Enfin partis de Fronteras et des marinas, (après un petit faux départ et un nettoyage du calorstat et de l’échangeur du moteur), nous avons fait escale à Cayo Quemado, aussi nommée Texan Bay. Une nuit dans un havre de paix, avant de nous diriger vers Livingston pour sortir du pays. L’occasion de découvrir une autre facette de cette nature sauvage.
La baie de Cayo Quemado et Manoir dans le mouchoir de poche.
Un petit tour dans la baie en annexe nous a permis de découvrir la faune locale, et notamment ces oiseaux qui marchent sur les nénuphars. L’histoire de Jésus, mais en mieux, avec des preuves.
Et si tu bouges, il court…
Le lendemain matin, levés tôt et directions Livingston via le Rio Dulce et la partie encaissée entre les falaises. Ici, pas question de mettre les voiles et vous allez comprendre pourquoi.
2 petites heures de navigation avant de retrouver Livingston et la procédure de sortie du territoire.
Non, je ne parle pas de Raul et des papiers et visas. Je parle de çà, et de l’antifouling tout neuf sur la quille qui est resté au Guatémala. Seule différence avec l’entrée, le capitaine ne voulait pas qu’on lui n… une drisse ou une poulie, et il a donc installé solidement un bout en haut du mat pour donner à la lancha qui fait giter Manoir. Et comme à l’entrée, le bout de traction a cassé au bout de 1 min. Mais c’est mieux comme ça. Le fusible, c’est leur amarre, pas les taquets de Manoir.
La remontée le long du Belize s’est faite en plusieurs jours. Un épisode de vent du nord nous intimait de patienter. Mais patienter ne veut pas dire renoncer, ni rester immobiles.
Nous avons donc choisi de remonter 2 journées de suite, d’abord de New Heaven à Placensia, puis de Placensia aux Colson cays. A chaque fois, vent 💨 et courant quasiment de face, mais dans le couloir à l’intérieur de la barrière de corail donc avec un vent moins fort qu’au large et une mer 🌊 moins formée…mais cela signifie tout de même de faire du tricot 🧶 :une maille à l’endroit, une maille à l’envers… en gros un virement toutes les 2 heures, car le couloir n’est pas très large.
Mais c’est aussi dans ces conditions que Manoir fait valoir ses qualités de quillard de course-croisière. On remonte aisément à plus de 45° du vent et la dérive est faible, limitée au courant de face. Pour vous en rendre compte, regardez les trajectoires sur Konectis.
Enfin, la fenêtre météo s’est ré-ouverte, avec un épisode annoncé de vent de nord-est, virant progressivement à l’est. Mais avant de s’élancer vers le nord pour un run de près de 300 miles, l’équipage a décidé de s’octroyer toute une journée au mouillage aux Colson cays.
Au programme, plongée et redécouverte des fonds marins. Et c’est toujours aussi sublime.
En vidéo, c’est toujours aussi plaisant, avec des rencontres inopinées et halieutiques.
Et cerise sur le gateau, la découverte d’un requin nourrice, planqué sous un rocher et roupillant pour la journée. Un bon petit mètre de long.
Et puis, vous nous connaissez ! On aime les fonds, mais on apprécie aussi de faire quelques prélèvements plus gustatifs. C’est rapidement chose faite avec 2 poissons anges (tirés au fusil), puis 2 langoustes (attrapées à la main car l’élastique du fusil à rendu l’âme); et pour finir, un gros poisson lion, embroché à la force du poignet. Celui-là on le prend pas à la main car ses épines sont empoisonnées. Mais c’est une excellente rascasse 😋, et il faut en pêcher le plus possible car c’est un intrus dans la caraibe, sans prédateur, et qui déséquilibre les écosystèmes.
2 pêcheurs voisins sont venus nous saluer et nous ont vendu 4 langoustes de plus pour 10$… Les menus pour la remontée vers le Mexique vont pas être difficiles à établir. Il a juste fallu cuire et préparer tout ça avant le soir pour décaler le lendemain matin à l’aube.
Direction Isla Mujeres, face à Cancun avec une belle chevauchée en perspective.
1er avril… mais non, ce n’est pas une blague. Nous avons quitté Cayo Quemado ce matin. A 9h nous étions au poste frontière pour les formalités et à 10h, la « procédure » de sortie du rio avec les 2 lanchas (une pour tirer, une pour pencher) a démarré. Marée coefficient 112; plus, on ne peut pas…
Et comme à l’aller, l’amarre de traine à laché en cours de route, mais sans trop de conséquences. Comme prévu, il n’y a plus d’antifouling sur le bord tribord de la quille, ni sous l’arrête du safran. Mais le mat est intact (le capitaine avait prévu le coup et attaché solidement un bout au sommet qui ne sollicite ni poulie ni aucune pièce du mat. Du coup faut remonter pour la démonter ce soir…)
Après 3 heures de voile sous trinquette et 2 ris (on y va mollo,pour reprendre nos marques et nos réglages), nous sommes à l’abri sous le cabo très puntas. Devant nous, 2 jours de pluie et de vent du nord, alors on va laisser passer gentiment et prendre ensuite la route du Mexique avec des vents plus favorables.
Pas d’images ni de films pour le moment, (réseau faible) mais on vous mijote quelques trucs.
A bientôt. 🏝
Post scriptum: et devinez qui nous a accueillis à Très Puntas? Des dauphins, aussi heureux que nous de se revoir.
Amateurs de couchers de soleil, passez votre chemin. Nous allons parler ici un peu de technique et d’entretien.
