine, réparée à Bahia de Samana

Ainsi que l’étai de trinquette, qui est descendu sur le,pont avant de retourner rapido en haut du mat. Et la trinquette a déjà repris du service au large de Porto Rico

Et pour faire bon poids, le moteur hors-bord a commencé 8à nous faire des arrêts intempestifs. Analyse rapide: y a pas d’eau qui sort; résultat, le moteur ne refroidit pas et la sécurité électronique stoppe le moteur. En 24h, on a trouvé la pièce, le mécano, et à 18h30, le moteur était opérationnel: indispensable ici, car tous les,magasins sont accessibles en annexe, et le côté hollandais est quand même à 15 minutes a fond. Vu l’état de la pièce, fallait faire quelque chose.

Ce qu’il restait de la turbine à eau du honda

On en a profité pour acheter et fixer des barres de maintien sous la capote, car à la gîte, ça nous manquait.

Maintenant, Fafat est arrivé, les pleins sont faits, cathy finit de cuisiner et de congeler avant le départ. Mardi matin, en route.

Dernier bout de barbaque avant le régime poisson.

Les fonds d’Inagua comme si vous y étiez.

Au cours de notre dernier périple, nous avons fait une escale d’une nuit à Great Inagua, ile du sud des Bahamas, avant d’attaquer le morceau costaud Inagua-Samana.

Du fait d’une arrivée assez précoce dans la journée, nous avons pu profiter de l’après-midi pour une plongée sur les coraux locaux.

Vous en aviez découvert un peu en 2019, et donc après une interruption pour cause de bêbête microscopique, voici donc Great Inagua, saison 2.

On commence par une petite vidéo de mise en situation:

Vous voyez le genre…

Les patates de corail sont parfois très fleuries:

Et parfois plus minérales. quoiqu’à la fin, on ne sait plus très bien où est la frontière……

Et puis aussi quelques « objets » plus inédits et amusants.

Et des amis toujours présents:

Un beau diodon

Pour finir, quelques plongées « just 4 U »

Vous avez aimé cet article?……………

Vous n’avez rien vu!… Demain, on vous promet le grand jeu. Des images bluffantes, amusantes, inédites, et impressionnantes, selon votre humeur.

😋🤯👁👀🛺🔱

Les images de Bahia de Samana

Demandez le menu:

En entrée, pour ouvrir l’appétit, quelques minutes vues du ciel. Selon les images, Manoir avec ou sans son étai de trinquette.

Premier plat: vue au ras de l’eau, la végétation locale.

Quand terre et ciel se rejoignent au milieu de nulle part.

Trou normand: caméra embarquée depuis le fond d’une des baies.

Plat de résistance: visite des grottes ou les natifs se sont réfugiés pour échapper à Colomb et ses évangélistes.

Fromage: d’autres grottes, plus proches du rivage, ornées de sculptures.

Et enfin, le dessert, des beautés géologiques locales.

En prime et pousse café, une rencontre inopinée dans la gueule de la baleine.

Vous la voyez, la baleine?

Les photos du manoir de Nöé et du régime

On vous avait promis les photos à l’arrivée; compromis, chose due, maintenant que les réparations de Manoir sont finies et qu’on n’attend,plus que Fafat pour la transat, voici les images:

Les premiers à nous rejoindre pour une nuit au nord de Cuba

Et puis pour vous faire un peu saliver…

Un délice…

L’Escadrille

Repartis de la baie de Samana à 4h du matin, nous avons touché comme prévu les alizés à la punta el bufadero. Légèrement nord, ce qui nous a permis une belle trajectoire direct sud-est vers Porto Rico, que nous avons rejoint à la pointe sud aux aurores le lendemain matin. La météo nous avait fait miroiter la pétole et nous escomptions de longer la côte sud au moteur. La réalité fut tout autre et le vent soutenu à plus de 15 nœuds combiné à une mer hachée qui nous a conduit à poursuivre à la voile. En soirée, décision prise de filer toute la nuit au large plein sud-est afin de revenir le lendemain tout droit vers les îles vierges US.

En début de soirée, le pilote nous fait une petite figure pendant une prise de ris. Résultat, une suspente du lazy bag usée cassée… Pas grave, on ramasse poulies et ficelles et on poursuit notre route, y’a juste nos deux ris qui pendent un peu sur le côté bâbord de la bôme.

