Nous sommes partis aux aurores de Holbox (comprendre 9 heures & on en a pour 5 à 7 jours, y’a pas le feu). Bon vent de sud-est et Manoir est parti pleine balle vers la Floride (où nous n’iront pas). Première nuit avec vent soutenu entre 15 et 20 nœuds. Avec la vitesse de Manoir autour de 8, ça fait de l’air en vent apparemment (ou ressenti si vous préférez), mais tout ça sans soucis.
Deuxième journée, le vent est tombé vers 14 heures, nous contraignant à progresser doucement au moteur (pétole, moins de 4 nœuds de vent; navigation sur un lac, moteur à 1400 tours, dessal en route pour refaire le plein et 5 petits nœuds de vitesse). Vers minuit, le vent devrait revenir par le sud, assez soutenu (15 nœuds), ce qui va nous permettre de jouer un bon coup. Une trajectoire de fuite vers le nord est, vent à 120° du bateau, donc grosse vitesse et peu de gite, et le golf stream (qui sera à son max, 3 à 4 nœuds de courant vers le sud-est) va nous rabattre vers le sud. Le résultat devrait avoisiner les 9 voire 10 nœuds quasiment plein est. Bref, cette navigation démarre bien. C’est bien plus plaisant que de revenir de Curaçao vers Granade.
Et puis grande nouveauté, Manoir accueille du monde à bord. Des équipiers d’un nouveau genre. On a bien sur des visites de dauphins tous les jours, mais ce sui est nouveau c’est de nombreux oiseaux se posent sur le bateau. On a toujours eu des compagnons: des oiseaux de mer qui suivent le bateau et pêchent autour de nous. Mais là, est-ce à cause du roof rigide, mais les petits oiseaux nous prennent comme abri pour la nuit. Hier soir, trois hirondelles ont dormi à bord: 2 sur un winch de pont et le troisième blotti sur les cordages . Dans la journée, une sorte de petit héron a passé du temps sur le pont. et ce soir, c’est un canari (ou en tout cas qui y ressemble) qui a élu domicile à l’intérieur. Il se laisse même approcher de très et s’est déjà posé sur le capitaine. Le coucher du soleil est pour dans une demi-heure et d’autres hirondelles arrivent. On avait jamais vu ça, mais c’est sympa.
Un peu de ménage le matin en plus, on a perdu notre canne à pêche le premier jour (un support mal resserré par le chantier qui a basculé), mais on a remonté une traine et on tente notre chance. Pour le moment on ramène de la sargasse et le pitaine a récupéré un poisson volant dans l’annexe qui marine pour l’apéro.
Bon, nous en étions restés aux Colson Cays près de la sortie du Belize. Nous sommes ensuite passés par Isla Mujeres (l’ile des femmes), porte d’entrée principale pour cette région du Mexique .
En fait, c’est une ile située juste en face de Cancun. De ce fait, la baie est envahie tous les jours à partir du début d’après-midi par le public déversé par les ferries et des catamarans « promène-couillon » qui viennent du continent et proposent excursion « à la voile » ( y a 3 miles à faire…), picole à volonté, et « visite » de l’ile en 3 heures. Celle-ci est coupée en 2: Au nord, la partie touristique avec une rue piétonne, très commerçante, animée en diable, bruyante et pleine de gringos. Au sud, la partie plus « normale », avec les habitations, les commerces d’usage, et l’aérodrome.
On va pas se mentir, c’est pas notre lieu de rêve. La baie est encombrée, les véhicules nautiques de toute taille passent en tous sens, il y a peu de sujets de baignade ou de visite authentique. Le séjour s’est donc limité aux retrouvailles avec des amis (Makani, Sirah et Fredoya surtout); 2 soirées à terre (le soir, les touristes sont repartis et le centre touristique redevient fréquentable).
3 jours plus tard (un joint spi changé sur le vérin de pataras, un autre sur un winch électrique, VHF portable réparée, etc…nous avons repris la mer pour une navigation express (57 miles en 6h30, on perd pas la main), nous rejoignons Holbox, ou Anita et Alain de Makani nous on précédé.
Holbox, c’est une ile collée à la péninsule du Yucatan, à 100km de Cancun vers le Nord-ouest. on nous avait dit: « c’est très sauvage, y a peu de réseau, pas beaucoup de commerce, mais très sympa avec de la musique dans les rues le soir »
Bon, nous on a trouvé la description un peu erronée. Mais, mais, mais… pas déçus du tout. Mais alors, pas du tout.