Le Guatémala est un pays a faible pouvoir d’achat. Les salaires y sont peu élevés (10 à 20 € par jours sont déjà bien). Forcément, pour certains la vie n’est pas facile, mais le pire est encore de ne pas avoir de travail. Ceux qui vivent autour du rio Dulce ne sont pas les plus mal lotis. La présence de « gringos » (comprendre touristes ou américains, selon l’humeur) apporte un peu plus de travail et d’échanges économiques que dans d’autres régions plus reculées.
Pour ce qui nous concerne, cette différence de pouvoir d’achat nous permet de profiter des plaisirs locaux, notamment alimentaires et liquides. Mais aussi de faire travailler les corps d’états techniques.
Nous vous avons déjà parlé de la mue de Manoir, mais nous avons voulu aller plus loin. Revenus au Rio le 3 mars, nous avons commencé la préparation de Manoir avant la remise à l’eau. Mais plutôt que de faire un « simple » carénage, le capitaine a réalisé un vieux fantasme, très onéreux en France mais abordable ici. Un sablage complet de la coque, qui permet de revenir ā nu de la coque originelle. Le but est de repartir sur un revêtement neuf (primaire + antifouling), avec des produits connus; c’est la garantie pour les années suivantes d’une bonne compatibilité chimique entre ancien et nouveau produit. C’est la promesse d’une coque lisse et qui glisse mieux dans l’eau. Nombre de batailles navales ont été perdues par des flottes supérieures en nombre qui n’avaient pu caréner leurs coques avant l’engagement.
Voici l’état de la coque avant les travaux
Puis les travaux de sablage. On reconnait tout de suite le caractère « manouche » de Manoir pendant les opérations.
Au passage, on découvre des impacts avec des OFNI à l’étrave qui méritent réparation. Mais quille et safran sont en bon état.
Après sablage et ponçage à la main, la coque est blanche et douce comme une peau de bébé.
Ensuite, 2 couches de primaire epoxy, suivies de 2 couches d’antifouling (noir, semi-érodable), et Manoir retrouve sa livrée. Pour faire bon poids, un polish général de la coque (ponçage à l’eau puis polish à la machine), et le brillant ressort bien. Et enfin, comme les autocollants de l’étrave commençaient a dire leur âge (9 ans quand même), on en pose de nouveaux.
Enfin, pendant qu’un mécano local fait les vidanges et les filtres, le pitaine fait un sort à l’hélice. Tous les 3 ou 4 ans, un bon démontage, vérification, nettoyage, graissage et remontage. Au moins on sait sur quoi on part, et on supprime le peu de jeu qu’il y avait dans la liaison sail-drive hélice. Et puis c’est joli une hélice bien brossée non?
Avant de repartir de France, sachant que les coussins du carré commençaient aussi à dire leur âge (la suédine c’est sympa, mais ça vieillit…), notre ami Nery nous a refait tous les coussins, avec une qualité de travail saluée par tous.
Enfin, c’est le grand jour, et Manoir rejoint enfin l’eau, avec au passage le baptême du drone qui n’avait pas pu voler à Tikal pour cause d’interdiction.
Après tout cela, notre bien-aimé Tristan est revenu nous bâcher Manoir 4 jours (décidément, c’est l’année manouche…) pour effectuer quelques retouches de peinture qu’il jugeait (à juste titre) nécessaires. Puis Manoir a tenté de prendre la route dimanche 28 mars, mais une alarme moteur nous a rapidement conduits à faire demi-tour ! rien de grave, mais le calorstat était bien pris dans le sel, ce qui entravait forcément son bon fonctionnement. Au passage, vérification et nettoyage de l’échangeur.
Au démontage
Prêt à remonter: notez le joint découpé à la main
Résultat, ce jour, mercredi 31 mars, nous avons finalement quitté Nanajuanna, nos amis Daniel et Véro, ainsi que tous ceux qui ont bien voulu nous adresser leurs voeux de bon vent. Ce soir, Manoir dormira à Cayo Quemado, et demain, si tout va bien, sortie à Livingston.
Après cette belle année Covid (qui n’est pas encore finie), nous sommes revenus au Rio Dulce. Objectif, préparer Manoir pour la remise à l’eau et une transat retour qui doit nous ramener en Méditerranée. Mais nous y reviendrons…
Pour le moment, en attendant les marées d’équinoxe plus favorables pour sortir le bateau, nous avons profité d’un peu de détente dans notre planning et dans les restrictions sanitaires pour visiter enfin le site de Tikal. Petite expédition de 3 journées: une pour y aller (bus collectivo de 5 heures jusqu’à Flores, puis taxi durant une heure trente car loupé le dernier bus local). A l’arrivée, chambres réservées au jungle lodge pour 2 nuits, bel établissement situé à l’intérieur du parc. La garantie de s’endormir au milieu de la jungle et de ses habitants, et de pouvoir librement visiter toute une journée le site archéologique.
Et effectivement, dès notre arrivée, nous sommes confrontés à diverses populations:
Juste au dessus de la piscine, un groupe passe:
Puis un autre, qui nous fait la démonstration de son agilité: ce sont des singes araignées, à ne pas confondre avec les hurleurs; ceux-là sont plus agréables comme voisins.
La faune est riche et diverse. Nous aurons la chance de voir des Toucans, des dindons (comme dans Astérix), des porcs-sangliers, des perroquets, des singes hurleurs (ceux-là on les entend de loin), des pics (pajaro carpintero) et plusieurs autres pas forcément identifiés.