En milieu de nuit, le pitaine ne dort que d’un œil (et demi…) dans le cockpit (gilet capelé et longe attachée au bateau quand même), quand il est réveillé par une variation d’assiette du bateau. La suite est surréaliste. Cela fait quelque temps que le pilote fait des virements de bord intempestifs quand le vent varie un peu. Pas de vrai problème, on reprend la barre (le bateau est déjà à la cape), on fait un 360 sans toucher aux voiles, on rerègle le pilote et basta. Même pas besoin de moteur. Mais cette fois-ci, j’ai beau faire la manœuvre, le pilote recommence aussi sec. Au 3ème, Cathy arrive sur le pont, se doutant de quelque chose. Le pilote ne marche plus. Premier réflexe, je laisse le bateau se stabiliser à la cape (il ne bouge presque plus, et dérive doucement…), et je vérifie le vérin de pilote et le moteur hydraulique. Tout est ok de ce côté là, pas de fuite.

Deuxième test, on éteint l’électronique de bord, et on rallume. Tout revient, y compris loch et GPS, mais le pilote ne tient toujours pas. Je tente une dernière fois de le laisser prendre le contrôle du cap, au dernier moment j’attrape la barre et j’évite le virement de bord, mais ce n’est pas normal. La force du vérin aurait du m’empêcher de prendre la main.

Là, je commence à comprendre, je plonge au fond de la cabine arrière, et le verdict est sans appel. Le vérin n’est plus fixé à la barre. Normalement, il est attaché au secteur de barre. Un genre de tiers de camembert en fonte d’alu, de 60cm de diamètre et bien 10kg. Ce “camembert” est fixé sur l’axe du safran (le gouvernail). Soit on le manœuvre avec des câbles quand on barre à la main, soit c’est le vérin du pilote qui pousse à droite ou à gauche quand c’est lui qui gouverne. Et bien le vérin est intact, mais il a arraché un œil dans le camembert. Une pièce que j’aurais jugée indestructible…

Bref… Plus de pilote automatique. Le cauchemar en équipage réduit… Et bien figurez-vous qu’à 3 heures du matin, on a attaché la barre avec une sangle velcro. On avait GV 2 ris, et génois moins 4 tours, et le pitaine a pu finir sa nuit sans aucune alerte de cap. Bon, ça avance moins vite (4 à 5 nœuds), mais ça avance, et dans la bonne direction. Au matin, virement vers les îles vierges comme prévu. Cathy a barré 4 heures, moi 5, et la sangle, 7 heures. Et à 19 heures, nous avons mouillé notre ancre à Saint-Thomas.

Ce matin, lazy réparé (un petit tour dans le mat, et 15min de bricolage sur le pont), nous avons repris la mer pour faire du point de croix entre les îles vierges à la voile et à la barre (on connait le terrain), avec comme objectif de les quitter au nord-est dans l’après-midi et de confier à la barre à la sangle pour la nuit vers le sud-est. La météo est annoncée clémente et nous devrions rejoindre Saint-Martin demain dans la journée.

Audiard avait raison, les emmerdes c’est comme les cons, ça vole toujours en escadrille.

Le secteur de barre
L’otr’ morceau……
Et la solution…

Petites news

Pour rassurer ceux qui pourraient s’inquiéter : l’étai est réparé et remonté, bien tendu et avec une goupille de sécurité (chat échaudé…). L’anneau de point d’amure du génois est réparé et la voile est opérationnelle. Deux heures de couture à plat ventre et 12m de fil, mais on s’abstiendra quand même de trop tirer dessus. Il n’y a donc plus de problème majeur à bord. Merci au passage à Patrice et Stéphanie, navigateurs français de passage à bord du superbe Astra qui nous ont donné un bon coup de main et de bons conseils.

On profite encore un peu du site (on y reviendra ici dans quelques jours, promis), et sauf changement de météo, on décolle demain aux aurores.

Soucis au paradis

L’étape Inagua – Saint-Domingue a été musclée. On vous parle pas de tempête, mais de vent soutenu, contraire à la route, et surtout de mauvaise mer, vagues courtes, parfois croisées, et même si elles n’ont pas excédé 3m (quand même…), le bateau n’aime pas. L’équipage pas mieux… Ca gite, ça tape, et parfois ça fait des dégâts.