Bon, la musique le soir dans les rues, on a pas vu autre chose que des bars qui diffusent leur sono ou quelques-uns qui ont un peu de chanteurs live, mais rien d’exceptionnel.
En revanche, pour le côté peu de commerces, on vous laisse voir:
On vous montre pas les supérettes, mais y a aussi.
En ce qui concerne les hotels, nombreux en front de mer sur la plage Nord, voici un petit aperçu:
En clair, c’est le top, pas toujours bon marché (!) 😎, mais très souvent de bon goût, donnant sur la plage, piscine intérieure en sus, souvent centre de loisirs nautiques ou spas et soins… pas vraiment le côté rustique (mais on trouve aussi), mais qui donne des idées et des envies.
Mais Holbox, c’est aussi une nature superbe et une zone naturelle préservée. Située pour l’essentiel au nord de l’ile, on y parvient rapidement à la sortie de la zone touristique A partir de là, c’est marche obligatoire, et ça vaut le coup.
Le point bleu, c’est manoir au mouillage
Les paysages le long du littoral sont extraordinaires, parfois lunaires, parfois poétiques, et (ce qui n’est pas si fréquent), quasiment exempts de pollution
Il n’y a pas que des natures mortes, on croise aussi une jolie faune.
Petit bonus, outre des coquillages en nombre qui viendront grossir les réserves créatives de Cathy, nous avons trouvé une carapace de limule; c’est un crustacé, véritable fossile vivant qui existe depuis plus de 450 millions d’années et qui se reproduit dans la zone. Appelée localement « Cucaracha di mare »…
Pour le moment, la carapace a rejoint Manoir sans se briser.
Et pour la fin, 2 vidéos des 2 pointes, sud et nord de l’ile: à vous de choisir celle que vous préférez, mais nous on a notre favorite.
Côté SudEt côté Nord.
Demain matin, nous reprenons la route. On aurait bien flânė encore quelques jours ici, tant le site nous a plu, mais un fenêtre météo favorable s’ouvre pour contourner Cuba par le Nord et nous rapprocher un bon coup de Saint-Martin ou notre premier équipier (fafat) doit nous rejoindre le 8 mai pour attaquer le gros morceau. Nous mettons donc les voiles pour une petite semaine. Vous pouvez nous suivre sur Konectis.
On savait que notre GV (grand voile) était fatiguée. On espérait quand même faire le retour avec elle et ne pas avoir besoin de la nouvelle, expédiée par cargo au Guatémala, et qui dormait paisiblement au fond de la cabine « invités ».
Mais après 4 heures de navigation un peu musclée, d’un coup d’un seul…
On a poursuivi comme ça, mais 2 heures plus tard, à l’arrivée dans la baie de New Heaven, on en était déjà là:
On a donc fait une escale d’une demi-journée pour tomber cette voile, la vampiriser (toutes les pièces peuvent servir) et monter la nouvelle.
Faut croire qu’elle marche bien aussi, car quelques jours plus tard, voici ce que Manoir nous a sorti pour remonter jusqu’au Mexique.
Enfin partis de Fronteras et des marinas, (après un petit faux départ et un nettoyage du calorstat et de l’échangeur du moteur), nous avons fait escale à Cayo Quemado, aussi nommée Texan Bay. Une nuit dans un havre de paix, avant de nous diriger vers Livingston pour sortir du pays. L’occasion de découvrir une autre facette de cette nature sauvage.
La baie de Cayo Quemado et Manoir dans le mouchoir de poche.
Un petit tour dans la baie en annexe nous a permis de découvrir la faune locale, et notamment ces oiseaux qui marchent sur les nénuphars. L’histoire de Jésus, mais en mieux, avec des preuves.
Et si tu bouges, il court…
Le lendemain matin, levés tôt et directions Livingston via le Rio Dulce et la partie encaissée entre les falaises. Ici, pas question de mettre les voiles et vous allez comprendre pourquoi.
2 petites heures de navigation avant de retrouver Livingston et la procédure de sortie du territoire.