Le lendemain matin, après une bonne nuit de sommeil, nous mettons les chaussures de marche; et c’est parti pour 8 heures de déambulation parmi les ruines. Après une petite demi-heure d’approche, le site nous apparait dans toute sa splendeur.
Afin de vous donner une idée des dimensions du site, voici la fresque vue dans le hall du jungle lodge. De gauche à droite, comptez 2 km.
Pour vous la faire courte (je renvoie ceux qui veulent s’instruire vers wikipédia dont la page est très bien faite), Tikal fut une cité majeure de l’empire Maya. Créée au moins 2000 ans avant notre ère et occupée jusqu’en 900 et le déclin de l’empire, elle fut longtemps la capitale.
À l’apogée, vers l’an 700, elle devait compter entre 50 et 100000 habitants. Les monuments et bâtiments restaurés représentent sans doute moins de 10% des ruines encore présentes, sans compter les bâtiments qui ont été volontairement rasés; les mayas et leurs voisins n’étaient pas forcément les pacifistes béats que l’on imagine…
Alors une image valant 1000 mots, voici juste nos meilleures photos et vidéos sur place:
Au pied du temple du grand Jaguar dès notre arrivéeLa place centrale vue depuis l’acropole sudLa pyramide de l’est et ses stèlesLe Palacio de la VentanasLa « petite » pyramide du monde perduDécouverte du temple au sommetLa grande, vue du sud…Puis vue du nord, avec l’escalier qui permet de la gravirVue depuis le sommet de la grande. Les 3 jeux de balle (jeu de paume?) uniques en Amérique centrale. Les 7 temples. Le temple n°5L’acropole centre. Le temple 6, encore en partie à restaurerLe palacio de la Acanaduras – extérieurEt vu de l’intérieur…Le temple du jaguar au coucher du soleil
Et pour vous donner une idée, voici l’état du site lors de leur redécouverte en 1848. Le colonel Modesto Mendez a du halluciner…
Outre les monuments, on trouve aussi de nombreuses stèles: soit des dalles verticales, soit des « poufs » en pierre sculptés, ainsi que de très nombreux bas-reliefs sculptés sur les bâtiments. Petit florilège:
Un homme-oiseau
Et puis Tikal, c’est aussi une nature exubérante:
Si si, c’est un arbre… mort.
Pour finir cette escapade entre 2 séquences de rénovation du Manoir, nous avons fait étape sur l’ile de Florès, sur le lac Lago Peten Itza.
Lago Peten a hauteur du village d’El Remate
Petite ile reliée par un pont à la terre, reste d’une antique cité maya complètement disparue, et petit bijou de ruelles colorées, écrasées de chaleur (et nous ne sommes qu’au mois de mars!!!…). Avec le covid, c’est désert, et nous sommes « welcome » partout avec des gens qui nous remercient de venir leur permettre de travailler un peu avec le tourisme. Souhaitons leur de redémarrer rapidement.
Et pour vous rappeler que tout le monde a ses soucis, Covid ou pas Covid, voici une variante des fables de la Fontaine.
Arrivés à l’été 2019 au rio Dulce (prononcer rrrio doulsé 😜 n’est-ce pas Anna?…), nous avons découvert une base « technique » intéressante. Bon, pour réparer les moteurs, faut se méfier et faire un peu attention à qui on fait appel (n’est-ce pas Bruno…🧐), mais pour les travaux de peinture, réparations de coque, modifications et adaptations diverses, il y a toutes les compétences possibles, que ce soit pour le métal ou les fibres et résines
On travaille parfois avec les moyens du bord, les produits disponibles ne sont pas toujours les mêmes qu’en France, le niveau de sécurité pour les ouvriers est apprécié au cas par cas, mais les capacités techniques et la débrouillardise compensent tout cela.
Dès les premiers jours, nous avions fait la connaissance de Tristan; un (encore) jeune français, installé depuis quelques années après un précédent passage au Mexique. Bruno lui a rapidement confié des travaux de réparation d’un safran et d’un quillon qui avaient souffert d’une manoeuvre malheureuse à Union (Grenadines). Et de fil en aiguille, coque et pont ont été largement rénovés et So Far So Good est reparti rajeuni de 10 ans.
De notre côté nous étions lassés de recoudre régulièrement les coutures des fermetures éclair de notre grande capote. Si celle-ci était bien agréable pour nous protéger du soleil, force est de constater qu’au bout de seulement 4 ans, le fil « spécial UV » du fabriquant (NV équipement pour ne pas le nommer) rendait l’âme de tous les côtés. De plus les fermetures éclair les plus sollicitées recommençaient à perdre quelques dents, ce qui ne facilite pas les ouvertures et fermetures en urgence.
Le tarif prohibitif de cette société (4000 € juste pour changer les toiles) nous faisait beaucoup hésiter à faire un second renouvellement de toile seulement 4 ans après le précédent.
L’idée avait donc germé dans nos esprits de remplacer cette structure en toile et tubes par une vraie casquette rigide. Outre l’avantage de la robustesse, on améliore grandement l’abri pendant les longues navigations, et il serait possible occasionnellement de monter « sur le toit » pour travailler sur la voile ou les bosses de ris. Quand au caractère « rabatable » de la capote en toile, force est de constater au bout de 3 ans qu’on ne l’utilise jamais, car on s’abrite toujours de quelque chose: pluie ou soleil…
Mais le budget d’un tel objet en métropole……… comme c’est forcément du sur-mesure et que le moule a peu de chance d’être réutilisé, n’importe quel chantier naval nous aurait construit ça pour un minimum de 30 000€… pas vraiment accessible ! A moins de se contenter d’une structure façon « tourelle de char d’assaut », comme on en voit souvent sur les pontons. Mais nous, on est chiants; on veut beau, utile, et pas trop cher siouplait… 😜
Mais au Guatémala, la main d’oeuvre est moins chère. Et puis Tristan a travaillé plus jeune en France à la construction et la mise au point de bateaux de compétition (que des « one-off » et du sur-mesure); et puis, le challenge l’a tenté, et nous avons rapidement trouvé un terrain d’entente. Un budget de 60000 quetzals (environ 7000 €), et charge à nous de ramener les vitres en plexiglass marine de 10mm introuvables sur place.