Commençons par l’essentiel : nous sommes arrivées à la baie de Samana à 4h du matin après 3 journées de navigation. Un bon abri dans la bahia de San Lorenzo, et un paysage que vous découvrirez plus tard qui rappelle la baie d’Along. La fameuse baie des vierges. Fatigués, mais en bonne santé; juste besoin de souffler un peu, de dormir à l’horizontale. Précisons pour ceux qui nous rejoignent pour la transat : ces conditions sont sans doute les pires du voyage retour. Météo et itinéraire plein est se marient mal ici.

Pour Manoir, les soucis sont plus embêtants. Tout d’abord, c’est la sangle basse de fixation du génois (le point d’amure) qui a lâché la première nuit. Rien de gravissime, mais cela nous a obligé à naviguer sous trinquette, puis après examen de jour, à réutiliser gégène, mais sans le dérouler en entier. Ensuite, c’est l’étai de trinquette que nous avons trouvé bien mou. La voile se balançait de bâbord à tribord à chaque vague. En mer, impossible de ne rien faire. Nous avons donc brêler un peu le truc pour l’empêcher de ganguasser dans tous les sens en attendant d’arriver à l’étape. Enfin, la dernière soirée, c’est une écoute de génois qui a cassé/ 10 minutes pour rouler la voile et refaire un nouveau nœud, et c’est reparti, mais vous comprenez que ça cumule un peu. C’est clair, Manoir est efficace dans les longues navigation et au près, les trajectoires sont tendues et on progresse assez bien contre les vents et les courants; mais les tensions sur la matériel sont énormes, et au moindre défaut, ça casse. Peut-être aussi qu’on demande un peu trop à Manoir au près. Sur des durées aussi longues, on va apprendre à le ménager un peu. Résultat de l’analyse de ce matin sur l’étai de trinquette : le ridoir s’est dévissé avec les vibrations. Il n’y avait pas de clavette d’arrêt, et le câble d’étai est parti dans les tubes. Bien sûr, ça marche moins bien. On a sécurisé le truc, commencé à démonter, et l’étai descendra sur le pont demain matin (pétole prévue), pour voir si on répare ou si on l’emmène comme ça à Saint-Martin. On peut se passer de la trinquette… Si l’opération couture à la base du génois se passe correctement.

On va faire ce qu’on peut, et du coup la pause ici fera plutôt 3 jours que 2. Le temps de bricoler quand il n’y a pas trop de vent, et du coup de visiter un peu cet baie splendide. En attendant, le second cuisine la dorade coryphène (enfin un quart de celle-ci) sortie du congel, et les flancs coco qui suivent. Et la prochaine vraie nuit de sommeil fera du bien.

A suivre.

Au régime !

Manoir poursuit sa route à l’Est.

Après avoir quitté le sud de la Floride et le Gulf stream, les vents sont plus instables, en force et en direction. En 5 jours, déjà 20 heures de moteur; mais bon, ça permet de souffler un peu et d’avancer contre les vents dominants. Faut être opportuniste.

Nous hésitons encore ce soir entre stopper à Great Inagua pour une pause ou allonger la foulée pour rejoindre Saint-Domingue. La météo semble nous promettre des adonnantes intéressantes pour y parvenir, alors que les jours suivants sont moins faciles. Mais de toute façon, le Nord de Saint-Domingue sera un peu plus musclé. A suivre…

En attendant, l’équipage est au régime. Non, je ne parle pas de notre ligne; quoique, quand Cathy lui a coupé ras les cheveux avant le départ, le pitaine s’est dit que ce serait bien de pouvoir faire disparaître aussi tout ce superflu qui s’accumule à 1m du sol au fil des années. Un coup de ciseaux et hop! A la mer les poignées d’amour. Mais bon… Ca marche pas. Non; l’équipage est au régime poisson. Avant-hier, un barracuda de 90cm a décidé de nous rendre visite. On lui a fait honneur; le pitaine a testé quelques morceaux le matin, et comme il n’a pas été malade, depuis on dévore la marinade; 3 repas… Et ce matin, nous avons encore partagé une bonite qui devait faire aussi 6 ou 7 kilos avant qu’un sagouin nous en prenne un bon tiers juste avant la sortie de l’eau. Mais le reste est au frigo après la dégustation de sashimis pendant la levée des filets. Comme quoi, pas besoin de canne à pêche : 100m de fil, 1 bon hameçon et fixé au taquet d’amarrage…

Breaking News : une nouvelle prise, une belle dorade coryphène de 1m et 6kg ! On arrête de jeter la ligne pour le moment…

Bref, le moral est bon à bord, et les miles se succèdent.