Non, je ne parle pas de Raul et des papiers et visas. Je parle de çà, et de l’antifouling tout neuf sur la quille qui est resté au Guatémala. Seule différence avec l’entrée, le capitaine ne voulait pas qu’on lui n… une drisse ou une poulie, et il a donc installé solidement un bout en haut du mat pour donner à la lancha qui fait giter Manoir. Et comme à l’entrée, le bout de traction a cassé au bout de 1 min. Mais c’est mieux comme ça. Le fusible, c’est leur amarre, pas les taquets de Manoir.
La remontée le long du Belize s’est faite en plusieurs jours. Un épisode de vent du nord nous intimait de patienter. Mais patienter ne veut pas dire renoncer, ni rester immobiles.
Nous avons donc choisi de remonter 2 journées de suite, d’abord de New Heaven à Placensia, puis de Placensia aux Colson cays. A chaque fois, vent 💨 et courant quasiment de face, mais dans le couloir à l’intérieur de la barrière de corail donc avec un vent moins fort qu’au large et une mer 🌊 moins formée…mais cela signifie tout de même de faire du tricot 🧶 :une maille à l’endroit, une maille à l’envers… en gros un virement toutes les 2 heures, car le couloir n’est pas très large.
Mais c’est aussi dans ces conditions que Manoir fait valoir ses qualités de quillard de course-croisière. On remonte aisément à plus de 45° du vent et la dérive est faible, limitée au courant de face. Pour vous en rendre compte, regardez les trajectoires sur Konectis.
Enfin, la fenêtre météo s’est ré-ouverte, avec un épisode annoncé de vent de nord-est, virant progressivement à l’est. Mais avant de s’élancer vers le nord pour un run de près de 300 miles, l’équipage a décidé de s’octroyer toute une journée au mouillage aux Colson cays.
Au programme, plongée et redécouverte des fonds marins. Et c’est toujours aussi sublime.
En vidéo, c’est toujours aussi plaisant, avec des rencontres inopinées et halieutiques.
Et cerise sur le gateau, la découverte d’un requin nourrice, planqué sous un rocher et roupillant pour la journée. Un bon petit mètre de long.
Et puis, vous nous connaissez ! On aime les fonds, mais on apprécie aussi de faire quelques prélèvements plus gustatifs. C’est rapidement chose faite avec 2 poissons anges (tirés au fusil), puis 2 langoustes (attrapées à la main car l’élastique du fusil à rendu l’âme); et pour finir, un gros poisson lion, embroché à la force du poignet. Celui-là on le prend pas à la main car ses épines sont empoisonnées. Mais c’est une excellente rascasse 😋, et il faut en pêcher le plus possible car c’est un intrus dans la caraibe, sans prédateur, et qui déséquilibre les écosystèmes.
2 pêcheurs voisins sont venus nous saluer et nous ont vendu 4 langoustes de plus pour 10$… Les menus pour la remontée vers le Mexique vont pas être difficiles à établir. Il a juste fallu cuire et préparer tout ça avant le soir pour décaler le lendemain matin à l’aube.
Direction Isla Mujeres, face à Cancun avec une belle chevauchée en perspective.
1er avril… mais non, ce n’est pas une blague. Nous avons quitté Cayo Quemado ce matin. A 9h nous étions au poste frontière pour les formalités et à 10h, la « procédure » de sortie du rio avec les 2 lanchas (une pour tirer, une pour pencher) a démarré. Marée coefficient 112; plus, on ne peut pas…
Et comme à l’aller, l’amarre de traine à laché en cours de route, mais sans trop de conséquences. Comme prévu, il n’y a plus d’antifouling sur le bord tribord de la quille, ni sous l’arrête du safran. Mais le mat est intact (le capitaine avait prévu le coup et attaché solidement un bout au sommet qui ne sollicite ni poulie ni aucune pièce du mat. Du coup faut remonter pour la démonter ce soir…)
Après 3 heures de voile sous trinquette et 2 ris (on y va mollo,pour reprendre nos marques et nos réglages), nous sommes à l’abri sous le cabo très puntas. Devant nous, 2 jours de pluie et de vent du nord, alors on va laisser passer gentiment et prendre ensuite la route du Mexique avec des vents plus favorables.
Pas d’images ni de films pour le moment, (réseau faible) mais on vous mijote quelques trucs.
A bientôt. 🏝
Post scriptum: et devinez qui nous a accueillis à Très Puntas? Des dauphins, aussi heureux que nous de se revoir.