Pour mémoire, Manoir avant les travaux, c’était ça:
Depuis l’extérieur…Depuis l’intérieur
La vitre avant pouvait s’ouvrir et se rouler. Et Naty (maman de Luke) avait fabriqué des « ailes » en sunbrella cousues sur les côtés qui amélioraient un peu la protection latérale. Visibilité correcte à travers les vitres, surtout quand on vient de les laver…
Le projet, le voici… (on ne rit pas…). En vert, les vitres, en rouge les montants, et en bleu les aérations.
Bon, en cours de route, le pitaine a quand même dressé quelques profils et vues en coupes, mais Tristan a sa propre manière de travailler, moins « mathématique » et plus « pratique » et les discussions ont été longues, nombreuses, pas toujours simples, mais au final fructueuses.
Le travail a démarré par la prise de côtes sur Manoir complètement déshabillé de son ancienne capote.
Manoir à poil
Et tout d’abord, présentation de l’atelier. On est au Guatémala, donc autant vous dire qu’on ne parle pas d’un laboratoire « salle blanche ». Pour le contrôle des températures, de l’humidité, on va faire au mieux. L’atelier est installé sous la nacelle d’un gros catamaran, (Grace) dont Tristan est le boat captain; là, on est à l’abri de la pluie, mais pas toujours de la poussière et du vent. Et puis, c’est bien rangé… 😂
Ensuite, construction du moule en contreplaqué fin sur structure en tasseaux « costauds ». Peut-etre la partie la plus longue, avec de nombreux aller-retours entre le chantier et Manoir pour vérifier les largeurs, hauteurs, courbes, etc… On commence par le toit, dont les formes et les arrondis sont essentiels pour nous. Le style, le design, ça compte…
Puis les formes du pare-brise avant, encore un peu plus complexe.
Et surtout les arrondis avant:
Ensuite, le moule a été complètement recouvert d’un « glaçage » qui permettra au final un démoulage nickel. Puis l’ensemble du moule a été recouvert d’une couche de gel-coat qui sera, après démoulage, la face visible à l’intérieur du cockpit.
On poursuit avec l’application de plusieurs couches de résines, tissus de fibre de verre, tissés ou pas selon les couches, avec dès le début des zones plus renforcées qui permettront de percer la structure pour installer les vitres.
Cette fois, « l’objet » est prêt, et Tristan et son équipe doivent le démouler. L’opération se passe bien, et le bébé est accouché sans douleur. A vous de deviner quel est le moule, quel est le projet
Entretemps, nous avons approché Manoir au quai le plus facile d’accès. En l’absence de camion, de grue, de treuil et de tout ce qui aurait pu faciliter l’approche… et bien on en revient à la marche, au portage. et le trajet n’est pas facile.
Et enfin, le bébé rejoint sa place, sur Manoir qui attendait depuis de longues semaines ce complément indispensable.
De la première photo de dépose (novembre), à la pose ci-dessus, 4 bons mois se sont déjà passés, durant lesquels le pitaine a été présent au démarrage, puis absent pour les fêtes en métropole, puis à nouveau en couple à suivre les travaux à partir de début mars à la marina. Et le covid arriva…… 🙃🤬😤🥺
Après quelques semaines de coupure et de couvre-feu quasi intégral (black-out complet à partir de 16h), Tristan et son équipe ont pu reprendre doucement les travaux, avec beaucoup de contraintes d’horaires, de protection des autres bateaux vis-à-vis des poussières (et oui, on mastique, on ponce, on mastique, on ponce, on mastique,… mais vous avez compris… )
Commence alors notre longue vie de « gitans », planqués sous les bâches pour protéger les travaux à toutes étapes (mastic, fibres, mastics, gel-coat, cire, etc…)
Mais à force de patience, de ruse et d’inventivité pour contourner couvre-feu et restrictions, les équipes de Tristan ont pu réaliser le revêtement final de la casquette, ainsi que les liaisons entre le pont et « l’objet »
Puis est venu le temps du traçage des ouvertures. Bien évidemment, entre le projet de départ et l’objet réalisé, aucune cote ne colle, et les débats avec Tristan ont été longs et passionnés; entre les soucis de robustesse de l’un (petites lucarnes) et l’envie d’ouverture de l’équipage (open space tout vitré…)
Après le traçage, le perçage, et la vérification de la solidité de l’ensemble après ouverture. On va,pas se mentir… grosse confiance. Surtout après la pose des vitres en,plexiglass de 10mm, qui contribue au final à raidir la structure.
Tristan en plein stress… tiendra? Tiendra pas?Tout percé. Notez le détail des gorges de pose des vitresLa pose des plexi après recoupePanneaux d’aération en plafond
Et enfin, après de longues semaines de patience et de nombreux travaux de finition (Tristan est très exigeant avec son propre travail), nous avons le plaisir de vous présenter le nouveau cockpit de Manoir, prêt pour de nouveaux océans.