Amateurs de couchers de soleil, passez votre chemin. Nous allons parler ici un peu de technique et d’entretien.
Le Guatémala est un pays a faible pouvoir d’achat. Les salaires y sont peu élevés (10 à 20 € par jours sont déjà bien). Forcément, pour certains la vie n’est pas facile, mais le pire est encore de ne pas avoir de travail. Ceux qui vivent autour du rio Dulce ne sont pas les plus mal lotis. La présence de « gringos » (comprendre touristes ou américains, selon l’humeur) apporte un peu plus de travail et d’échanges économiques que dans d’autres régions plus reculées.
Pour ce qui nous concerne, cette différence de pouvoir d’achat nous permet de profiter des plaisirs locaux, notamment alimentaires et liquides. Mais aussi de faire travailler les corps d’états techniques.
Nous vous avons déjà parlé de la mue de Manoir, mais nous avons voulu aller plus loin. Revenus au Rio le 3 mars, nous avons commencé la préparation de Manoir avant la remise à l’eau. Mais plutôt que de faire un « simple » carénage, le capitaine a réalisé un vieux fantasme, très onéreux en France mais abordable ici. Un sablage complet de la coque, qui permet de revenir ā nu de la coque originelle. Le but est de repartir sur un revêtement neuf (primaire + antifouling), avec des produits connus; c’est la garantie pour les années suivantes d’une bonne compatibilité chimique entre ancien et nouveau produit. C’est la promesse d’une coque lisse et qui glisse mieux dans l’eau. Nombre de batailles navales ont été perdues par des flottes supérieures en nombre qui n’avaient pu caréner leurs coques avant l’engagement.
Voici l’état de la coque avant les travaux
Puis les travaux de sablage. On reconnait tout de suite le caractère « manouche » de Manoir pendant les opérations.
Au passage, on découvre des impacts avec des OFNI à l’étrave qui méritent réparation. Mais quille et safran sont en bon état.
Après sablage et ponçage à la main, la coque est blanche et douce comme une peau de bébé.
Ensuite, 2 couches de primaire epoxy, suivies de 2 couches d’antifouling (noir, semi-érodable), et Manoir retrouve sa livrée. Pour faire bon poids, un polish général de la coque (ponçage à l’eau puis polish à la machine), et le brillant ressort bien. Et enfin, comme les autocollants de l’étrave commençaient a dire leur âge (9 ans quand même), on en pose de nouveaux.
Enfin, pendant qu’un mécano local fait les vidanges et les filtres, le pitaine fait un sort à l’hélice. Tous les 3 ou 4 ans, un bon démontage, vérification, nettoyage, graissage et remontage. Au moins on sait sur quoi on part, et on supprime le peu de jeu qu’il y avait dans la liaison sail-drive hélice. Et puis c’est joli une hélice bien brossée non?
Avant de repartir de France, sachant que les coussins du carré commençaient aussi à dire leur âge (la suédine c’est sympa, mais ça vieillit…), notre ami Nery nous a refait tous les coussins, avec une qualité de travail saluée par tous.
Enfin, c’est le grand jour, et Manoir rejoint enfin l’eau, avec au passage le baptême du drone qui n’avait pas pu voler à Tikal pour cause d’interdiction.
Après tout cela, notre bien-aimé Tristan est revenu nous bâcher Manoir 4 jours (décidément, c’est l’année manouche…) pour effectuer quelques retouches de peinture qu’il jugeait (à juste titre) nécessaires. Puis Manoir a tenté de prendre la route dimanche 28 mars, mais une alarme moteur nous a rapidement conduits à faire demi-tour ! rien de grave, mais le calorstat était bien pris dans le sel, ce qui entravait forcément son bon fonctionnement. Au passage, vérification et nettoyage de l’échangeur.
Au démontage
Prêt à remonter: notez le joint découpé à la main
Résultat, ce jour, mercredi 31 mars, nous avons finalement quitté Nanajuanna, nos amis Daniel et Véro, ainsi que tous ceux qui ont bien voulu nous adresser leurs voeux de bon vent. Ce soir, Manoir dormira à Cayo Quemado, et demain, si tout va bien, sortie à Livingston.
Après cette belle année Covid (qui n’est pas encore finie), nous sommes revenus au Rio Dulce. Objectif, préparer Manoir pour la remise à l’eau et une transat retour qui doit nous ramener en Méditerranée. Mais nous y reviendrons…
Pour le moment, en attendant les marées d’équinoxe plus favorables pour sortir le bateau, nous avons profité d’un peu de détente dans notre planning et dans les restrictions sanitaires pour visiter enfin le site de Tikal. Petite expédition de 3 journées: une pour y aller (bus collectivo de 5 heures jusqu’à Flores, puis taxi durant une heure trente car loupé le dernier bus local). A l’arrivée, chambres réservées au jungle lodge pour 2 nuits, bel établissement situé à l’intérieur du parc. La garantie de s’endormir au milieu de la jungle et de ses habitants, et de pouvoir librement visiter toute une journée le site archéologique.
Et effectivement, dès notre arrivée, nous sommes confrontés à diverses populations:
Juste au dessus de la piscine, un groupe passe:
Puis un autre, qui nous fait la démonstration de son agilité: ce sont des singes araignées, à ne pas confondre avec les hurleurs; ceux-là sont plus agréables comme voisins.
La faune est riche et diverse. Nous aurons la chance de voir des Toucans, des dindons (comme dans Astérix), des porcs-sangliers, des perroquets, des singes hurleurs (ceux-là on les entend de loin), des pics (pajaro carpintero) et plusieurs autres pas forcément identifiés.
Le lendemain matin, après une bonne nuit de sommeil, nous mettons les chaussures de marche; et c’est parti pour 8 heures de déambulation parmi les ruines. Après une petite demi-heure d’approche, le site nous apparait dans toute sa splendeur.
Afin de vous donner une idée des dimensions du site, voici la fresque vue dans le hall du jungle lodge. De gauche à droite, comptez 2 km.
Pour vous la faire courte (je renvoie ceux qui veulent s’instruire vers wikipédia dont la page est très bien faite), Tikal fut une cité majeure de l’empire Maya. Créée au moins 2000 ans avant notre ère et occupée jusqu’en 900 et le déclin de l’empire, elle fut longtemps la capitale.
À l’apogée, vers l’an 700, elle devait compter entre 50 et 100000 habitants. Les monuments et bâtiments restaurés représentent sans doute moins de 10% des ruines encore présentes, sans compter les bâtiments qui ont été volontairement rasés; les mayas et leurs voisins n’étaient pas forcément les pacifistes béats que l’on imagine…
Alors une image valant 1000 mots, voici juste nos meilleures photos et vidéos sur place:
Au pied du temple du grand Jaguar dès notre arrivéeLa place centrale vue depuis l’acropole sudLa pyramide de l’est et ses stèlesLe Palacio de la VentanasLa « petite » pyramide du monde perduDécouverte du temple au sommetLa grande, vue du sud…Puis vue du nord, avec l’escalier qui permet de la gravirVue depuis le sommet de la grande. Les 3 jeux de balle (jeu de paume?) uniques en Amérique centrale. Les 7 temples. Le temple n°5L’acropole centre. Le temple 6, encore en partie à restaurerLe palacio de la Acanaduras – extérieurEt vu de l’intérieur…Le temple du jaguar au coucher du soleil
Et pour vous donner une idée, voici l’état du site lors de leur redécouverte en 1848. Le colonel Modesto Mendez a du halluciner…
Outre les monuments, on trouve aussi de nombreuses stèles: soit des dalles verticales, soit des « poufs » en pierre sculptés, ainsi que de très nombreux bas-reliefs sculptés sur les bâtiments. Petit florilège:
Un homme-oiseau
Et puis Tikal, c’est aussi une nature exubérante:
Si si, c’est un arbre… mort.
Pour finir cette escapade entre 2 séquences de rénovation du Manoir, nous avons fait étape sur l’ile de Florès, sur le lac Lago Peten Itza.
Lago Peten a hauteur du village d’El Remate
Petite ile reliée par un pont à la terre, reste d’une antique cité maya complètement disparue, et petit bijou de ruelles colorées, écrasées de chaleur (et nous ne sommes qu’au mois de mars!!!…). Avec le covid, c’est désert, et nous sommes « welcome » partout avec des gens qui nous remercient de venir leur permettre de travailler un peu avec le tourisme. Souhaitons leur de redémarrer rapidement.
Et pour vous rappeler que tout le monde a ses soucis, Covid ou pas Covid, voici une variante des fables de la Fontaine.