Depuis l’intérieurEt depuis l’extérieur…
Bien sûr, à l’heure ou je vous écris, cela date un peu. Depuis juin 2020, Manoir est à terre au Rio Dulce et nous attend pour retrouver enfin son univers naturel et les grands espaces.
Rendez-vous est pris pour mars et les marées d’équinoxe afin de retrouver la mer Caraïbe et de retourner vers les Antilles. Objectif pour cet été: transat vers l’Europe et la Méditerranée pour naviguer enfin avec plus de liberté en attendant le retour à une vie sans Covid.
Juste avant les « zévènements », nous avons pu visiter le Castillo local. Bon, soyons honnêtes, c’est pas versailles, mais le site présente un charme certain, entouré d’eau de presque tous les côtés.
Comme les anciens n’étaient pas bêtes, ils ont implanté ce petit chateau-fort pile au goulet d’étranglement qui sépare le golfette (premier lac en venant des Caraïbes quand on remonte le rio depuis Livingston), et le lac Izabal, qui fait quand même 50 km de long. Cet endroit est facile à ravitailler par voie terrestre depuis les villes et villages environnants, mais logé sur une presqu’ile, il est facilement défendable. Et toute embarcation voulant transiter par voie navigable doit passer à moins de 300 m sous ses canons………
A droite, Izabal, à gauche, le rio.
El Castillo est à 4 km par la route depuis Fronteras. Mais comme on est pas plus bêtes que les anciens, on a pris notre vaillante annexe pour prendre d’assaut le chateau fort;heureusement, les canons sont hors d’usage et nous avons pu aborder sans essuyer le moindre boulet, malgré des batteries toujours en faction.
Sur l’affut des canons, on voit gravée la devise de l’ordre de la Jarretière, « Honni soit qui mal y pense ». Devise en bon françois qui rappelle à nos amis britanniques que leur contrée n’est jamais qu’une colonie normande.
Cet ordre, le plus ancien et le plus réputé d’angleterre a été crée en 1348 par le roi Edouard III. L’histoire raconte que sa jeune favorite Jeanne de Kent perdit sa Jarretière en plein bal. Le roi la ramassa, prononça la fameuse devise, s’attacha la jarretière au genou et ajouta: « ! Tel qui s’en rit aujourd’hui s’honorera de la porter demain, car ce ruban sera mis en tel honneur que les railleurs le chercheront avec empressement. »
Il créa ainsi l’ordre de la jarretière qui est le plus élevé des ordres de chevalerie britanniques le 23 avril 1348 le jour de la Saint-Georges, en pleine guerre de cent ans. (Chacun ses urgences…)
Mais revenons à notre visite; l’accès au Castillo se fait normalement depuis la route en traversant un parc qui abrite aussi un (ou des…) cimetières. Comme souvent dans ces régions, il ne s’agit pas de lieux austères: les oiseaux et les fleurs se disputent les palmes de la couleur.
Après 10 minutes de marche agréable sous le couvert ombragé, on arrive à l’entrée du Castillo, défendue par un pont levis
Au premier plan, une descendante de Jeanne de Kent
La petite place forte s’organise autour d’une cour centrale, avec d’un côté la tour armée sur le cours d’eau, et de l’autre le donjon.
Vue du donjon depuis la tour armée
La même depuis le côté gauche.
La cour intérieure
La cour intérieure donne sur quelques salles: cuisine, réserves de munitions, dortoirs, et bien sûr l’inévitable accès aux cachots situés sous la tour armée; mais la basse lumière ne nous permet pas de vous offrir une vue sur ces charmantes demeures.
Un magasin de réserves
Tout autour, des petites fortifications et des tourelles avancées assuraient la première ligne de défense. Bon, pas besoin d’une grande échelle pour franchir les remparts, mais ça devait quand même retarder un peu les assaillants.
Et comme toujours, une petite vidéo vous permettra de bien appréhender le site de manière générale.
Le site, qui fut le premier port important du Guatémala, est classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
On va parler d’un sujet un peu moins léger. Mais on ne va pas se mentir, même ici au Guatémala, notre vie est rythmée par les nouvelles sur cette saleté et nous vivons avec un couvre-feu et de sérieuses restrictions de déplacement. Sans oublier que consulter tous les jours des chiffres de personnes décédées et y chercher l’espoir n’est pas très réjouissant.
Le but de ce billet est d’essayer de partager avec vous quelques éléments factuels,et d’aider chacun à mieux appréhender la situation. En toute modestie et sans donner de leçon à quiconque.
Et tout d’abord, rappelons que je ne suis pas médecin et encore moins épidémiologiste. je ne sais pas comment on soigne ce truc. Je ne sais pas d’où il vient exactement ni comment il va peut-être évoluer. Je ne suis pas conspirationiste et je ne pense pas qu’on nous cache les « vrais chiffres ». Je pense que chacun à son niveau, citoyen, soignant ou gouvernant fait ce qu’il peut avec ce qu’il a.
Je pense en revanche que les données sur cette maladie sont pour beaucoup accessibles. Et plutôt que de fantasmer ou de paniquer, de diffuser ou relayer toutes les bêtises et arnaques qui fleurissent sur les réseaux sociaux, je pense que chacun peut se servir de sa tête, pour essayer de mieux mesurer ce qui se passe, quels sont les risques, et pour qui.
Quand à moi, mon seul travail dans cette affaire est juste de collecter les infos là où elles se trouvent, de les recouper pour tenter de les fiabiliser, et en les regroupant ensemble, d’en tirer des conséquences chiffrées (et non fantasmées ou intuitives) pour savoir « à quoi on a affaire ».