Arrivés à l’été 2019 au rio Dulce (prononcer rrrio doulsé 😜 n’est-ce pas Anna?…), nous avons découvert une base « technique » intéressante. Bon, pour réparer les moteurs, faut se méfier et faire un peu attention à qui on fait appel (n’est-ce pas Bruno…🧐), mais pour les travaux de peinture, réparations de coque, modifications et adaptations diverses, il y a toutes les compétences possibles, que ce soit pour le métal ou les fibres et résines
On travaille parfois avec les moyens du bord, les produits disponibles ne sont pas toujours les mêmes qu’en France, le niveau de sécurité pour les ouvriers est apprécié au cas par cas, mais les capacités techniques et la débrouillardise compensent tout cela.
Dès les premiers jours, nous avions fait la connaissance de Tristan; un (encore) jeune français, installé depuis quelques années après un précédent passage au Mexique. Bruno lui a rapidement confié des travaux de réparation d’un safran et d’un quillon qui avaient souffert d’une manoeuvre malheureuse à Union (Grenadines). Et de fil en aiguille, coque et pont ont été largement rénovés et So Far So Good est reparti rajeuni de 10 ans.
De notre côté nous étions lassés de recoudre régulièrement les coutures des fermetures éclair de notre grande capote. Si celle-ci était bien agréable pour nous protéger du soleil, force est de constater qu’au bout de seulement 4 ans, le fil « spécial UV » du fabriquant (NV équipement pour ne pas le nommer) rendait l’âme de tous les côtés. De plus les fermetures éclair les plus sollicitées recommençaient à perdre quelques dents, ce qui ne facilite pas les ouvertures et fermetures en urgence.
Le tarif prohibitif de cette société (4000 € juste pour changer les toiles) nous faisait beaucoup hésiter à faire un second renouvellement de toile seulement 4 ans après le précédent.
L’idée avait donc germé dans nos esprits de remplacer cette structure en toile et tubes par une vraie casquette rigide. Outre l’avantage de la robustesse, on améliore grandement l’abri pendant les longues navigations, et il serait possible occasionnellement de monter « sur le toit » pour travailler sur la voile ou les bosses de ris. Quand au caractère « rabatable » de la capote en toile, force est de constater au bout de 3 ans qu’on ne l’utilise jamais, car on s’abrite toujours de quelque chose: pluie ou soleil…
Mais le budget d’un tel objet en métropole……… comme c’est forcément du sur-mesure et que le moule a peu de chance d’être réutilisé, n’importe quel chantier naval nous aurait construit ça pour un minimum de 30 000€… pas vraiment accessible ! A moins de se contenter d’une structure façon « tourelle de char d’assaut », comme on en voit souvent sur les pontons. Mais nous, on est chiants; on veut beau, utile, et pas trop cher siouplait… 😜
Mais au Guatémala, la main d’oeuvre est moins chère. Et puis Tristan a travaillé plus jeune en France à la construction et la mise au point de bateaux de compétition (que des « one-off » et du sur-mesure); et puis, le challenge l’a tenté, et nous avons rapidement trouvé un terrain d’entente. Un budget de 60000 quetzals (environ 7000 €), et charge à nous de ramener les vitres en plexiglass marine de 10mm introuvables sur place.
Pour mémoire, Manoir avant les travaux, c’était ça:
Depuis l’extérieur…Depuis l’intérieur
La vitre avant pouvait s’ouvrir et se rouler. Et Naty (maman de Luke) avait fabriqué des « ailes » en sunbrella cousues sur les côtés qui amélioraient un peu la protection latérale. Visibilité correcte à travers les vitres, surtout quand on vient de les laver…
Le projet, le voici… (on ne rit pas…). En vert, les vitres, en rouge les montants, et en bleu les aérations.
Bon, en cours de route, le pitaine a quand même dressé quelques profils et vues en coupes, mais Tristan a sa propre manière de travailler, moins « mathématique » et plus « pratique » et les discussions ont été longues, nombreuses, pas toujours simples, mais au final fructueuses.
Le travail a démarré par la prise de côtes sur Manoir complètement déshabillé de son ancienne capote.