Mon éducation (merci papa et maman, et quelques professeurs) me conduit à ne pas croire tous les « ma soeur qui connait le médecin du député », et à rechercher dans les médias sérieux (on raye facebook, whatsapp et twitter) des chiffres proches de la réalité du terrain. Et mon seul talent est de savoir modéliser tout ça pour essayer de voir les conclusions. Alors soyons clairs, tous les chiffres sont entachés d’une marge d’erreur, tous les résultats sont «faux», car nul ne saurait prédire l’avenir, mais au moins on essaye de quantifier.
Tout ceci sans jamais perdre de vue que nous parlons de drames, de personnes décédées et de familles en deuil…
Les chiffres connus et non contestables, sont la population française, et sa décomposition en classes d’âge.
Le second paramètre est la distribution des décès par classe d’âge. Les statistiques cumulées de 4 pays (Allemagne, France, Italie, Espagne), soit sur 25000 décès au total donnent les chiffres suivants qui sont à la fois graves et très importants. Ces chiffres valent pour l’europe et son système de santé, même si celui-ci a été mis à rude épreuve.
Le premier chiffre important est la mortalité du virus. On sait avec certitude que de très nombreux cas sont asymptomatiques, et donc que 60 à 80% des personnes infectées ne le sauront pas avant un test général de la population. Ce qui explique les taux de mortalité si divergents dans les médias selon les pays. Mais quand on cherche les résultats des études qui ont été menées en testant systématiquement un groupe de population pour le comparer au nombre de décès (corée du sud, allemagne), on trouve des taux de l’ordre de 0,5% de mortalité. La dernière étude allemande trouve même 0.37%, mais on va pas se précipiter sur un chiffre trop optimiste. Cela reste une première hypothèse qui pourra être révisée.
94% des décédés avaient plus de 60 ans
5% avaient entre 50 et 60 ans
1% des décédés avaient moins de 50 ans
Et pour le calcul, on peut dire que 0,1% avaient moins de 15 ans.
Enfin, dernière donnée d’hypothèse, l’immunité de groupe et la fin de l’épidémie sans vaccin nécessiteraient la contamination de 60% de la population, ce qui est énorme.
Avec ces 3 simples hypothèses, on peut tirer le tableau suivant:
Tout d’abord, gardons à l’esprit que c’est une simulation, un modèle mathématique ultra-simple, dans un cas improbable impliquant à la fois,le laissez-faire à la britannique et un système de santé qui garderait le taux de guérison actuel. la combinaison des 2 est impossible et espérons que nous n’en arriverons pas là. Mais que peut-on en déduire?
Cette maladie est fatale dans 1,17% de la population de plus de 60 ans. 182000 décès pour 15,5 million de personnes si on ne fait rien. C’est innaceptable, humainement, socialement.
Le taux de mortalité dans la population tombe à 2,3 pour mille entre 50 et 60 ans. C’est encore un risque fort, qui recouvre des réalités très diverses selon les pathologies présentes chez chaque personne (diabète, maladies vasculaires, obésité, etc…)
Ce taux plonge à 5,6 pour 100 000 chez les moins de 50 ans. En clair, 2000 décès, soit 50% de moins que sur les routes françaises (où ce sont les plus jeunes qui décèdent en majorité)
Tout ceci est à corriger des effets positifs ou négatifs propres à chaque personne, et qui restent sans doute pour certains à découvrir. Mais on peut en déduire 2 choses:
La sortie du confinement ne pourra pas se faire sans protection massive en direction des plus de 60 ans, et avec prudence pour ceux de plus de 50 ans, notamment avec des pathologies associées à risque.
Le risque en sortie de confinement pour les moins de 50 ans est comparable à celui des accidents de la route. Un risque qui ne fait plus peur à grand monde… pour rappel, 20 000 décès par an par accident domestique (bricolage, électrocution, chutes dans les escaliers, etc…), soit 10 fois plus. Il nécessite de la vigilance (comme sur la route ou dans la cuisine…), mais surtout pour retarder l’épidémie, ne pas charger les hopitaux, et protéger les plus faibles en attendant un vaccin ou une autre solution (sait-on jamais… )
Et même si les hypothèses sont à ajuster dans le futur, quand nous connaitrons mieux notre ennemi, les résultats chiffrés restent du même ordre de grandeur. Nos dirigeants sont parfaitement au courant de ces chiffres, n’en doutons pas, et leurs décisions dans les semaines à venir viseront à minorer cette catastrophe tout en permettant à l’économie de repartir.
Je n’oublie pas que ces chiffres recouvrent une réalité dramatique, que personne n’a envie de vivre. La mortalité fait partie de la vie; nous sommes en train de la redécouvrir. J’ignore la mortalité en voilier lors des traversées atlantiques, mais elle ne m’empêchera pas de reprendre la mer. Nous acceptons tous des risques, tous les jours. Celui-ci est nouveau, invisible, et donc il provoque des angoisses. c’est bien normal. J’espère que ce billet, à son niveau, vous aura permis de mieux asseoir votre perception de la situation.
La Azoéta, c’est le nom d’une ferme-musée-boutique-centre équestre au nord-ouest de la ville. Nous ignorions son existence jusqu’à ce que la petite française qui nous a servi de si bonnes tartes nous conseille de visiter l’endroit.
Un peu à l’écart du centre historique, nous avons compris que c’était à 5 minutes… à pied. Petite mésentente, il s’agissait de 5 minutes en touk-touk !ce que google maps nous suggérait, mais dans le doute, nous nous sommes lancés en piétons.
Outre la découverte du marché local (cf billet précédent), cela nous a permis de découvrir aussi l’autre Antigua. Un peu moins classe, un peu moins historique, un peu moins propre, mais c’est aussi comme cela qu’on prend le pouls d’un pays. Et puis disons-le, nous ne nous sommes pas non plus senti en insécurité. C’était en plein jour, il y a toujours un peu de voitures qui passent et les personnes sont les mêmes qu’en ville, les camelots et les mendiants en moins.
Et donc, si l’image emblématique d’Antigua, c’est ça:
L’arche de Santa Catalina, construite au XVIIème
Dans les faubourgs, pour se rendre à La Azotéa, c’est plutôt ça:
Bon, une bonne demi-heure de marche, ça dégourdit les jambes et l’altitude nous a évité les trop grosses chaleurs. Tout de même, bien contents d’arriver…
Et là, bonne surprise; bon, c’est payant (mais on était prévenus), mais il y a un petit musée sur la fabrication du café, on peut visiter la ferme et ses installations, une partie de la plantation, et une reconstitution des différents habitats locaux. Et pour finir, un petit musée de musique traditionnelle. Tout ça concentré en un seul site, ça vaut la peine de faire le détour.
La visite commence par le café: je vais pas vous faire wikipédia; mais on vous recommande le site (l’endroit, pas le site web 😜). Il y a de bonnes explications, en espagnol et en anglais, sur tout le process depuis la plantation dès caféiers, la récolte des baies après 3 ou 4 années de croissance du plant; ces baies sont comme des cerises et passent du vert au rouge, elles sont séchées à l’air libre puis torréfiées. Une image valant mille mots et une vidéo valant mille images, voici pour vos yeux plus que je ne saurais en dire. Vous pouvez découvrir la partie musée, avec les appareils historiques (nombreux et en état de marche), et la dynastie locale; puis ensuite, la cour extérieure en pleine activité, bien de nos jours. La torréfaction moderne est au fond de la cour à gauche, à côté de l’installation récente de lavage des baies. (celle tout de suite à gauche est l’ancienne)
Nous avons poursuivi la visite par une ballade au milieu des plants de café, des petits jeunes de l’année à ceux assez mûrs pour donner des baies. Nous y avons découvert un bâtiment qui doit devenir une « boutique-centre de formation-restaurant-hébergement » (ils ont beaucoup de projets… mais ça transpire de façon inégale).
Enfin, pour terminer cette partie en plein air, nous avons pu admirer les habitats traditionnels des peuples d’avant la colonisation, selon leur lieu de vie (iles, montagnes, plaines). Pour commencer la case traditionnelle dans les montagnes.
La petite case à gauche n’est pas la niche du chien; ce n’est pas non plus une maison pour les enfants… quoique… en fait elle servait notamment aux accouchements (je le jure, c’est pas de la provoc « antimetoo »). On a beau savoir qu’ici la taille moyenne c’est plutôt 140 à 150 cm, ça fait bizarre.
On poursuit avec les cases en bambou, habitat de plaines si ma mémoire est bonne (chuis pas anthropologue non plus…)
Pour finir par les toits en palme (la petite maison au fond, on dirait du chaume), qui me semble être un habitat plus insulaire. Maintenant, ceux qui veulent vérifier n’ont qu’à venir, dès que les vols seront rétablis et les frontières ouvertes. Débrouillez-vous, quoi.
L’excursion s’est finie par la « visite » du restaurant, tenu par un français. Ce qui nous a permis de déguster un foie gras au torchon local. Si si, c’est pas une blague. Quand on vous dit que c’est à recommander 👍 Mais on a pas fait de cheval. Faut pas exagérer avec les sports extrêmes dans les pays mal équipés en hôpitaux.
Vous vous souvenez sans doute d’Antigua. Une ile au nord de la Gwada, superbe quoiqu’anglophone, et munie des douaniers les plus c… de la planète (cf English Harbour en 2018). En tout cas de tous ceux qu’on a rencontrés.
Il s’agit d’autre chose… Cette fois nous parlons d’Antigua Guatemala; la capitale historique du pays. Bâtie par les colons espagnols (un compagnon de Cortès fut le premier gouverneur) dès 1524, elle fut florissante. Cathédrales, universités , palais du gouverneur, multiples couvents, elle est aujourd’hui classée au patrimoine mondial de l’Unesco.
Cette ville, blottie entre 3 volcans (actifs…) à 1500 m d’altitude, bénéficie d’un climat plus frais que les zones en plaine ou que la capitale actuelle, Guatemala city.
Elle suit un plan « hippodamien » (faut la placer dans la conversation celle-là), ce qui veut simplement dire que les rues sont à l’équerre… typique de la renaissance, des colonies, mais déjà bien avant des cités grecques puis romaines; ce qui est certain c’est qu’on peut pas confondre avec les circulades du Languedoc (souvenirs d’étudiant… cherchez donc un peu). Et spécialement pour vous, voici 3 étapes du développement de la ville au 16ème, 17 ème puis 18 ème siècle
Par la suite, le plan n’a plus beaucoup évolué. En effet, après un premier incendie causé par les indigènes en 1527, suivi de tremblements de terre et d’une avalanche en 1541, (quel beau départ), la capitale a subi d’innombrables séismes, rebâtie à chaque fois par ses habitants; mais en 1773, un séisme plus fort que les autres finit de convaincre le gouvernement de quitter les lieux. Depuis la ville est devenue un haut lieu de culture et de tourisme, mélange curieux de bâtiments laissés en ruines, d’autres rebâtis ou transformés en musées ou bien détournés de leur mission première.