Manoir à poil
Et tout d’abord, présentation de l’atelier. On est au Guatémala, donc autant vous dire qu’on ne parle pas d’un laboratoire « salle blanche ». Pour le contrôle des températures, de l’humidité, on va faire au mieux. L’atelier est installé sous la nacelle d’un gros catamaran, (Grace) dont Tristan est le boat captain; là, on est à l’abri de la pluie, mais pas toujours de la poussière et du vent. Et puis, c’est bien rangé… 😂
Ensuite, construction du moule en contreplaqué fin sur structure en tasseaux « costauds ». Peut-etre la partie la plus longue, avec de nombreux aller-retours entre le chantier et Manoir pour vérifier les largeurs, hauteurs, courbes, etc… On commence par le toit, dont les formes et les arrondis sont essentiels pour nous. Le style, le design, ça compte…
Puis les formes du pare-brise avant, encore un peu plus complexe.
Et surtout les arrondis avant:
Ensuite, le moule a été complètement recouvert d’un « glaçage » qui permettra au final un démoulage nickel. Puis l’ensemble du moule a été recouvert d’une couche de gel-coat qui sera, après démoulage, la face visible à l’intérieur du cockpit.
On poursuit avec l’application de plusieurs couches de résines, tissus de fibre de verre, tissés ou pas selon les couches, avec dès le début des zones plus renforcées qui permettront de percer la structure pour installer les vitres.
Cette fois, « l’objet » est prêt, et Tristan et son équipe doivent le démouler. L’opération se passe bien, et le bébé est accouché sans douleur. A vous de deviner quel est le moule, quel est le projet
Entretemps, nous avons approché Manoir au quai le plus facile d’accès. En l’absence de camion, de grue, de treuil et de tout ce qui aurait pu faciliter l’approche… et bien on en revient à la marche, au portage. et le trajet n’est pas facile.
Et enfin, le bébé rejoint sa place, sur Manoir qui attendait depuis de longues semaines ce complément indispensable.
De la première photo de dépose (novembre), à la pose ci-dessus, 4 bons mois se sont déjà passés, durant lesquels le pitaine a été présent au démarrage, puis absent pour les fêtes en métropole, puis à nouveau en couple à suivre les travaux à partir de début mars à la marina. Et le covid arriva…… 🙃🤬😤🥺
Après quelques semaines de coupure et de couvre-feu quasi intégral (black-out complet à partir de 16h), Tristan et son équipe ont pu reprendre doucement les travaux, avec beaucoup de contraintes d’horaires, de protection des autres bateaux vis-à-vis des poussières (et oui, on mastique, on ponce, on mastique, on ponce, on mastique,… mais vous avez compris… )
Commence alors notre longue vie de « gitans », planqués sous les bâches pour protéger les travaux à toutes étapes (mastic, fibres, mastics, gel-coat, cire, etc…)
Mais à force de patience, de ruse et d’inventivité pour contourner couvre-feu et restrictions, les équipes de Tristan ont pu réaliser le revêtement final de la casquette, ainsi que les liaisons entre le pont et « l’objet »
Puis est venu le temps du traçage des ouvertures. Bien évidemment, entre le projet de départ et l’objet réalisé, aucune cote ne colle, et les débats avec Tristan ont été longs et passionnés; entre les soucis de robustesse de l’un (petites lucarnes) et l’envie d’ouverture de l’équipage (open space tout vitré…)
Après le traçage, le perçage, et la vérification de la solidité de l’ensemble après ouverture. On va,pas se mentir… grosse confiance. Surtout après la pose des vitres en,plexiglass de 10mm, qui contribue au final à raidir la structure.
Tristan en plein stress… tiendra? Tiendra pas?Tout percé. Notez le détail des gorges de pose des vitresLa pose des plexi après recoupePanneaux d’aération en plafond
Et enfin, après de longues semaines de patience et de nombreux travaux de finition (Tristan est très exigeant avec son propre travail), nous avons le plaisir de vous présenter le nouveau cockpit de Manoir, prêt pour de nouveaux océans.
Depuis l’intérieurEt depuis l’extérieur…
Bien sûr, à l’heure ou je vous écris, cela date un peu. Depuis juin 2020, Manoir est à terre au Rio Dulce et nous attend pour retrouver enfin son univers naturel et les grands espaces.
Rendez-vous est pris pour mars et les marées d’équinoxe afin de retrouver la mer Caraïbe et de retourner vers les Antilles. Objectif pour cet été: transat vers l’Europe et la Méditerranée pour naviguer enfin avec plus de liberté en attendant le retour à une vie sans Covid.