L’impression générale est de se promener dans une ville figée au XVIII ème siècle. N’était-ce quelques rares voitures qui passent dans les rues essentiellement livrées aux piétons, le centre historique, structuré autour de la playa mayor, est une succession de bâtiments coloniaux, d’échoppes andalouses où l’on entre par des porches ombragés, de ruines plus ou moins sécurisées et d’innombrables lieux de cultes, ouverts ou pas, reconstruits ou pas, désacralisés ou pas. Et tout cas sans le moindre sentiment d’insécurité, mais sans présence policière excessive. Un vrai plaisir…
Pour vous donner un premier exemple, voici quelques photos de l’Hotel-muséo-spa casa Santo Dominguo. Un ancien couvent rebâti et reconverti en hotel de luxe. Ha oui, on oubliait de vous dire,ici tout ou presque est en accès libre: hôtels, écoles, églises, bâtiments administratifs, vous pouvez entrer presque partout (parfois en demandant poliment quand même… c’est pas interdit). Sauf bien sûr les musées ou bâtiments remarquables mais inoccupés dont la visite est payante. Voici donc la casa Santo Domingo:
L’ancienne cour intérieure du couventLa fontaine restauréeLes ruines de la cuisine du couventLes ruines de l’église devenus centre de conférence à ciel ouvertL’oeuvre d’art en mémoire du clocherL’accès au musée du chocolat à l’intérieur de la cour de l’hotel
Vous commencez à comprendre? On vous a pas pris en photo la piscine, le hall de l’hotel ou les chambres, mais faut imaginer quelque chose comme ça:
Nous avons passé une journée dans la ville début juillet 2019 en compagnie de Bruno juste avant de rentrer en France et ça nous a tellement plu qu’on y est retournés 3 jours cette année fin février en arrivant au Guatémala. Peu avant le Coronavirus…
Poursuivons,la visite avec la cathédrale San José qui fut une des plus grandes des amériques avec pas moins de 5 nefs et 18 chapelles latérales, construite sur 2 niveaux. Le tremblement de terre de 1773 lui a donné le coup de grâce, mais il avait été précédé par ceux de 1669 et du 16 ème siècle, puis suivis par ceux de 1874, 1918 et 1976. Aujourd’hui une église a été remise en service dans une petite aile de l’ancienne cathédrale, mais l’essentiel est en ruines; jugez plutôt:
Le parvis extérieurEt l’intérieur…Il manque des tuiles, c’est certainLe porche entre la cathédrale et le couvent intérieur adjacentLes blocs effondrés à l’entrée
Un autre exemple typique d’architecture locale: un collège (il y en a beaucoup, et les enfants ont l’uniforme de l’école) en l’occurence, il s’agit du centre de coopération espagnol (réhabilité), accolé aux ruines de la compagnie de Jésus et du couvent restauré de la compagnie de jésus.
Le parvis extérieur, face aux ruines. à droite l’école La cour intérieure de l’écoleLes jardins attenants
Juste à côté, une autre église, laissée en ruines tout juste consolidées pour éviter les accidents et utilisée comme centre de formation pour les métiers de l’artisanat (soudure, électricité, plomberie, travail du bois).
Le porche d’accès…Et l’intérieur…Attention, ça tourne,
Bon, y a pas que des ruines. On trouve aussi, juste à côté … des ruines de l’église El carmen… 😂
… non sans rire, voici une petite visite du marché artisanal qui a été installé dans l’ancien couvent attenant à l’église.
Je sais, ça peut donner un peu le mal de mer.
Pour continuer la visite, je vous propose de prendre une pause dans le petit café que nous avons déniché, tenu par une française et qui nous a sorti des tartes au citron exceptionnelles.
Une peu plus loin du centre, nous avons découvert un petit ensemble réunissant un musée du chocolat et un musée de musique. Cette visite à elle seule méritera un autre billet de blog. Mais en chemin, nous sommes tombés par hasard sur le marché local. Quand on passe sur l’avenue à côté, ça paye pas de mine. Mais quand on entre, on se rend vite compte que l’endroit est immense; la seule partie marché couvert doit couvrir déjà 2 stades de foot. Sans compter les rangées d’étal à l’extérieur. Et dedans on trouve de tout: des fruits côtoient les étoffes, le bazar à 10 sous voisine avec la poissonnerie, les objets en cuir débordent sur les bijoux, tout ça dans un sympathique capharnaüm. Et spécial pour vous, petite visite en immersion:
Au retour, visite de l’ancien couvent de la recoleccion, entrée payante et en ruines. Là aussi, endroit superbe, figé dans le temps, comme au lendemain du tremblement de terre.
En revenant vers le centre ville, petit tour à la Merced, (comprendre, « la miséricorde » si j’ai bien compris), établissement local des jésuites. église « ultra-baroque de style guatémaltèque », en assez bon état. Détruite, reconstruite, détruite, reconstruite, ad libitum… toujours en cours depuis 1976.
A l’intérieur Un « tifo » local vu dans l’église, sans doute pour favoriser les récoltes. A côté, la cour de l’ancien hébergement des jésuites, avec la fameuse fontaine à poissonsVu d’en basLa vue depuis le toit du monastère
Enfin, pour terminer ce billet, voici quelques bus locaux. Dédiés pour l’essentiel,au ramassage scolaire, ils sont tous plus chamarrés les uns que les autres, et je suis certain qu’aucun ne passe le contrôle anti-pollution.
Voilà pour cette petite visite d’Antigua, qui vous aura peut-être distraits quelques minutes de votre quotidien-finement.